GENO - Appel Spécifique Génocides et violences de masse

Violences d'exception – Shatterzone

Résumé de soumission

Ce projet comparatiste s’intéresse aux logiques et aux mises en récit des violences génocidaire et infra-génocidaires au Caucase et au Turkestan (Asie centrale), durant cette longue Première Guerre mondiale (Greater War), allant du début des Guerres balkaniques (1912) aux années 1923/24, qui marquent l’émergence de nouveaux États modernes (République de Turquie et républiques d’Asie centrale soviétique). Ces deux grands ensembles régionaux, qui restent encore peu étudiés par les recherches occidentales sur la Premier conflit mondial comme par celles portant sur l’histoire du fait colonial et impérial, possèdent des caractéristiques communes : ils sont géographiquement situés à la confluence de grands empires continentaux (ottoman, russe, chinois, perse) ; ils connaissent politiquement une période de transition d’une extrême violence pour les populations civiles et militaires, passant d’une situation impériale et coloniale à des États ethno-nationaux fortement assimilateurs ; ils peuvent être pensés comme des théâtres périphériques et secondaires de la Grande Guerre dans le sens où ils constituent que partiellement des zones de front alors que leurs populations minoritaires bénéficient d’une faible intégration dans les armée impériales (elles échappent majoritairement à la conscription militaire pour servir dans des bataillons de travail) ; ils sont au cœur d’un phénomène milicien et paramilitaire fondamental dans la perpétration de crimes de masse.
Cette situation singulière donne lieu à des violences d’extermination, par leur caractère massif et intentionnel : outre le génocide des Arméniens, des massacres déciment une très grande partie des Grecs pontiques (Empire ottoman), des Assyro-chaldéens (Empire ottoman et Perse) et des Kara-kirghizes (Empire russe). Ainsi, ce projet se compose d’un volet principalement testimonial et documentaire : les historiographies étant nouvelles et modestes sur ces sujets, il convient d’entreprendre une recherche fondamentale de documentation et une collecte de sources primaires, qui seront analysés tant sur le fond, d’un point de vue historique (description des logiques de violence, des interactions entre les groupes ethniques et religieux, du rôle de l’État, de l’armée, des milices, etc.), que sur la forme. Comment témoigner et en quelle langue (langue du bourreau, de la victime, langue tierce) ? Avec quel lexique et vocabulaire, avec quel format (chant, poésie…) ? Comment ce récit circule-t-il ? Comment est-il traduit, édité, diffusé, reçu, peut-être détourné ? Ce projet se compose également d’un volet principalement réflexif et analytique qui vise, à la lumière des témoignages et des recherches entreprises en archives, à analyser le contexte d’émergence de ces violences exterminatrices, de leur mise en œuvre, de leur disparition progressive, des représailles qu’elles génèrent ou de leur(s) resurgissement(s) possible(s) à des périodes postérieures.
L’équipe est composée de 10 chercheurs, qui travaillent sur ces questions depuis longtemps.

Coordination du projet

Cloé Drieu (Centre d'Etudes Turques, Ottomanes, Balkaniques et Centrasiatiques)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

Cetobac Centre d'Etudes Turques, Ottomanes, Balkaniques et Centrasiatiques

Aide de l'ANR 149 796 euros
Début et durée du projet scientifique : septembre 2019 - 36 Mois

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