DS10 - Défi des autres savoirs

Vers une nouvelle conception des constructions modales en anglais : des paradigmes basés sur des traits distinctifs à la représentation probabliliste basée sur l’usage. – REM

Résumé de soumission

Un des traits fondamentaux du langage est que les locuteurs peuvent verbaliser des situations qui ne sont pas factuelles mais qui devraient ou pourraient être le cas. L'expression des situations non factuelles est effectuée avec des mots et des constructions qui relèvent du domaine de la modalité (Palmer 2001). En linguistique, la recherche sur la modalité a donné lieu à une recherche substantielle (De Haan & Hanssen 2009, Nuyts & Van der Auwera 2016), qui fournit le cadre de notre projet, consacré aux verbes modaux en anglais. Plus spécifiquement, nous allons étudier cinq modaux dits centraux (may, might, can, should, must), trois sémi-modaux (have to, ought to, need to), et une construction périphrastique (be able to). La question principale du projet relie la modalité à la cognition humaine et à la représentation mentale du langage : comment les expressions modales sont-elles représentées mentalement?
C’est bien à ce niveau que se trouvent des questions fondamentales de recherche qui doivent être étudiées pour combler les lacunes actuelles : nous proposons d'étudier quelles sont les connaissances linguistiques dont le locuteur doit disposer afin de choisir entre des expressions telles que ‘You should go home now’, ‘You have to go home now’, or ‘You ought to go home now’. Ces exemples expriment des situations non-factuelles très proches, mais qui diffèrent néanmoins de façon subtile. Une idée, encore largement répandue dans la littérature sur la modalité (cf. Van der Auwera et Plungian 1998), stipule que le sens des expressions modales peut être saisi en termes de caractéristiques binaires telles que la distinction entre l'obligation et la permission, «la modalité faible » et « forte », et la modalité déontique et épistémique. Par exemple, ‘You should go home now’ exprime une obligation, alors que 'You may go home now' communique la permission ; ‘You must go home now’ exprime une obligation plus forte que ‘You should go home now’. Même si nous ne contestons pas l'utilité des catégorisations sémantiques pour différencier les expressions de la modalité, nous remettons en cause (a) l’idée que ces distinctions à elles seules saisissent l’ensemble des connaissances linguistiques des locuteurs qui utilisent des expressions modales et (b) l’idée que ce type de catégorisation représente de façon adéquate cette connaissance.
Notre projet met en avant une autre hypothèse qui propose d'aligner deux théories linguistiques récentes, à savoir la grammaire cognitive de construction (Goldberg 1995, 2006) et la linguistique basée sur l’usage (Bybee & Hopper 2001 Bybee 2010). Notre hypothèse est que la connaissance des expressions modales est basée sur l'exemple et probabiliste. Autrement dit, la connaissance des expressions modales ne doit pas être modélisée comme un paradigme de formes qui s’explique par un ensemble de traits distinctifs, mais plutôt comme un réseau de paires forme-sens (Hilpert 2014, Hilpert & Diessel 2016) dans lequel les expressions modales sont connectées entre elles et à tout un éventail de sens par le biais de liens associatifs. Les différences de la force associative peuvent expliquer le fait que les locuteurs choisissent une expression modale donnée dans un contexte donné. Nous considérons donc que les connaissances des expressions modales par un locuteur ne se présentent pas comme une association univoque entre une forme et un ensemble de traits sémantiques, mais plutôt comme des connaissances probabilistes qu’une forme donnée véhicule une certaine sémantique dans un contexte donné.

Coordination du projet

Ilse Depraetere (Univ. Lille, CNRS, UMR 8163 - STL - Savoirs Textes Langage)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

MH Université de Neuchâtel
STL Univ. Lille, CNRS, UMR 8163 - STL - Savoirs Textes Langage

Aide de l'ANR 237 099 euros
Début et durée du projet scientifique : février 2017 - 36 Mois

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