La gestion des ressources sahéliennes : approches à échelles multiples dans le contexte de la Grande Muraille Verte en Afrique – FUTURE-SAHEL

WP1 se focalise sur la collecte, la structuration et la visualisation des données issues des sources nationales et internationales, et produites ou mobilisées par les chercheurs. L’alimentation de la base se fait de manière itérative et se poursuivra pendant la totalité du projet. Les données sont mises à la disposition de l’ensemble des acteurs par l’intermédiaire d’une architecture client-serveur utilisant des technologies libres.
Pour WP2, les méthodologies sont classiques : suivi des arbres plantés (survie et croissance), caractérisation quantitative et qualitative de la végétation naturelle dans les parcelles mise en défens (régénération naturelles des ligneux et du tapis herbacée).
Pour WP3, les approches d’écologie des populations de ligneux, de morphogénétique, et de biochimie pour déterminer la qualité des fruits sont employées. Pour WP2 et WP3, l’installation d’une station météorologique sur chaque site permet de relier les facteurs climatiques et le comportement des espèces étudiées.
Le WP4 explore la dynamique des socio-écosystèmes passés, présents et futurs. Pour le passé, une analyse historique (y compris des évènements clés opérant à différents échelles et impactant le zone) et systématique des projets de développement (sources internet, P3, entretiens locaux) dans le zone a été effectuée. Pour renseigner les SE actuellement disponibles, des méthodes d’enquêtes ethnobotaniques couplées aux ateliers de cartographie participative ont été employé dans 4 sites contrastés. Pour ce qui concerne le futur, nous démarrons le pilotage d’un protocole de« Resilience Assessments » : Wayfinder. Commissionné par le Global Resilience Partnership, Wayfinder est un protocole participatif innovant qui vise à permettre aux chercheurs, aux acteurs locaux et décisionnaires, d’analyser collectivement la situation de gouvernance des ressources naturelles en place, d’en identifier les points faibles et de collectivement explorer des scénarios de gestion alternatifs.

Un système de gestion de base de données, centré sur la GMV et alimenté par des données statistiques internationales et nationales, a été élaboré. Il est complété par la production de données sur le paysage et sa dynamique par le traitement d'images satellites. L'ensemble de ces données contribue fortement aux autres thématiques de l'étude : i) sur la séquestration du carbone via les espèces plantées de la GMV ; ii) sur l'extrapolation de la production régionale des fruits de Balanites aegyptiaca, une des espèces clef de la diversification des activités ; iii) sur l'analyse des services écosystémiques dans une perspective d'accroissement de la résilience socio-environnementale sur le tracé de la GMV.
Les recherches conduites sur 13 espèces indigènes d'arbres, plantées dans deux parcelles expérimentales choisies pour leur gradient pluviométrique, vont permettre de conseiller sur le choix des espèces à planter tout en maximisant la biodiversité. Les suivis de la régénération naturelle réalisées dans les parcelles mises en défens intégral permettent d'ores et déjà de recommander le recours à des actions visant à favoriser la régénération naturelle plutôt que la reforestation à grande échelle dans les zones où les pluies ne dépassent pas 300 mm/an.
L'analyse des peuplements de B. aegypticaca sur trois sites où diffèrent les propriétés physicochimiques des sols et les conditions climatiques permettent d'approfondir les connaissances écologiques de cette espèce prometteuse pour le développement de la zone. Des suivis phénologiques et le recueil des fruits pour la caractérisation de leur propriétés physicochimiques est en cours.
L'analyse de la résilience socio-environnementale de la GMV et des ses potentialités d'accroissement a débuté par l'étude systématique des projets de développement passés et de leur impact local. L'analyse des services écosystémiques montre leur richesse et que les unités paysagères (ou social-ecological patche) sont sources de multiples SE.

Future Sahel est à l’intersection de la recherche et du développement, avec des partenaires multiples se réunissant autour d’un objet commun : la GMV. Il est riche en applications comme en productions potentielles d’avancées conceptuelles dans notre compréhension des zones arides du Sahel. Le programme est conçu pour que les concepts émergent de façon continue et, conformément au titre du projet, à plusieurs échelles spatiales et temporelles. Dans la mesure où nous pouvons prédire avec une certaine acuité les types de connaissances qui seront générés (WP2 et WP3), nous sommes également convaincus que la richesse de l'information générée (issue de WP1 et WP4, en combinaison) produira, tout au long du projet, des informations inédites, des concepts novateurs et des innovations. Jusqu’ici, certains des principaux goulets d'étranglement en termes de progrès de la connaissance scientifique au Sahel ont été que i) une grande partie des données n'ont jamais été publiées et ii) quand elles l'ont été, cela a pris une forme très disciplinaire (l'histoire, un zoom sur une composante biologique particulière de l’écosystème, le climat, etc.). La «rupture conceptuelle» sera garantie par le caractère interdisciplinaire et multi-thématique du partenariat et la collaboration étroite avec les populations locales, principalement dans le WP4. Les outils novateurs créés persisteront au-delà de la durée de vie du projet : la base de données bien documentée, les parcelles expérimentales, «laboratoires en plein air» pour les chercheurs aujourd'hui et dans le futur, les espèces d’arbres élites dédiés aux stratégies de domestication, et une évaluation de la résilience multipartite qui aidera à concevoir la voie à suivre pour un avenir plus brillant du Sahel. Enfin, ce travail pourrait considérablement accélérer les processus décisionnels de la GMV au Sénégal et au Sahel, et dans d'autres contextes de développement dans lesquels l'opérationnalisation de la résilience est une priorité.

