CE41 - Inégalités, discriminations, migrations

Classes moyennes, fiscalité et démocratie dans un monde globalisé – MIDDLECLASS

Classes moyennes, fiscalité et démocratie dans un monde globalisé

Ce projet de recherche mobilise les instruments de l’économie politique et de la théorie de la fiscalité optimale pour apporter un éclairage croisé sur le lien entre inégalités, migration et démocratie.

Redistribution, inégalités et populisme

Le volet 1 explore les modalités de redistribution des richesses, avec un focus particulier sur la charge fiscale pesant sur les classes moyennes. Le volet 2 a pour objectif d’estimer l’impact de l’évolution, à la fois réelle ou telle que relayée par les médias, du système socio-fiscal sur le vote d’extrême-droite. Cette analyse nous permettra d’éclairer la montée récente de l’extrême-droite chez les classes moyennes dans le monde occidental.

Dans le premier volet, nous cherchons tout d’abord à mesurer l’évolution des inégalités de revenus avant et après redistribution en France depuis le début du XXème siècle et à quantifier l’ampleur de la redistribution opérée par les prélèvements obligatoires et la dépense publique sur longue période.

Nous étudions ensuite comment la fiscalité affecte le comportement des ménages français les plus riches à travers deux analyses complémentaires. La première étudie comment la fiscalité influence la décision des plus hauts revenus de rester (ou non) sur le territoire national en fonction de leur niveau d’imposition. La seconde cherche à estimer l’impact des modalités d’imposition des plus riches sur l’offre de travail ou le recours à l’optimisation fiscale de ces derniers. Nous pourrons sur cette base déterminer le sommet de la « courbe de Laffer » des ménages les plus riches, c’est-à-dire calculer le taux d’imposition le plus élevé qui ne conduit pas à une destruction de richesse pure et simple dont pâtirait l’ensemble de la population Des taux observés inférieurs à ces taux imputés témoigneraient de marges de redistributions inexploitées, et donc de réformes fiscales potentielles qui pourraient être mobilisées pour redistribuer une partie du fardeau fiscal des classes moyennes vers les plus aisées. De telles réformes, compatibles avec l’efficacité économique, renforceraient également l’équité du système socio-fiscal.

La question qui se pose alors est celle de leur faisabilité politique. Nous explorons cette question dans un cadre théorique novateur permettant d'introduire le processus de décision politique dans un modèle de redistribution optimale des richesses, tout en tenant compte des possibilités de nomadisme des citoyens.

Dans le second volet, nous cherchons tout d’abord à mesurer l’effet de la fiscalité et de ses évolutions sur le vote d’extrême droite en France. Cette analyse permettra ensuite de mener une comparaison entre l’intensité des effets de la fiscalité sur le vote d’extrême-droite, d’une part, et l’impact estimé des déterminants socio-économiques mis en évidence dans la littérature, d’autre part, à savoir le chômage, l’exposition de la main d’œuvre peu qualifiée à la concurrence des pays à bas salaires, ou encore l’immigration.

A l’aide d’un modèle structurel de vote, nous mènerons une analyse contrefactuelle ayant pour objectif de quantifier l’impact sur le vote d’extrême droite de réformes fiscales qui viseraient à redistribuer une partie du fardeau fiscal des classes moyennes vers les classes plus aisées. Nous analyserons ensuite le rôle des médias, à la fois traditionnels (presse écrite, radio et télévision) et sociaux (à l’image de Twitter) dans l’évolution du vote d’extrême droite. Plus particulièrement, nous estimerons l’effet de la couverture médiatique des pratiques d’évasion et d’optimisation fiscales observées au niveau individuel (i.e., opérés par des individus ou des entreprises) sur le vote d’extrême droite.

Nous avons mesuré l’évolution des inégalités de revenus avant et après redistribution en France depuis le début du XXème siècle. Nous avons construit des séries de revenus après redistribution depuis 1900, décomposées par âge, impôts, et prestations sociales. Ces séries longues ont été obtenues en combinant comptes nationaux, données fiscales et données d’enquêtes, et en simulant l’intégralité du système socio-fiscal français à l’aide d’un modèle de micro-simulation. Grâce à ces nouvelles séries, nous avons pu quantifier l’ampleur de la redistribution opérée par les prélèvements obligatoires et la dépense publique au cours du siècle dernier et jusqu’à aujourd’hui.

