Ce projet a pour but d'étudier la diversité des opinions dans une société. Si le point de vue adopté est principalement celui de l'économie, d'autres domaines scientifiques sont concernés, tels que la psychologie, les sciences de la décision la philosophie, les statistiques, le choix social et les sciences politiques. Il cherche à aller au delà de la modélisation usuelle de l'opinion en incluant des notions telles que l'ambiguïté, la non omniscience, et la compétence.
Les questions que nous étudierons sont les suivantes :<br />- Comment les opinions se forment-elles dans leur diversité et comment cette diversité peut-elle perdurer ?<br />- Quel est l'impact de cette diversité sur les institutions économiques ?<br />- Comment les individus réagissent-ils lorsqu'ils sont confrontés aux opinions des autres ?<br />- Comment peut-on agréger ces opinions différentes pour prendre les meilleures décisions ?<br /><br />Ces questions seront traitées de manière positive et normative et nous mobiliserons différentes techniques analytiques et expérimentales pour les étudier. Du point de vue positif, nous montrerons comment des individus qui posséderaient la même information peuvent quand même être en désaccord. Pour cela, nous sortirons du cadre bayésien usuel. C'est aussi en sortant de ce cadre que nous étudierons la question de la survie de désaccords sur le long terme. Nous étudierons d'un point de vue expérimental la manière dont les individus prennent en compte des opinions divergentes lors de la prise de décision, et en particulier, comment la pression sociale affecte les opinions individuelles. Enfin, nous chercherons à savoir comment l'introduction d'une hétérogénéité structurée permet d'expliquer certaines propriétés de mécanismes économiques.<br /><br />D'un point de vue normatif, nous nous concentrerons sur les différentes manières d'agréger des opinions individuelles pour former une opinion collective, et en particulier sur les moyens d'extraire une notion de compétence à partir des opinions exprimées. Ces degrés de compétence seront ensuite utilisés pour pondérer les différentes opinions afin de permettre une meilleure décision collective. Nous étudierons aussi comment la corrélation entre les informations reçues par les individus, et l'éventuelle mauvaise compréhension de celle-ci, affecte le processus d'agrégation. Enfin, nous aborderons une question plus générale qui est de savoir comment agréger des opinions biaisées ou mal définies.
La diversité des opinions et des intérêts se manifeste dans toutes les situations sociales. Les individus sont en désaccord sur presque toutes les questions de société. Même lorsque des connaissances scientifiques existent, une diversité d'opinion existe souvent quant à leur interprétation. L'hétérogénéité est un ingrédient basique de toute société, souvent une source de richesse, parfois un paradoxe, et toujours une source majeure d'échanges économiques.
En Economie, l'on distingue entre les goûts et les croyances. Les goûts sont représentés par une fonction d'utilité tandis que les croyances sont représentées par une distribution de probabilité sur l'ensemble des contingences futures. L'hétérogénéité des goûts est prise comme donnée. L'hétérogénéité des croyances est vue comme émanant de différences d'information, menant à la conclusion selon laquelle des individus recevant les mêmes informations devraient avoir les mêmes croyances.
Nous élargirons cette vue simpliste : les goûts ne sont pas toujours bien formés, les croyances ne sont pas toujours probabilistes ou formées par mise à jour Bayésienne d'une croyance a priori, et les individus ne sont pas omniscients sur le futur. Par conséquent, assimiler une opinion, entendue comme une évaluation subjective d'une situation, à une distribution de probabilité sur un ensemble bien défini d'événements est excessivement restrictif. Cette perspective élargie sur la manière dont nous formons nos opinions amène à étudier leur hétérogénéité et pose deux questions générales. La première concerne les sources et conséquences de l'hétérogénéité des opinions. La seconde concerne les différentes manières de construire une opinion agrégée à partir des opinions individuelles. Ces questions positives et normatives appellent des investigations à la fois analytiques et expérimentales.
