CE03 - Interactions homme-environnement

Groupes humains et cervidés au Paléolithique: intégrer la variabilité de l’écologie et de l'éthologie des proies dans l'étude des interactions homme-environnement dans le passé – DeerPal

Groupes humains et cervidés au Paléolithique: intégrer la variabilité de l’écologie et de l'éthologie des proies dans l'étude des interactions homme-environnement dans le passé – DeerPal

Alors que nous assistons à une extinction de masse, les animaux sauvages sont confrontés au double défi imposé par les effets directs des activités humaines d’une part et de ceux, plus indirects, du changement climatique. Les recherches sur les populations actuelles livrent des données capitales, mais la réponse des communautés animales aux changements climatiques est elle plus difficilement abordable en l’absence d’une perspective diachronique sur le temps long.

Les enregistrements archéologiques et paléontologiques : une opportunité pour questionner les conséquences de crises environnementales sur les sociétés animales et humaines à travers le temps

Le Paléolithique est une source précieuse d’informations sur les interactions entre hommes et environnements, témoignant de la résilience des sociétés face aux changements dans l’accessibilité des ressources. Dans ce contexte, DeerPal propose de pousser plus avant nos connaissances des communautés animales confrontés à des changements climatiques majeurs et rapides, tout en documentant la réponse des sociétés passées face à de tels changements. Le projet s’intéresse à l’histoire des Cervidés (principalement Renne, Rangifer tarandus, et Cerf, Cervus elaphus, et en moindre mesure Chevreuil, Capreolus capreolus) au cours du Pléistocène supérieur, lorsque ces animaux constituaient une part essentielle des économies de chasseurs-cueilleurs, bien avant l'avènement de l’agriculture. <br /><br />A l’interface de l’archéologie et de la paléoécologie, les objectifs de DeerPal sont de deux ordres : <br />1) Documenter la variabilité des comportements et des niches écologiques du Cerf et du Renne, et tester si cette variabilité est plus importante que celle identifiable au travers de l’étude des écosystèmes actuels fortement anthropisés. Cela permettrait d’obtenir une vision plus complète de l’écologie des cervidés, par une approche évolutive de leurs adaptations en milieu naturel.<br />2) Mener une étude dans le temps long sur l’impact des changements climatiques sur des espèces sauvages qui étaient des ressources essentielles pour les sociétés passées. Nous fournirons ainsi une précieuse contextualisation de l’étendue des changements climatiques et de la variabilité en ressources que les groupes humains ont dû affronter dans leur histoire, avant qu’ils n'altèrent définitivement leur environnement.

Pour répondre à ces objectifs, DeerPal propose une approche combinée à large échelle de quatre méthodes d’analyses (micro-usure dentaire, isotopes stables, cémentochronologie et morphométrie géométrique) sur des ensembles archéologiques pour mieux comprendre la paléoécologie et paléoéthologie de communautés animales passées. Cette approche intégrée nous permettra de proposer une image renouvelée des interactions hommes-environnements pendant le Paléolithique. Deux contextes archéologiques caractérisés par d’importants changements climatiques et culturels ont été sélectionnés pour répondre à deux angles complémentaires de recherche: les longues séquences stratigraphiques du Paléolithique moyen du Sud-Ouest de la France, pour fournir une perspective diachronique, et les sites du Tardiglaciaire entre les Pyrénées et le Bassin parisien, pour une discussion à large échelle biogéographique des réponses des populations de cervidés au réchauffement climatique.

Le projet est en cours.
A la fin 2020, ce sont plus de 1900 dents fossiles de Cervidés (dont 1329 de Renne) qui ont été sélectionnées dans les collections archéologiques (9 séquences moustériennes et 24 sites tardiglaciaires), puis moulées pour analyses de textures de micro-usure dentaire (DMTA). Cet échantillon est, à notre connaissance, le plus gros corpus archéologique jamais constitué en DMTA pour le Paléolithique. Son analyse, en cours, a de grandes chances d’apporter des résultats marquants.
Des plus de 150 individus sélectionnés pour analyses destructives, 18 ont d’ores et déjà été analysés en cémentochronologie, permettant d’identifier la saison de mort des animaux concernés et de commencer à discuter de la répartition saisonnière des populations de Renne dans le territoire. Les analyses conduites dans le cadre de DeerPal ont permis de contribuer aux réflexions en cours sur le développement des méthodes en cémentochronologie. Un ouvrage sur cette méthode, en partie alimenté et financé par DeerPal, sera publié en 2021 (Naji, Rendu, Gourichon, sous presse. “Dental Cementum in Anthropology”, Cambridge University Press).
Pour la morphométrie géométrique sur dents, ont été photographiés et mesurés en 2019 plus de 500 rennes/caribous issus de populations de référence (Norvège, Alaska et Canada) et plus de 150 chevreuils de trois populations françaises. Age et sexe sont connus pour l’immense majorité des individus. Ce type d’analyses, en cours, est inédite à une telle échelle pour les Cervidés.