Conférence internationales :
- Setting up a Wayfinder pilot study in the context of the Great Green Wall of Africa. Resilience for Development Colloquium. 8-10 mai 2017. Johannesburg, South Africa.
- The Great Green Wall of Africa: a potential driver of transformation and increased resilience in Sahelian landscapes?” Transformations 2015. 5-7 oct, 2015. Stockholm, Sweden.
- Perception de l'arbre en contexte Sahélien. Séminaire LabEX DRIIHM, 9-11 mai, 2017. Aveiro, Portugal. halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01521743
- Interdisciplinarity and co-design of environment-society interactions at local and international level. Experiences from Senegal and Arctic Canada. European Regional Workshop for Future Earth. 5-6 nov, 2015. Innsbruck, Austria
- A Great Green Wall social-ecological systems database: A tool for researchers and managers. Séminaire LabEX DRIIHM, 9-11 mai, 2017. Aveiro, Portugal. halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01521755

Revues ACL :
- Biodiversity field trials to inform reforestation and natural resource management strategies along the African Great Green Wall in Senegal (en cours de re-soumission à New Forests)

Chapitres d'ouvrages :
- Cadre climatique et ressources en eau dans la zone de la Grande Muraille Verte sénégalaise (Jean-Luc Peiry & Olivier Voldoire) In : La Grande Muraille Verte en marche, (CNRS Editions, parution 2018)
- Hypertension artérielle des populations sahéliennes et salinité de l’eau de boisson provenant des forages dans la commune de Tessékéré, nord Ferlo, Sénégal (Priscilla Duboz, Jean-Luc Peiry, Gilles Boëtsch, Lamine Gueye, Enguerran Macia, Olivier Voldoire) In : La Grande Muraille Verte en marche, (CNRS Editions, parution 2018)

Vulgarisation
- par des articles : J. CNRS, Info.bae (Argentine), Ouest France, Expressen (S), Afrique Défi, Waterfront Magazine (dec.17), Rethink.
- par des films et émissions de radio : Science et Vie TV, BBC World Radio, France Culture.

Le Sahel africain est actuellement une des régions les plus vulnérables au monde. Si la diversité éco-géographique et sociale de ses territoires est grande, la région entière est pourtant affectée par une vulnérabilité écologique et sociale croissante, soulignant l’urgence d’une action concertée. De ce point de vue, l’adoption de l’initiative de Grande Muraille Verte pour le Sahara et le Sahel (GMV) en 2007 représente une avancée majeure. Initialement conçue comme un projet de reforestation, cette initiative panafricaine a peu à peu évolué en une série d’actions multisectorielles, tenant compte des dimensions sociale et écologique du système et de la diversité des territoires traversés. En tant qu’approche innovante dans l’amélioration des moyens de subsistance du Sahel, la GMV fait donc l’objet d’un intérêt croissant de la part de la communauté internationale. Cependant, le succès de cette GMV dépendra de sa capacité à réunir, générer, intégrer et utiliser intelligemment le savoir issu d’un grand nombre de disciplines scientifiques, prenant en compte la nature et la complexité des socio-écosystèmes. FUTURE-SAHEL est donc parfaitement adapté au contexte actuel. Grâce à des collaborations multisectorielles et interdisciplinaires, incluant d’éminents partenaires académiques internationaux et des gestionnaires des ressources naturelles de la GMV, la proposition de recherche que nous présentons est spécifiquement élaborée pour (1) analyser la création de solutions de gestion pragmatique des ressources (réunir et générer), (2) fournir un système conceptuel d’aide à la décision au sein du projet de GMV (intégrer) et, (3) avec l’Agence Nationale de la Grande Muraille Verte Sénégalaise comme partenaire, traduire cette recherche en de multiples actions (utiliser).
Au-delà de ces objectifs pratiques, les possibilités pour faire progresser la connaissance fondamentale du fonctionnement du socio-écosystème sahélien sont sans limites, tant à l’échelle temporelle qu’à l’échelle spatiale. Le programme de recherche comprend 4 work-packages, individualisés et interdépendants. Dans WP1, une base de données permettra de compiler et de spatialiser les informations issues des nombreuses sources externes existantes, des recherches scientifiques (associées notamment à WP2, WP3 et WP4 entre autres), et des actions liées à l’implantation de la GMV. Nous pourrons ainsi saisir la richesse et la dynamique des socio-écosystèmes situés le long du tracé sénégalais de la GMV et améliorer la compréhension des relations complexes entre les paramètres biophysiques, sociaux et écologiques. WP2 cherche à maximiser la biodiversité végétale utilisée dans la construction de la GMV, en prenant en compte les préférences des populations locales. Ce WP2 permettra également d’analyser les mécanismes d’adaptation des arbres au stress climatique. WP3 contribuera à la mise en valeur du potentiel socio-économique d’une espèce-type des reforestations en zone sèche : Balanites aegyptiaca, un arbre résistant à la sécheresse et très utilisé par les populations locales. Afin d’atteindre ce but, l’étude fondamentale de la biologie reproductive et des déterminants génétiques de la qualité des fruits sera réalisée. WP4 permettra d’explorer les territoires sahéliens du passé (histoire de la reforestation), du présent (cartographie des services écosystémiques actuels le long de la GMV avec des données de WP1, 2 et 3) et de l’avenir (par des approches multisectorielles et participatives, i.e. workshop sur les scenarios de résilience et leur évaluation) afin de construire une théorie de la résilience et d’élaborer un plan conceptuel du processus de décision pour la GMV. Enfin, FUTURE-SAHEL représentera un modèle pour d’autres pays concernés par la GMV et plus généralement pour des initiatives de développement à grande échelle, comme exemple d’interface fonctionnelle entre recherche et développement, fortement encouragée au plus haut niveau politique, mais rarement mise en pratique.