CE27 - Culture, créations, patrimoine

Jean-Pierre Beauviala et la société Aaton – Des techniques audiovisuelles et de leurs usages, modalités historiques, esthétiques et pratiques – BEAUVIATECH

Résumé de soumission

L’entrée du cinéma dans le troisième millénaire a été accompagnée par ce que ses commentateurs ont bien souvent nommé la « révolution numérique », phénomène censé consacrer la disparition d’un paradigme technique, le cinéma argentique, au profit d’un autre, le cinéma numérique. Il s’agit en fait d’un processus en cours qui n’a pas bouleversé simultanément l’ensemble des pratiques mais qui a connu, et connaît encore, un développement différent en fonction des espaces, des techniques, et des corps de métiers concernés. Le projet propose d’analyser cette transition complexe sous des angles à la fois pratique, sociologique, économique et esthétique.
Notre projet consiste donc à problématiser, par l’entremise d’un regard historique, épistémologique, esthétique, et socio-professionnel, la place qu’occupe la technique dans l’histoire, la pratique et la théorie du cinéma. Davantage qu’une analyse historique de la transition numérique en elle-même, ce projet vise plus précisément à étudier les interactions entre argentique et numérique à travers le prisme de la technique. L’une des hypothèses est que la transition numérique ne doit pas tant être envisagée sous l’angle de la rupture que de la continuité et/ou du déplacement (des pratiques, des corps de métiers, des mécanismes économiques, de l’esthétique, des réflexions théoriques et épistémologiques, etc.). L’articulation entre la mémoire et les innovations numériques est ainsi au cœur du projet qui ambitionne également de contribuer à la constitution d’une mémoire de l’argentique, alors même que les gestes se modifient, que les techniques se transforment, et que les savoir-faire se déplacent ou disparaissent. Cette transition sera interrogée par le biais de l’étude d’un fonds d’archives inédit, que Laurent Mannoni, directeur du Conservatoire des Techniques à la Cinémathèque française (partenaire du projet), nous permet d’explorer. Il s’agit du fonds d’archives de l’inventeur et ingénieur Jean-Pierre Beauviala, figure majeure de l’histoire des techniques cinématographiques et audiovisuelles, fondateur de la société française Aäton (puis, rapidement, Aaton), fabricant de matériel audiovisuel dont l’existence s’étend de 1971 à 2013, date de son rachat par l’entreprise Transvidéo. Cette société a été à la fois à l’origine d’innovations techniques liées à l’argentique et un acteur majeur de la transition vers les pratiques numériques, tout en prenant une part déterminante dans l’émergence de la vidéo analogique. Les travaux déjà effectués sur ce fonds nous ont persuadés d’élargir nos recherches, au moins ponctuellement, à d’autres fonds : à Lausanne le fonds Bolex et le fonds Nagra, à la Cinémathèque française le fonds Eclair, ou le fonds Michel Brault déposé à la Cinémathèque québécoise à Montréal (le programme Technès garantit les relations de proximité avec les universités de Lausanne et de Montréal).
Notre réflexion sera organisée autour de trois axes :
/1 : étudier la transition argentique/numérique à travers ses implications économiques, sociologiques et techniques, en intégrant la question de la vidéo en ce qu’elle préfigure sur bien des points l’avènement du numérique.
/2 : repenser la création cinématographique, à partir d’une étude des implications esthétiques, théoriques et historiques de cette approche technique qui, tout en proposant une lecture exigeante du passage entre l’argentique et le numérique, replacera cette transition dans une perspective plus large prenant en compte l’histoire technique du cinéma.
/3 : imaginer de nouvelles perspectives de patrimonialisation du cinéma, qui engagent une dimension archivistique (indexation du fonds, réflexion sur les modalités de valorisation et de patrimonialisation de son contenu), une dimension pratique (liée à la mémoire du geste argentique par exemple et donc aux usages), indissociable d’une dimension scientifique (prise en compte des appareils et de leur fonctionnement).

Coordination du projet

Gilles Mouëllic (Arts:Pratiques et poétiques)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

APP Arts:Pratiques et poétiques
IRISA Institut de Recherche en Informatique et Systèmes Aléatoires

Aide de l'ANR 150 731 euros
Début et durée du projet scientifique : octobre 2018 - 36 Mois

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