La pratique des mobilités durables dans les métropoles d’Amérique latine: étude comparée de Bogotá (Colombie) et Lima (Pérou) – MODURAL
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La pratique des mobilités durables dans les métropoles d’Amérique latine : étude comparée de Bogotá (Colombie) et Lima (Pérou)
Enjeux et objectifs
Le projet interroge la question de la durabilité des navettes domicile-travail et domicile-étude dans deux métropoles d’Amérique latine (Bogotá et Lima). Ces dernières rassemblent 10 millions d’habitants et sont marquées par une forte ségrégation socio-résidentielle et un modèle de croissance qui favorise l’étalement en grande périphérie plutôt que la densification des espaces centraux. Les jeunes ménages et les classes populaires sont ainsi relégués loin du centre, où sont concentrés les emplois. Les trajets domicile-travail s’effectuent donc sur de longues distances et dans des conditions très pénibles, car l’offre de transports collectifs est déficiente, l’automobile est inaccessible aux populations modestes, et la voirie est constamment engorgée. Dans les enquêtes d’opinion, les conditions de mobilité constituent le premier motif d’insatisfaction après l’insécurité. Dans ce contexte, et alors que le développement durable tend à s’imposer dans ces villes comme une norme pour les pouvoirs publics comme pour les citadins, la question des mobilités durables représente un défi majeur pour le XXIe siècle. Comment promouvoir des formes de mobilités plus durables, en améliorant la qualité de vie des populations ? Quels sont les leviers qui peuvent encourager les habitants à se reporter vers des modes ou des pratiques plus durables, et quels sont les blocages qui peuvent les en dissuader? Comment permettre aux habitants des périphéries populaires, qui connaissent les pires conditions de déplacement, d’accéder à des formes de mobilité plus durables ?
Le projet a commencé par une recherche bibliographique et par une exploitation des sources secondaires, principalement les Enquêtes origine-destination, disponibles en plusieurs éditions récentes et comparables entre les deux villes. Ce travail est valorisé sous forme de cartes (webmapping) et a permis d’identifier les zones où les conditions de mobilité et d’accessibilité à l’emploi sont les plus mauvaises. On en a sélectionné 4 dans chaque ville, pour y déployer des enquêtes de terrain. Une enquête quantitative par questionnaire sera appliquée à 1600 ménages (400 ménages dans chaque zone et dans chaque ville) et portera sur les conditions de mobilité quotidienne et sur les perspectives d’adoption de pratiques plus durables. Elle sera conçue et encadrée par le Consortium mais son application sera déléguée à des prestataires spécialisés. Les résultats seront exploités en mobilisant notamment un SIG conçu à cet effet. Parallèlement, des entretiens approfondis seront appliqués auprès d’individus appartenant à l’univers de l’enquête quantitative (on vise au moins 10% des ménages enquêtés). On approfondira l’étude sur 3 groupes de population potentiellement vulnérables dans leurs mobilités, mais peu étudiés sous cet angle en Amérique latine : les femmes, les enfants et les personnes à mobilité réduite. Pour enrichir l’étude, d’autres approches qualitatives seront expérimentées : «entretiens embarqués«, focus groups, «enquêtes rapides« en circulation, etc.
Les principaux résultats, sur les 18 premiers mois, sont les suivants :
- La création d’outils de communication (carnet de recherche Hypotheses, collection HAL...) et de gestion du projet (espace de partage sur Huma-Num, bibliographie partagée sur Zotero...).
- La tenue de 9 séminaires (le premier en présentiel à Bogotá en mars 2020, les suivants en mode virtuel), pour assurer la continuité du projet en contexte de pandémie.
- L’exploitation des sources secondaires disponibles (enquêtes de mobilité, recensements enquêtes d’opinion, etc.) et le développement d’outils SIG pour l’exploitation de ces données et pour la préparation des enquêtes.
- La sélection de 8 zones d’enquête dans les périphéries populaires de Bogota (4) et Lima (4), et le lancement d’études monographiques sur chacune des zones.
- L’intégration de la thématique du covid-19 dans le projet, avec le lancement de plusieurs « recherches-covid », menées à distance entre mi-2020 et mi-2021 : 1 rubrique dans le Carnet de recherche, 1 enquête par « chroniques familiales », 1 enquête par télé-entretiens, 1 concours photographique, etc.
-La valorisation du projet : 3 articles référencés, 4 communications, 6 rapports d’étude, 4 Vulgarisations, 1 billet de Blog ; tous référencés dans une collection HAL.
- La participation à deux projets collaboratifs associés : ANR RA-Covid-19 «Vélotactique« et Rapport d’étude CNRS sur les SHS face au Covid-19.
- La création d’outils géomatiques en ligne : 1 extension logicielle FactoQGIS et 1 Package cartogramR.
- Sur le plan des ressources humaines : le recrutement d’un ingénieur de recherche en contrat post-doctoral (J. Robert) ; l’intégration d’une doctorante (M. Lucas, bit.ly/37YavvI), affectée à Bogota depuis février 2021, où elle mené des entretiens, des parcours commentés et 2 enquêtes en ligne ; et l’accueil en délégation au CNRS d’un membre du projet (F. Demoraes), affecté au siège colombien de l’IFEA en septembre 2019, pour 2 ans.