Nous avons développé un cadre qui permet d’articuler la littérature sur la mesure des inégalités, d’une part, et l’approche de la taxation optimale sur le revenu, d’autre part. Le point de départ consiste à considérer l’importance de la notion de rang dans la distribution des revenus ou des richesses, et à introduire des poids sociaux fondés sur le rang dans la fonction de bien-être social. Sur cette base, nous avons développé des formules de taux marginaux d’imposition plus simples et plus intuitives, obtenu de nouveaux résultats de statique comparative, de nouvelles conditions permettant d’exclure ou non le phénomène de bunching, et produit des simulations de barème fiscaux.

Nous avons développé un cadre théorique permettant d’appréhender la notion de faisabilité politique d’un barème non-linéaire de taxation optimale incitatif. A cette fin, nous avons développé la notion de réforme fiscale monotone. Grâce à celle-ci, nous avons pu étendre le théorème de l’électeur médian à la question du vote sur des barèmes non-linéaires. Nous montrons en particulier qu’une réforme monotone diminuant l’imposition sur les agents les moins riches, dont l’électeur médian, en augmentant celle des plus riches, est politiquement réalisable. Symétriquement, une réforme monotone qui diminue l’imposition sur les agents les plus riches, dont l’électeur médian, et augmente cette des moins riches est politiquement réalisable. Fort de ces résultats théoriques, nous examinons de nombreuses réformes fiscales mises en œuvre dans les pays de l’OCDE et examinons si celles-ci étaient monotones.

Nous avons considéré l’effet de la couverture médiatiques des délits perpétrés par des étrangers sur le vote, et plus précisément sur la votation relative à l’interdiction de la construction de nouveaux minarets en Suisse. Ce faisant, nous appréhendons la question du populisme, et son interaction avec le traitement de l’information dans les médias traditionnels et sociaux. Ce premier article permet de dégager un certain nombre des mécanismes à l’œuvre dans le développement du populisme dans un nombre grandissant de pays européens.

Sur cette base, nous allons à présent nous concentrer sur les aspects suivants :

- Analyse fine des réponses comportementales à l’impôt des ménages français les plus riches (volet 1.2).
- Détermination des marges de redistributions inexploitées, et donc de réformes fiscales potentielles qui pourraient être mobilisées pour redistribuer une partie du fardeau fiscal des classes moyennes vers les plus aisées (volet 1.2).
- Construction d’un modèle de fiscalité optimale des revenus, en économie ouverte, tenant compte d’un vaste éventail de contraintes politiques (volet 1.3).
- Analyse contrefactuelle ayant pour objectif de quantifier l’impact sur le vote d’extrême droite de réformes fiscales (volet 2.2).

6 articles publiés dans des revues CNRS rangs 1, HCERES A
- dont 1 article dans l’American Economic Review (l’une des 5 « meilleures » revues académiques en économie)
- 4 publications dans des revenus académiques « généralistes » de premier plan (Journal of the European Economic Association, Review of Economics and Statistics, American Economic Journal : Economic Policy – 2 fois)

8 communiqués à destination du grand public :
- « Taxer mieux l'héritage », Polytechnique Insights, 2021 (Bertrand Garbinti)
- “Pre-distribution versus redistribution: Evidence from France and the US”, VoxEu, 2020 (Bozio Antoine, Garbinti Bertrand, Goupille-Lebret Jonathan, Guillot Malka and Piketty Thomas)
- Compte rendu de l’article “The logic of fear: populism and the media coverage of immigrant crimes”, Review of Economics and Statistics, à paraître (Mathieu Couttenier, Sophie Hatte, Mathis Thoenig, S. Vlachos) dans VoxEU (ici).
- “Réformes fiscales et faisabilité politique” (Felix Bierbrauer, Pierre Boyer, Andrew Lonsdale et Andreas Peichl), Les notes de l’IPP n°74, Septembre 2021. English version.
- “Approfondir l’intégration européenne ? Résultats d’une enquête auprès des parlementaires nationaux allemands, français et italiens” (Pierre Boyer, Elie Gerschel et Anasuya Raj), Les notes de l’IPP n°56, Juillet 2020. English version.
- Boyer Pierre. “Joe Biden a le pouvoir d’imposer sa politique fiscale au reste du monde”, Polytechnique insights, Avril 2021. English version.
- “Towards politically feasible and welfare-improving tax reforms” (Pierre Boyer, Felix Bierbrauer and Andreas Peichl), VoxEU, October 2020.
- “The next steps of the European project” (Sebastian Blesse, Massimo Bordignon, Pierre Boyer, Piergiorgio Carapella, Friedrich Heinemann, Eckhard Janeba and Anasuya Raj), VoxEU, August 2020.

