FRAL - Programme franco-allemand en Sciences humaines et sociales

(New) Political Representative Claims: A Global View (France, Germany, Brazil, China, India) – CLAIM

New) Political Representative Claims: A Global View (France, Germany, Brazil, China, India)

Ce projet s’attache à comprendre et à conceptualiser, dans une perspective globale, les nouvelles revendications de représentation politique qui s’expriment dans des systèmes dominés par une représentation fondée sur l’élection ou sur le parti (comme en Chine. Alors que la majorité des citoyens se sentent mal représentés, il s’agit de prendre en compte les multiples revendications de représentation qui apparaissent aujourd’hui, et de les analyser à travers un cadre conceptuel renouvelé.

La représentation politique au-delà du mandat : identifier et analyser les nouvelles revendications de représentation dans une perspective globale

Le projet a pour ambition de comprendre les mutations de la représentation politique au 21ème siècle, et en particulier les nouvelles prétentions à la représentation au-delà de l’élection. Il s’agit de combler le manque d’analyses globales des nouvelles revendications de représentation politique et le manque de comparaison avec les pays du Sud (y compris avec les entités non-démocratiques), en mettant en perspective la représentation politique en Allemagne, au Brésil, en Chine, en France et Inde. <br />Nous proposons donc d’identifier, analyser et conceptualiser les revendications de représentation qui s’expriment aujourd’hui, dans une perspective globale. La recherche est centrée sur deux champs principaux pour analyser, dans chaque pays : (i) les revendications de représentation au niveau national (parlement et médias) exprimées dans les trois débats nationaux les plus significatifs ; (ii) les revendications de représentation dans des dispositifs participatifs au niveau intra-national. Nous espérons, à travers ce programme de recherche ample et diversifié, favoriser une conceptualisation nouvelle de la représentation politique.

La recherche est structurée en deux champs. Le premier champ est celui des discours sur la mal représentation et sur les nouvelles revendications de représentation, qui s’exprime au niveau national. Nous avons sélectionné, dans chaque pays, les trois débats les plus significatifs à cet égard depuis les années 1980, c’est-à-dire les débats qui ont donné lieu à des controverses publiques et eu un impact réel sur les systèmes politiques concernés. En France, en Allemagne, au Brésil et en Inde nos principales sources sont les discours des leaders politiques, les débats parlementaires, les décisions des cours suprêmes et les interventions des intellectuels publics dans deux quotidiens de référence. En Chine nous étudions les discours du congrès du PCC, les rapports officiels et les débats d’intérêt national ayant lieu sur internet. La méthode principale, concernant ce premier champ, est l’analyse de discours.
Le deuxième champ est celui des dispositifs représentatifs au niveau infranational. Dans chaque pays, nous menons des enquêtes sur les revendications de représentation qui s’expriment dans deux ou trois dispositifs participatifs. Les principaux critères de sélection de ces dispositifs sont d’abord leur importance dans le pays étudié, et ensuite le fait qu’ils permettent d’analyser des revendications de représentation contrastées, en vue de développer une véritable typologie. Ici les principales méthodes utilisées sont l’entretien, l’observation participante et l’analyse de captations vidéo.
Nous nous attachons à « penser par cas » (Passeron & Revel 2005), c’est-à-dire à partir d’études de cas fouillées pour construire une prudente montée en généralité. Analyser d’une part les discours au niveau national, et d’autre part les pratiques au niveau infra-national devrait nous permettre de procéder à une triangulation et de formuler des hypothèses solides.

A mi-parcours, on peut résumer ainsi l’état du projet :
• Recherche de terrain et collecte de données dans les cinq pays concernés, réalisée environ aux deux tiers.
• Elaboration d’une grille formelle (code book) permettant une analyse des textes de notre corpus avec le logiciel ATLAS.TI et formation interne à l’usage du logiciel.
• Création d’un blog de projet (https://claims.hypotheses.org).
• Progression notable dans notre conceptualisation de la représentation politique, dans les typologies utilisées, dans l’histoire comparée de la notion de représentation.
• Nombreuses publications collectives et individuelles dans plusieurs langues.
• Organisation de plusieurs évènements scientifiques internationaux, nombreuses interventions dans des colloques et séminaires exposant les premiers résultats du projet.
• Intensification du dialogue entre les membres de l’équipe, intégration à l’équipe initiale de chercheurs extérieurs qui ont manifesté un intérêt pour le projet et la volonté de participer régulièrement aux évènements liés au projet, notamment au Brésil, en Chine et en Inde, mais aussi en Suisse, au Royaume-Uni, aux USA, en Espagne et au Mexique

• Colloque sur « Représentation théâtrale et représentation politique », Comédie de Reims, avril 2018.
• 2 panels (accompagnés d'un appel à contributions) pour la Conférence européenne des études sud-asiatiques (ECSAS) prévue en juillet 2018 à Paris : « Political representation in India: new discourses, new practices? » et “Who Speaks for the Village? Representations of the “Rural” in India from the Colonial to the Post-Colonial Era”.
• Organisation de plusieurs panels dans la section « Political representation » de la conférence du European Consortium for Political Research (ECPR), Hambourg, août 2018.
• Organisation d’un panel dans le Congrès de l’Association allemande de science politique, Francfort, septembre 2018.
• Organisation d’un colloque international en mars 2019 à la Zhejiang University Hangzhou.
• Publication de plusieurs ouvrages et numéros spéciaux de revue.