D'un point de vue descriptif, plutôt que de voir les désaccords comme des pathologies ou de simples problèmes informationnels, nous expliquerons comment ils émergent et comment le contexte social les réduit ou les exacerbe. Nous étudierons les conséquences de l'hétérogénéité, en particulier lorsqu'elle émane d'une ambiguïté sous-jacente. Une fois l'hétérogénéité reconnue, une question naturelle émerge : les investisseurs ayant de «fausses« opinions sont-ils évincés du marché ? Nous étudierons cette question en adoptant notre perspective élargie. L'hétérogénéité affecte également une variété de situations économiques, et nous souhaitons établir des résultats dépassant la vue selon laquelle tout devient possible lorsqu'une telle hétérogénéité est permise. Nous étudierons enfin comment les croyances collectives (opinions publiques) affectent les croyances individuelles.
D'un point de vue normatif, dans de nombreuses situations, les opinions d'une variété d'acteurs sur un ensemble de questions pertinentes mais complexes sont requises, et doivent in fine être agrégées. Ces opinions présentent souvent une double diversité : différents acteurs peuvent être plus ou moins compétents sur une question donnée et le même acteur peut avoir différents niveaux d'expertise sur différentes questions.
Notre objectif est de construire des règles d'agrégation qui puissent être mises en oeuvre dans des situations concrètes. Plusieurs problèmes doivent être résolus. Le degré de compétence des experts doit être pertinent dans la procédure d'agrégation. La source du désaccord entre experts doit être identifiée et prise en compte : la règle d'agrégation ne devrait pas être la même lorsque les agents sont Bayésiens avec chacun une information partielle et lorsqu'ils possèdent la même information mais la prennent en compte différemment. Nous testerons différentes règles d'agrégation expérimentalement et étudierons leur influence sur la relation entre rationalité individuelle et sociale.
Nous recherchons en premier lieu un impact scientifique. Nous produirons des articles qui, nous l'espérons, auront un impact sur la profession et conduiront d'autre chercheurs à introduire l'hétérogénéité des opinions dans une plus grande mesure et un format plus large que ce qui est le cas en Economie en particulier. Le but premier du projet est ainsi d'avancer la connaissance scientifique, dans plusieurs directions. En plus des publications, les présentations en conférences, workshops spécialisés et séminaires seront également un moyen de diffuser la recherche effectuée au sein de la communauté scientifique internationale.
Nous pensons que nos résultats peuvent avoir un impact au-delà des cercles académiques. Il est trivial d'observer que les sociétés occidentales, en particulier, sont de plus en plus divisées sur les questions politiques et sociétales. Ces divisions reposent en partie sur des manières très différentes d'appréhender le futur et l'absence de confrontation avec les opinions des autres. Nous espérons que nos résultats fourniront des moyens de guider l'action publique lorsque les opinions diffèrent. Nous n'analyserons pas les sources de ces différences en elles-mêmes mais nous intéresserons plutôt à leur impact sur les critères de bien-être sur lesquels baser les politiques publiques. Nous analyserons également comment ces différences affectent une variété de situations et mécanismes économiques. La partie normative de notre projet est ainsi pertinente, par exemple, pour les travaux du GIEC concernant la manière d'informer les décideurs publics au sujet de la nature du consensus sur diverses questions liées au changement climatique.
Après 18 mois, le projet CHOp a généré 2 publications ainsi que 24 documents de travail, et donné lieu à 23 présentations en séminaires ou conférences.
Le projet a également généré une intense activité d’échanges, au sein et au travers de différentes communautés. En plus des workshops internes au groupe, CHOp a organisé, en collaboration avec le projet ANR ColAForm, la conférence DBAED (Deliberation, Belief Aggregation, and Epistemic Democracy) qui a eu lieu en juin 2018 à Paris. Il s’agit d’une conférence inter-disciplinaire réunissant des chercheurs en économie, philosophie, psychologie, sciences politiques, sociologie, mathématiques, informatique et physique. Durant trois journées ont alternés des présentations classiques (une quinzaine d’orateurs de renommée internationale) et de longs temps de discussions et tables rondes afin de favoriser les échanges entre disciplines. Cette conférence a été un grand succès et il a été décidé d’en organiser une deuxième édition en juin 2019, dans le même format et toujours en collaboration entre CHOp et ColAForm.
