La ville d'Ur d'après les textes du premier quart du 2e millénaire av. J.-C. – EcritUr

Tell al-Muqayyar dans le sud de l'Irak est l'un des plus importants sites archéologiques de la Mésopotamie. Identifié avec la ville d'Ur en 1854, il a été brièvement exploré en 1918-19 avant que soit mise sur pied une expédition par le British Museum de Londres et l'University Museum de Philadelphie. De 1922 à 1934, L. Woolley conduisit des fouilles qui se révélèrent extrêmement fructueuses, fournissant des informations pour une période allant de la protohistoire à l'époque hellénistique. Le projet « EcritUr » porte sur le premier quart du deuxième millénaire av. J.-C., soit l'époque dite paléo-babylonienne, qui a déjà fait l'objet de travaux importants mais pour laquelle beaucoup reste à faire. La mise au jour de deux quartiers résidentiels (EM et AH) a fourni beaucoup d'informations sur les habitants de la ville à cette époque ; de plus, la fouille du grand sanctuaire de dieu-Lune (Nanna/Sin) et d'autres temples permet de voir quelle place tenaient ces organismes religieux dans la vie politique, économique et sociale de la ville.
Les inscriptions royales et les textes littéraires paléo-babyloniens découverts à Ur ont déjà été édités et beaucoup travaillés, tandis que les documents d'archives n'ont été pour la plupart publiés que sous forme de copies dépouvues d'édition. Le premier objectif d'« EcritUr » est donc de donner une édition électronique de ces 1500 textes, dûment collationnés ; elle se fera dans le cadre de la base de données « Archibab », qui permet l'intégration de nombreuses métadonnées. Ce corpus sera augmenté par la publications de tablettes restées inédites. Cela permettra une meilleure prise en compte des nouvelles tablettes qui continuent à être découvertes à Ur depuis 2015 par une nouvelle mission dirigée par E. Stone (Stony Brook University), qui a choisi le coordinateur de ce projet comme épigraphiste.
Une fois les textes édités, leurs informations seront l'objet d'approches pluridisciplinaires en fonction des spécialités des membres du projet. Des études porteront sur le syllabaire, grâce à un outil récemment élaboré (TXM), ainsi que sur la capacité à lire et écrire de la population, qui incluera une nouvelle étude des écoles. D'autres travaux auront trait à la gestion et aux méthodes comptables, aux pratiques d'archivage et à la vie juridique ; on accordera une attention particulière au statut des femmes. De nouvelles recherches porteront sur le calendrier religieux et le régime des offrandes. D'autres auront trait à la géographie historique, à l'histoire politique, ainsi qu'à l'environnement et à la vie économique et religieuse. Pendant les derniers mois du projet, une table-ronde internationale et un colloque ouvert au grand-public seront organisés. Enfin, le coordinateur scientifique publiera un livre de synthèse, Portrait d'une ville mésopotamienne : Ur dans le premier quart du deuxième millénaire av. J.-C.
L'importance de la création de nouveaux outils numériques pour exploiter les riches données cachées dans la documentation cunéiforme est de plus en plus ressentie. À coté de ses résultats scientifiques, le projet ici proposé sera important pour l'assyriologie en tant que telle : le site « Archibab » est un outil numérique de renommée internationale et la façon dont « EcritUr » bénéficiera d'« Archibab » et l'enrichira pourra fournir un bon exemple de la possibilité de concilier la recherche à long terme avec le financement de projets à durée limitée.
Rendre plus accessible la richesse d'informations déjà disponibles sur Ur et sa région tout en publiant les tablettes nouvellement découvertes, et fournir une nouvelle image d'une des plus importantes villes mésopotamiennes est un défi qui constitue en même temps une perspective très positive. L'expérience et la diversité du groupe réuni pour « EcritUr », ses relations avec des équipes étrangères et la nature bien définie des objectifs du projet sont la garantie de la faisabilité des opérations proposées pour une durée de 36 mois.