1 cycle de conférences de “vulgarization” disponibles en ligne :
Lien : ses.ens-lyon.fr/actualites/agenda/regards-sur-les-inegalites-aujourdhui

Ce projet de recherche mobilise les instruments de l’économie politique et de la théorie de la fiscalité optimale pour apporter un éclairage croisé sur le lien entre inégalités, migration et démocratie. Le volet 1 explorera les modalités de redistribution des richesses, avec un focus particulier sur la charge fiscale pesant sur les classes moyennes. Le volet 2 aura pour objectif d’estimer l’impact de l’évolution, à la fois réelle ou telle que relayée par les médias, du système socio-fiscal sur le vote d’extrême-droite. Cette analyse nous permettra d’éclairer la montée récente de l’extrême-droite chez les classes moyennes dans le monde occidental.
Dans le premier volet, nous chercherons tout d’abord à mesurer l’évolution des inégalités de revenus avant et après redistribution en France depuis le début du XXème siècle et à quantifier l’ampleur de la redistribution opérée par les prélèvements obligatoires et la dépense publique sur longue période. Nous étudierons ensuite comment la fiscalité affecte le comportement des ménages français les plus riches à travers deux analyses complémentaires. La première étudiera comment la fiscalité influence la décision des plus hauts revenus de rester (ou non) sur le territoire national en fonction de leur niveau d’imposition. La seconde cherchera à estimer l’impact des modalités d’imposition des plus riches sur l’offre de travail ou le recours à l’optimisation fiscale de ces derniers. Nous pourrons sur cette base déterminer le sommet de la « courbe de Laffer » des ménages les plus riches, c’est-à-dire calculer le taux d’imposition le plus élevé qui ne conduit pas à une destruction de richesse pure et simple dont pâtirait l’ensemble de la population Des taux observés inférieurs à ces taux imputés témoigneraient de marges de redistributions inexploitées, et donc de réformes fiscales potentielles qui pourraient être mobilisées pour redistribuer une partie du fardeau fiscal des classes moyennes vers les plus aisées. De telles réformes, compatibles avec l’efficacité économique, renforceraient également l’équité du système socio-fiscal. La question qui se pose alors est celle de leur faisabilité politique. Nous explorerons cette question dans un cadre théorique novateur permettant d'introduire le processus de décision politique dans un modèle de redistribution optimale des richesses, tout en tenant compte des possibilités de nomadisme des citoyens.
Dans le second volet, nous chercherons tout d’abord à mesurer l’effet de la fiscalité et de ses évolutions sur le vote d’extrême droite en France. Cette analyse permettra ensuite de mener une comparaison entre l’intensité des effets de la fiscalité sur le vote d’extrême-droite, d’une part, et l’impact estimé des déterminants socio-économiques mis en évidence dans la littérature, d’autre part, à savoir le chômage, l’exposition de la main d’œuvre peu qualifiée à la concurrence des pays à bas salaires, ou encore l’immigration. A l’aide d’un modèle structurel de vote, nous mènerons une analyse contrefactuelle ayant pour objectif de quantifier l’impact sur le vote d’extrême droite de réformes fiscales qui viseraient à redistribuer une partie du fardeau fiscal des classes moyennes vers les classes plus aisées. Nous analyserons ensuite le rôle des médias, à la fois traditionnels (presse écrite, radio et télévision) et sociaux (à l’image de Twitter) dans l’évolution du vote d’extrême droite. Plus particulièrement, nous estimerons l’effet de la couverture médiatique des pratiques d’évasion et d’optimisation fiscales observées au niveau individuel (i.e., opérés par des individus ou des entreprises) sur le vote d’extrême droite.

Coordination du projet

Jonathan GOUPILLE-LEBRET (GROUPE D'ANALYSE ET DE THEORIE ECONOMIQUE LYON - ST-ETIENNE)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

GATE GROUPE D'ANALYSE ET DE THEORIE ECONOMIQUE LYON - ST-ETIENNE
CREST Centre de Recherche en Economie et Stastistique - CREST
AMSE AMSE

Aide de l'ANR 272 127 euros
Début et durée du projet scientifique : mars 2020 - 48 Mois

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