CHOp organise également en juin 2019 la conférence RUD (Risk, Uncertainty, and Decision). Cette conférence réunit chaque année les meilleurs spécialistes internationaux en sciences de la décision, et est coordonnée cette année avec la conférence D-TEA (Decisions – Theory, Experiments, and Applications), les deux conférences ayant lieu au même endroit sur une semaine et avec un grand nombre de participants communs. Ces deux conférences portent en particulier sur la modélisation des croyances des agents, et notamment sur la notion d’ambiguïté qui est un thème central dans le projet CHOp.
Ce projet a pour but d'étudier la diversité des opinions dans une société. Si le point de vue adopté est principalement celui de l'économie, d'autres domaines scientifiques sont concernés, tels que la psychologie, les sciences de la décision la philosophie, les statistiques, le choix social et les sciences politiques. Il cherche à aller au delà de la modélisation usuelle de l'opinion comme une croyance probabiliste et entend inclure des notions telles que l'ambiguïté, la non omniscience, et la compétence pour analyser l'hétérogénéité des opinions plus largement. Les questions que nous étudierons sont les suivantes :
- Comment les opinions se forment-elles dans leur diversité et comment cette diversité peut-elle perdurer ?
- Quel est l'impact de cette diversité sur les institutions économiques (marché, contrats, ...) ?
- Comment les individus réagissent-ils lorsqu'ils sont confrontés aux opinions des autres ?
- Comment peut-on agréger ces opinions différentes pour prendre les meilleures décisions ?
Ces questions seront traitées de manière positive et normative et nous mobiliserons différentes techniques analyitques et expérimentales pour les étudier. Du point de vue positif, nous montrerons comment des individus qui possèderaient la même information peuvent quand même être en désaccord. Pour cela, nous sortirons du cadre bayésien usuel. C'est aussi en sortant de ce cadre que nous étudierons la question de la survie de désaccords sur le long terme. Nous étudierons d'un point de vue expérimental la manière dont les individus prennent en compte des opinions divergentes lors de la prise de décision, et en particulier, comment la pression sociale affecte les opinions individuelles. Enfin, nous chercherons à savoir comment l'introduction d'une hétérogénéité structurée permet d'expliquer certaines propriétés de mécanismes économiques tels que la formation de coalitions, les contrats incitatifs, les marchés financiers, etc.
D'un point de vue normatif, nous nous concentrerons sur les différentes manières d'agréger des opinions individuelles pour former une opinion collective. En particuler, nous nous concentrerons sur les moyens d'extraire une notion de compétence à partir des opinions exprimées. Ces degrés de compétence seront ensuite utilisés pour pondérer les différentes opinions afin de permettre une meilleure décision collective. Nous étudierons aussi comment la corrélation entre les informations reçues par les individus, et l'éventuelle mauvaise compréhension
de celle-ci, affecte le processus d'agrégation. Enfin, nous aborderons une question plus générale qui est de savoir comment agréger des opinions biaisées ou mal définies.
Le but de ce projet est avant tout de faire progresser la connaissance scientifique sur ces thèmes. Il pourrait déboucher sur des règles d'agrégation concrètes, utilisables par des acteurs économiques privés ou publics.
L'équipe de chercheurs a une expertise dans les différents champs disciplinaires auxquels ce projet appartient.
Les chercheurs ont déjà travaillé ensemble, réalisé ensemble des articles publiés dans les meilleures revues internationales, et organisé divers événements ensemble.
Monsieur Eric Danan (Théorie économique, modélisation et applications)
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
CNRS DR 12 LPC Centre National de la Recherche Scientifique Délégation Provence et Corse Laboratoire de psychologie cognitive
PSE ECOLE D´ ECONOMIE DE PARIS
THEMA Théorie économique, modélisation et applications
Aide de l'ANR 147 960 euros
Début et durée du projet scientifique :
septembre 2017
- 48 Mois