Entre 2016 et 2018, les sept membres de l’équipe française ont produit, collectivement ou individuellement :
- 7 directions de numéros de revues
- 6 ouvrages
- 10 articles dans des revues à comité de lecture
- 14 chapitres d’ouvrage
- 9 organisations de conférences ou workshops
- 51 communications

L’Europe connait actuellement une crise des formes établies de représentation politique, visible dans la défiance croissante à l’égard des institutions et des acteurs des démocraties représentatives. Diverses revendications visant à renouveler la représentation politique émergent partout. Pourtant la recherche contemporaine se concentre sur la représentation électorale et parlementaire, et/ou sur un seul pays. Nous manquons d’analyses globales des nouvelles revendications de représentation politique et de comparaisons avec les pays du sud, y compris les entités non-démocratiques. Notre recherche entend combler ce manque en mettant en perspective la représentation politique en France et en Allemagne - deux démocraties majeures de l'Union européenne activement engagées dans l’expérimentation de nouveaux concepts de la représentation - et dans trois Etats des "BRICS": le Brésil - la plus grande démocratie d'Amérique latine, où des dispositifs participatifs innovants incluent des revendications concurrentes de représentation -, l'Inde - la plus grande démocratie du monde et un pionnier des quotas électoraux (une revendication de représentation « descriptive ») - et la Chine -un régime non-démocratique engagé dans une immense transformation économique, sociale et politique avec des revendications spécifiques de représentation.

En s'appuyant sur la théorie politique française et allemande, notre cadre conceptuel se distingue des approches classiques de la représentation politique. Aujourd'hui, la théorie politique et les études empiriques de la représentation tendent à se concentrer, dans la lignée de Pitkin, sur la relation électorale de mandat. Or même si la représentation-mandat reste importante, elle ne peut rendre compte de transformations contemporaines cruciales, nécessitant une compréhension élargie. Notre hypothèse est que les transformations de la représentation politique sont liées à la (ré)émergence de formes variées de revendications de représentation, c'est-à-dire de situations dans lesquelles un acteur prétend parler/agir au nom d'autrui. Ces revendications s'appuient souvent sur la dénonciation d'une situation de mal-représentation qu'elles prétendent améliorer ou corriger.

Nous entendons analyser les revendications de représentation dans une perspective comparative et globale, et démontrer leur caractère (ou leur apparence) innovant(e) au regard de la représentation électorale. Dans les cinq pays, nous identifierons différentes situations où des revendications de représentation apparaissent, sont discutées, critiquées ou légitimées. S’appuyant sur un cadre méthodologique commun rigoureusement défini notre recherche visera à conceptualiser les revendications de représentation dans une perspective globale. Nous nous concentrerons donc sur deux champs de recherche pour analyser, dans chaque pays : (i) les revendications de représentation au niveau national (parlement et médias) exprimées dans le cadre de trois débats nationaux; (ii) les revendications de représentation dans les dispositifs participatifs au niveau subnational. A ces deux niveaux les revendications de représentation sont justifiées par la dénonciation de mal-représentation de certains groupes dans les corps représentatifs. Nous nous appuierons sur des méthodes qualitatives (collecte de documents tels que les débats parlementaires ; observation non-participante ; entretiens approfondis etc.). Nous utiliserons l’outil « Analyse de revendication de représentation » pour traiter nos données. Pour monter en généralité, nous nous attacherons à « penser par cas » et à identifier des modèles de revendication de représentation, en développant une typologie à des fins « terminologiques, classificatoires et heuristiques » (Weber 1921). Nous évaluerons les (nouvelles) revendications de représentation au XXIème siècle et nous théoriserons ces résultats dans le contexte de la théorie démocratique moderne et des analyses de la résilience autoritaire (cas chinois).

Coordination du projet

Yves SINTOMER (CNRS/U. Paris 8, Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CNRS-Lille 2, CERAPS Centre d'Etudes et de Recherches Administratives, Politiques et Sociales
UPEC, Lipha Université Paris Est Créteil, Laboratoire interdisciplinaire d'étude du politique Hannah Arendt Paris Est
CMB CENTRE de RECHERCHE en SCIENCES SOCIALES de BERLIN (CRSS BERLIN) - CENTRE MARC BLOCH
CEIAS (CNRS DR PARIS B) Centre d’Etudes de l’Inde et de l’Asie du Sud
Duisburg-Essen Universität, Politik u. Gesellschaft Chinas Duisburg-Essen Universität, Seniorprofessur Politik u. Gesellschaft Chinas
IEP Bordeaux, Centre Émile Durkheim Institut d'études politiques de Bordeaux, Centre Émile Durkheim
Uni Franfkfurt/M, Politikwissenschaft Goethe Universität Franfkfurt, Institut für Politikwissenschaft
CNRS-EHESS, CEIAS Centre d’Etudes de l’Inde et de l’Asie du Sud
CNRS/Paris 8, CRESPPA CNRS/U. Paris 8, Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris

Aide de l'ANR 349 929 euros
Début et durée du projet scientifique : mars 2016 - 36 Mois

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