DS0802 - Inégalités, discriminations, intégration

Etudier l'influence des pratiques sportives sur l'intégration sociale en quartiers "sensibles" – ELIPSIS

Etudier l'influence des pratiques sportives sur l'intégration sociale en quartiers «sensibles«

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Saisir la conditionnalité des effets du sport

Certains territoires cumulent les handicaps: pauvreté, précarité professionnelle, échec scolaire, délinquance. Ils constituent ainsi des défis à l'intégration sociale. C'est à ces espaces sociaux que nous nous intéressons, en nous focalisant sur une commune dans laquelle plusieurs quartiers sont particulièrement concernés : Roubaix. Nous souhaitons y étudier l'impact des pratiques sportives sur l’intégration sociale. <br />D’abord parce que le sport est la pratique culturelle la plus populaire dans ces espaces sociaux. Il se présente ainsi comme un puissant relai potentiel des politiques publiques d’éducation et d’intégration. Ensuite parce qu’en dépit du fait que le sport soit régulièrement mobilisé dans les politiques de la ville, ses effets, notamment en dehors du sport, sont très peu testés. Le manque d’enquêtes de terrain, laisse ainsi le champ libre aux postures relevant davantage de la croyance que de la connaissance. <br />Nous nous proposons donc d’identifier ce que le sport participe à produire en matière d’intégration et surtout, à quelles conditions. C’est plus précisément sur la population des 15-29 ans que se concentrera notre enquête, parce que cette période de la vie peut être considérée comme un carrefour biographique lors duquel se jouent, choix d’orientation scolaires, études supérieures, accès à l’emploi, accès au logement, mise en ménage…autant d’événements dont on peut considérer qu’ils participent à l’intégration sociale autant qu’ils en sont les révélateurs.

La littérature sur la question de l’intégration par le sport est importante. Mais l’essentiel des enquêtes traite l’objet de manière ethnographique. Nous souscrivons absolument à l’intérêt de ces travaux, mais il nous semble qu’ils manquent parfois d’un complément quantitatif. C’est justement par la combinaison des méthodes que nous souhaitons contribuer à la connaissance sociologique sur la question. Car l’une de difficultés majeure repose sur notre volonté de mesurer l’influence de la pratique sportive (et non d’autres variables) en dehors du sport. Et cela constitue, nous semble-t-il, une autre zone d'ombre de la production scientifique sur la question. Nous articulons donc une première phase monographique afin de caractériser le territoire étudié (la ville de Roubaix) ; une seconde phase quantitative visant à identifier des corrélations statistiques entre des modes de pratiques sportives et des indicateurs de l'intégration scolaire, professionnelle et «normative« (par questionnaire auprès d'un échantillon espéré de 2000 à 3000 personnes) ; et une troisième phase, ethnographique, déclinée sur les terrains des dimensions de l'intégration que nous avons retenues (intégration scolaire, professionnelle et «normative«).

A ce stade du programme, les travaux sont en cours mais ne permettent pas de proposer des résultats.

Ces prochains jours et prochains mois seront notamment consacrés à la collecte de données quantitatives. Il s'agit de notre tâche principale pour la fin de l'année 2017.
Parallèlement à cela, l'enquête longitudinale sur les lycéens inscrits en section sportive se poursuit et les enquêtes ethnographiques s'amorcent (dans les associations sportives notamment).

Penin, N. (2017). Faut-il distinguer la production scientifique de ses usages sociaux ? 9ème congrès de la Société de Sociologie du Sport en Langue Française, 7-9 juin, Arras.

Roubaix est une ville pauvre. Avec 45% de sa population sous le seuil de pauvreté, elle est même la plus pauvre de France. Plus d’un actif sur 4 y est au chômage (au sens du recensement, en 2011, 29,9% de la population des 15-64 ans est sans emploi). Près d’un adulte sur trois est allocataire du revenu de solidarité active. Sa population connaît un accès à la propriété immobilière bien en dessous de la moyenne nationale (36,7% à Roubaix contre 57,8 pour la France métropolitaine) et contribue peu à l’impôt (plus de deux foyers sur trois sont non imposables).
Dans l’académie de Lille, qui regroupe le plus grand nombre d’établissements scolaires inscrits dans le programme «réseau REP+» du ministère de l’Education Nationale, Roubaix est la commune la plus représentée. Sa population est peu diplômée (35,5% de la population de 15 ans et plus non scolarisée n’est titulaire d’aucun diplôme, soit plus du double de la moyenne métropolitaine). Ainsi, on peut dire de cette commune, qu’elle concentre de nombreux indicateurs d'un territoire socialement fragilisé.
Plus de trois quarts de ses quartiers figurent dans la liste des zones urbaines sensibles telles que le Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports les définit. Roubaix a aussi été retenue parmi les Zones de Sécurité Prioritaires (ZSP) du Ministère de l’Intérieur qui y qualifie la délinquance «d’importante».
Notons enfin que la ville est une terre d’immigration : le taux de roubaisien-ne-s né-e-s à l’étranger, de nationalité étrangère, est plus de deux fois supérieur à la moyenne en France (19,3% contre 8,7%). Roubaix se présente comme un quasi modèle des espaces de relégation urbains. La ville incarne le "type idéal" de la «zone sensible», qu’il s’agisse de niveau de formation, de revenu, d’activité professionnelle, de délinquance. Se dessinent ainsi, les frontières d’un espace qui apparaît comme un défi à l’intégration sociale.
Nous nous proposons donc d’aborder cette question, centrale dans les axes 2 et 4 du défi 8, «Sociétés innovantes, intégrantes et adaptatives», en adoptant une entrée par le territoire. En empruntant aussi une voie originale : celle de la participation aux activités physiques et sportives et de son influence sur quelques dimensions de l’intégration sociale (cursus de formation, insertion professionnelle et participation à la délinquance). Plusieurs raisons président à ces choix. Les pratiques sportives sont fréquemment pensées et mobilisées comme un outil des politiques de la ville et des politiques d’intégration. Le sport, par les valeurs qu’il est supposé porter, constituerait un média éducatif de premier ordre. La reconfiguration des périmètres ministériels de 2014, "range" le sport dans le Ministère de la Ville (de la Jeunesse et des Sports). Les antennes régionales de ce Ministère, associent également à leur dénomination l’idée de cohésion sociale (DRJSCS – Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale).
Il est pourtant difficile de reconnaître au sport, a priori et définitivement quelques vertus d’intégration. Et rares sont les études qui posent le problème en ces termes. Plus précisément, si la littérature sur l’intégration par le sport est importante, l’essentiel des enquêtes traite l’objet de manière ethnographique. Nous souscrivons absolument à l’intérêt de ces travaux, mais il nous semble qu’ils manquent parfois d’un complément quantitatif. C’est justement par la combinaison des méthodes que nous souhaitons contribuer à la connaissance sociologique sur la question. Car l’une des difficultés majeure repose sur notre volonté de mesurer l’influence de la pratique sportive (et non d’autres variables) en dehors du sport. Et cela constitue, nous semble-t-il, un autre point obscur de la production scientifique sur la question.

Coordinateur du projet

Monsieur Nicolas Penin (Unité de recherche pluridisciplinaire Sport, Santé, Société)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

URePSSS Unité de recherche pluridisciplinaire Sport, Santé, Société

Aide de l'ANR 42 900 euros
Début et durée du projet scientifique : septembre 2015 - 36 Mois

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