L'année 2021-2022 sera consacrée à la préparation à à la réalisation des enquêtes de terrain dans les 8 zones d'enquêtes sélectionnées à Bogota et Lima.
L'année 2022-2023 sera consacrée au traitement et à l'exploitation des enquêtes et de l'ensemble des données recueillies, ainsi qu'à la valorisation des résultats obtenus (publications scientifiques).
Les productions scientifiques sont référencées dans la collection HAL-Modural: hal.archives-ouvertes.fr/ANR_MODURAL
PROBLÉMATIQUE : Le projet interroge la question de la durabilité des navettes domicile-travail et domicile-étude dans 2 métropoles d’Amérique latine (Bogotá et Lima). Ces dernières rassemblent 10 millions d’habitants et sont marquées par une forte ségrégation socio-résidentielle et un modèle de croissance qui favorise l’étalement en grande périphérie plutôt que la densification des espaces centraux. Les jeunes ménages et les classes populaires sont ainsi relégués loin du centre, où sont concentrés les emplois. Les trajets domicile-travail s’effectuent donc sur de longues distances et dans des conditions très pénibles, car l’offre de transports collectifs est déficiente, l’automobile est inaccessible aux populations modestes, et la voirie est constamment engorgée. Dans les enquêtes d’opinion, les conditions de mobilité constituent le premier motif d’insatisfaction après l’insécurité. Dans ce contexte, et alors que le développement durable tend à s’imposer dans ces villes comme une norme pour les pouvoirs publics comme pour les citadins, la question des mobilités durables représente un défi majeur pour le XXIe siècle. Comment promouvoir des formes de mobilités plus durables, en améliorant la qualité de vie des populations ? Quels sont les leviers qui peuvent encourager les habitants à se reporter vers des modes ou des pratiques plus durables, et quels sont les blocages qui peuvent les en dissuader? Comment permettre aux habitants des périphéries populaires, qui connaissent les pires conditions de déplacement, d’accéder à des formes de mobilité plus durables ?
METHODOLOGIE : Le projet commencera par une recherche bibliographique et par une exploitation des sources secondaires, principalement les Enquêtes origine-destination, disponibles en plusieurs éditions récentes et comparables entre les deux villes. Ce travail sera valorisé sous forme de cartes (webmapping) et permettra d’identifier les ZAT (Zones d’analyse des transports) où les conditions de mobilité et d’accessibilité à l’emploi sont les plus mauvaises. On en retiendra 2 dans chaque ville, pour y déployer des enquêtes de terrain. Une enquête quantitative par questionnaire sera appliquée à 400 ménages dans chaque zone et portera sur les conditions de mobilité quotidienne et sur les perspectives d’adoption de pratiques plus durables. Elle sera conçue et encadrée par le Consortium mais son application sera déléguée à des prestataires spécialisés. Les résultats seront exploités en mobilisant notamment un SIG conçu à cet effet. Parallèlement, des entretiens approfondis seront appliqués auprès d’individus appartenant à l’univers de l’enquête quantitative (on vise au moins 10% des ménages enquêtés). On approfondira l’étude sur 3 groupes de population potentiellement vulnérables dans leurs mobilités, mais peu étudiés sous cet angle en Amérique latine : les femmes, les enfants et les personnes à mobilité réduite. Pour enrichir l’étude, d’autres approches qualitatives seront expérimentées : "entretiens embarqués", focus groups, "enquêtes rapides" en circulation.
CONSORTIUM : L’équipe de 20 personnes est internationale et pluridisciplinaire. Elle se répartit de façon équilibrée entre la France, la Colombie et le Pérou. Elle se compose de chercheurs spécialisés sur les mobilités quotidiennes et les enquêtes urbaines en quartiers populaires. Ils seront aidés par des personnels de support (administration, gestion) et de soutien (ingénieurs, assistants, stagiaires). Le coordinateur s’appuiera sur un coresponsable en France et deux responsables scientifiques dans chaque ville.
ORIGINALITÉ : le projet est inédit, original et ambitieux par son angle d’approche. Il est international et interdisciplinaire. Il porte sur des villes du Sud où la durabilité des transports est un défi. Il est centré sur des espaces et des populations vulnérables. L’utilité sociale et les enjeux d’équité sont forts. Il propose une lecture critique des mobilités durables. La méthodologie d’enquête est hybride.
Coordinateur du projet
Monsieur Vincent GOUESET (ESPACES ET SOCIETES)
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
Partenaire
Pontificia Universidad Católica del Perú / Centro de Investigación de la Arquitectura y la Ciudad Lima
Universidad Nacional de Colombia / Instituto de Estudios Urbanos
Universidad Piloto de Colombia / Grupo de Investigación Gestión urbana
IFEA Institut Français d'Études Andines - UMIFRE 17 / USR 3337 Amérique latine
ESO ESPACES ET SOCIETES
Aide de l'ANR 285 522 euros
Début et durée du projet scientifique :
décembre 2019
- 36 Mois