DS10 - Défi de tous les savoirs

Cognition et économie liée à l'outil. Une étude expérimentale, neuropsychologique et comparée – ECOTOOL

ECOTOOL: Cognition et économie liée à l'outil. Une étude expérimentale, neuropsychologique et comparée

Les outils offrent une économie en permettant à l’utilisateur de réduire les divers coûts (e.g., temps) nécessaires pour réaliser une tâche. Plusieurs questions émergent alors : la propension humaine à utiliser des outils reflète t'elle la capacité humaine à exceller pour se diriger vers les options les plus économiques ? L’évolution culturelle cumulative reflète t'elle la capacité humaine à extraire des comportements d’outils des congénères ceux qui sont les plus économiques ?

Objectifs généraux, verrous scientifiques/techniques

L’objectif du projet ECOTOOL est de se questionner sur les bases cognitives de l’économie liée à l’utilisation d’outils. Le projet vise à répondre à quatre questions fondamentales. La première est de savoir quel peut être la spécificité de notre système cognitif qui nous conduit au biais lié à l’outil. Par exemple, avons-nous tendance à sous-estimer les coûts ou surestimer les bénéfices associés à l’utilisation d’outils. La seconde est de savoir si notre façon d’évaluer l’économie liée à l’utilisation d’outils repose sur des processus cognitifs communs à d’autres situations où un risque est pris. Après tout, utiliser un outil correspond à un risque, celui de choisir une option qui peut être désavantageuse. La troisième est de savoir si le biais lié à l’outil est aussi présent chez des utilisateurs animaux (corneille de Nouvelle-Calédonie). Si ce biais est absent chez ces animaux, alors cela constituerait une piste intéressante pour expliquer la spécificité humaine à utiliser des outils. Enfin, la quatrième est de savoir si l’évolution culturelle cumulative reflète la capacité des humains à percevoir dans les actions outillées des congénères celles qui sont les plus économiques. En somme, le projet ECOTOOL vise à lever des verrous scientifiques à la fois dans le champ de la psychologie et dans celui de l’anthropologie.

Ce projet repose sur des recherches réalisées en psychologie expérimentale, neuropsychologie et psychologie comparée.

A ce jour, nous avons montré qu'il existe bien un biais orienté vers l'outil qui peut être modulé par le niveau d'expertise. Ce biais n'est pas présent dans des espèces animaux utilisant des outils comme les corneilles. Nous avons aussi observé que l'évolution cumulative repose essentiellement sur les capacités de raisonnement technique de l'apprenant leur permettant à ceux-ci d'extraire les meilleurs informations de ce que des enseignants peuvent leur montrer.

Nous envisageons d'approfondir ces résultats grâce à l'étude de patients neurologiques et également de débuter une étude IRMf sur la question de l'évolution cumulative.

A ce jour, le projet nous a permis de publier 17 articles dans des revues d'assez bonne qualité :
- American Psychologist
- Journal of Experimental Psychology: General (n = 2)
- Psychological review (n = 2)
- Neuroscience & BioBehavioral Reviews
etc.

Si les humains ne sont pas les seuls à utiliser des outils, l’utilisation humaine d’outils est toutefois spécifique à plus d’un titre. Par exemple, seuls les humains s’engagent spontanément dans des manipulations objet-objet et emploient une grande variété d’outils (i.e., la propension humaine à l’utilisation d’outils). De plus, seules les sociétés humaines développent des équipements techniques qui sont améliorés au cours des générations (i.e., l’évolution culturelle cumulative). Jusqu’à lors, les études ont focalisé leur attention sur la nature des connaissances impliquées dans l’utilisation. Bien qu’intéressantes, celles-ci n’offrent pas de réponses quant aux origines de la propension humaine à utiliser des outils ou l’évolution culturelle cumulative.

Pour modifier notre façon de conceptualiser les bases cognitives de l’utilisation humaine d’outils, il est nécessaire de mettre l’accent sur un aspect largement ignoré : Les outils offrent une économie en permettant à l’utilisateur de réduire les divers coûts (e.g., temps) nécessaires pour réaliser une tâche. Plusieurs questions émergent alors : la propension humaine à utiliser des outils reflète t'elle la capacité humaine à exceller pour se diriger vers les options les plus économiques ? L’évolution culturelle cumulative reflète t'elle la capacité humaine à extraire des comportements d’outils des congénères ceux qui sont les plus économiques ? A l’exception d’une étude de notre groupe, aucune étude jusqu’à lors n’a examiné comment les humains évaluent les coûts et bénéfices associés à l’utilisation d’outils. La recherche en neuroéconomie et économie comportementale est aussi silencieuse à ce niveau.

Le projet ECOTOOL vise à initier une série d’études sur les bases cognitives de ce que nous appelons « l’économie liée à l’utilisation d’outils ». Le projet vise à améliorer notre compréhension de la propension humaine à utiliser des outils (Sections 1, 2, 3) et de l’évolution culturelle cumulative (Section 4). Les questions soulevées sont les suivantes : (1) Est-ce que les humains évaluent correctement les coûts et bénéfices associés à l’utilisation d’outils ? Et, si non, quelle spécificité de notre système cognitif peut expliquer cela ? (Section 1 : Psychologie Expérimentale) ; (2) Existe-t-il une base commune pour l’évaluation des coûts/bénéfices liés à l’utilisation d’outils et d’autres comportements à risques (Section 2 : Neuropsychologie) ; (3) Est-ce que les humains diffèrent des utilisateurs animaux dans leur façon d ‘évaluer l’économie liée à l’utilisation d’outils ? (Section 3 : Psychologie Comparée) ; (4) Est-ce que l’évolution culturelle cumulative peut être expliquée par la capacité humaine à extraire des actions outillées réalisées par des congénères celles qui sont les plus économiques ? (Section 4 : Psychologie Expérimentale).

Le projet s’inscrit dans la création d’une nouvelle, jeune équipe du laboratoire d’Etude des Mécanismes Cognitifs (EMC, Université de Lyon). Cette nouvelle équipe sera officielle en Janvier 2016 et s’appellera COSy (Cognition, Outils, Systèmes ; Membres : F. Osiurak, J. Navarro, E. Reynaud). Un objectif de cette équipe est d’améliorer notre compréhension des bases cognitives de l’économie liée à l’utilisation d’outils en psychologie expérimentale, neuropsychologie, psychologie comparée, neuroimagerie et ergonomie. Soulignons que le laboratoire EMC place de grands espoirs dans la création de cette jeune équipe et est prêt à engager des fonds pour compléter le financement demandé ici, via une de ses sources de financement, le LABEX CORTEX (ANR-11-LABX-0042). En outre, ce projet est possible grâce aux collaborations régionales et européennes de cette équipe : le projet impliquera aussi Sophie Jacquin-Courtois du laboratoire IMPACT (Integration, Multisensory, Perception, Action, Cognition Team ; Université de Lyon, CNRS, INSERM, Hospices Civils de Lyon) et Auguste von Bayern du Behavioral Ecology Research Group (Université d’Oxford, Angleterre).


Coordination du projet

François OSIURAK (Laboratoire Etudes des Mécanismes Cognitifs - Université Lyon 2)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

EMC Laboratoire Etudes des Mécanismes Cognitifs - Université Lyon 2

Aide de l'ANR 198 484 euros
Début et durée du projet scientifique : septembre 2014 - 42 Mois

Liens utiles

Explorez notre base de projets financés

 

 

L’ANR met à disposition ses jeux de données sur les projets, cliquez ici pour en savoir plus.

Inscrivez-vous à notre newsletter
pour recevoir nos actualités
S'inscrire à notre newsletter