Reposant sur trois UMR partenaires (TRACES à Toulouse, PACEA à Bordeaux et Biogéosciences à Dijon) complémentaires de par leurs compétences et leurs plateformes techniques, DeerPal constitue un consortium interdisciplinaire regroupant des paléoécologues, des archéologues et des géochimistes de 6 pays et de 11 instituts.
Les années 2021 et 2022 seront consacrées aux acquisitions de données (déjà bien entamées), avant, en 2022-2023, de procéder aux comparaisons inter-proxies et aux synthèses pluri-disciplinaires. Des actions spécifiques de diffusion scientifique seront également menées pour offrir à un large public un nouveau regard sur l’impact des changements environnementaux sur les sociétés passées, et ainsi fournir la nécessaire perspective historique sur ce que le futur nous réserve.

(Articles sous presse ou en cours de révision).

Alors que nous assistons à une extinction de masse, les animaux sauvages sont confrontés au double défi imposé par les effets directs des activités humaines d’une part et de ceux, plus indirects, du changement climatique. Les recherches sur les populations actuelles livrent des données capitales sur les impacts directs des activités humaines sur les habitats naturels, mais la réponse des communautés animales aux changements climatiques est elle plus difficilement abordable en l’absence d’une perspective diachronique sur le temps long. Or, les enregistrements archéologiques et paléontologiques offrent une opportunité unique pour questionner les conséquences de crises environnementales sur les sociétés animales et humaines à travers le temps. Le Paléolithique est en outre une source précieuse d’informations sur les interactions entre hommes et environnements, témoignant de la résilience des sociétés face aux changements dans l’accessibilité des ressources.
Dans ce contexte, DeerPal propose de pousser plus avant nos connaissances des communautés animales confrontées à des changements climatiques majeurs et rapides, tout en documentant la réponse des sociétés passées face à de tels changements. Le projet s’intéresse à deux espèces, le Renne (Rangifer tarandus) et le Cerf (Cervus elpahus), au cours du Pléistocène supérieur, lorsque ces animaux constituaient une part essentielle des économies de chasseurs-cueilleurs, bien avant l'avènement de l’agriculture. A l’interface de l’archéologie et de la paléoécologie, les objectifs de DeerPal sont de deux ordres :
1) Documenter la variabilité des comportements et des niches écologiques du Cerf et du Renne, et tester si cette variabilité est plus importante que celle identifiable au travers de l’étude des écosystèmes actuels fortement anthropisés. Cela permettrait d’obtenir une vision plus complète de l’écologie des cervidés, par une approche évolutive de leurs adaptations en milieu naturel.
2) Mener une étude dans le temps long sur l’impact des changements climatiques sur des espèces sauvages qui étaient des ressources essentielles pour les sociétés passées. Nous fournirons ainsi une précieuse contextualisation de l’étendue des changements climatiques et de la variabilité en ressources que les groupes humains ont dû affronter dans leur histoire, avant qu’ils n'altèrent définitivement leur environnement.
Pour répondre à ces objectifs, DeerPal propose pour la première fois une approche combinée à large échelle de quatre méthodes d’analyses (micro-usure dentaire, analyse des isotopes stables, cémentochronologie et analyses morphométriques 3D) sur des ensembles archéologiques pour mieux comprendre la paléoécologie et paléoéthologie de communautés animales passées. Cette approche intégrée nous permettra de proposer une image renouvelée des interactions hommes-environnements pendant le Paléolithique. Deux contextes archéologiques caractérisés par d’importants changements climatiques et culturels ont été sélectionnés pour répondre à deux angles complémentaires de recherche: les longues séquences stratigraphiques du Paléolithique moyen du Sud-Ouest de la France, pour fournir une perspective diachronique, et les sites du Tardiglaciaire entre les Pyrénées et le Bassin parisien, pour une discussion à large échelle biogéographique des réponses des populations de cervidés au réchauffement climatique. Reposant sur trois UMR partenaires (TRACES à Toulouse, PACEA à Bordeaux et Biogéosciences à Dijon) complémentaires de par leurs compétences et leurs plateformes techniques, DeerPal constitue un consortium interdisciplinaire regroupant des paléoécologues, des archéologues et des géochimistes de 6 pays et de 11 instituts. Des actions spécifiques de diffusion scientifique y seront menées pour offrir à un large public un nouveau regard sur l’impact des changements environnementaux sur les sociétés passées, et ainsi fournir la nécessaire perspective historique sur ce que le futur nous réserve.

Coordination du projet

Emmanuel Discamps (Travaux de Recherches Archéologiques sur les Cultures, les Espaces et les Sociétés)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

TRACES Travaux de Recherches Archéologiques sur les Cultures, les Espaces et les Sociétés
PACEA DE LA PREHISTOIRE A L'ACTUEL : CULTURE, ENVIRONNEMENT ET ANTHROPOLOGIE
BIOGEOSCIENCES

Aide de l'ANR 427 772 euros
Début et durée du projet scientifique : janvier 2019 - 48 Mois

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