AGROBIOSPHERE - Viabilité et Adaptation des Ecosystèmes Productifs, Territoires et Ressources face aux Changements Globaux

ECOefficiences et développement TERritorial en Amazonie Brésilienne – ECOTERA

Eco-efficiences et développement territorial durable en Amazonie

Avec l’arrêt de la déforestation en Amazonie Brésilienne, les institutions et les agriculteurs ont besoin de connaissances et d’outils pour concilier la recherche d’éco-efficiences et un développement durable de leur territoire, notamment dans sa dimension sociale<br />

Des connaissances et des outils pour accompagner et améliorer les éco-efficiences

Les changements globaux affectent particulièrement la région amazonienne. L’expansion agricole sur la forêt, moteur du « développement du territoire », depuis cinq décennies, n’est plus possible. Dans cet espace désormais limité, les territoires amazoniens doivent planifier et promouvoir une transition dans les systèmes d’usage des terres rapide tout en répondant à des demandes sociales et productives croissantes. Dans ce contexte, l’objectif général du projet ECOTERA est de produire des connaissances pluridisciplinaires et d’élaborer des outils permettant aux acteurs locaux d’un territoire de concilier leur objectif de développement durable avec la mise en place de systèmes productifs et d’utilisation des terres éco-efficients. Il s’agit d’identifier et mesurer un jeu d’indicateurs d’éco-efficiences pertinents à différentes échelles, d’analyser comment les règles publiques et privées ainsi que les modèles techniques proposés ou induits sont appropriés ou rejetés par les différents types d’acteurs et de construire une démarche et des outils permettant d’intégrer ces connaissances et d’articuler les choix des agriculteurs et les projets territoriaux.

Le projet travaille sur un territoire emblématique d’Amazonie Brésilienne, Paragominas dans l’Etat du Para, premier Municipe (« municipio») vert d’Amazonie. Ce municipe est aujourd’hui considéré comme une référence pour l’ensemble des territoires amazoniens. La production d’une base de données opérationnelle d’indicateurs d’éco-efficiences repose sur la combinaison de méthodes issues de la micro-économie (coût-bénéfices, modélisation bio-économique), de la télédétection (analyse d’images SPOT, MODIS), de la géographie (analyse spatiale, cartographie), de l’agronomie (modèle sols-plantes) et de l’écologie (spatialisation des services écosystémiques). L’économie des proximités et les méthodes d’agronomie systémique sont mobilisées pour analyser la construction et l’appropriation de modèles techniques et institutionnels relatifs à l'éco-efficience et à l'adaptation aux changements globaux. Les connaissances et outils élaborés au cours du projet sont intégrés dans une démarche d’accompagnement pour co-construire avec les acteurs locaux des scénarios prospectifs de développement territorial. Ces scénarios visent à faciliter le choix de stratégies de gestion du territoire et de ses exploitations agricoles permettant de concilier l’adaptation aux changements globaux, les éco-efficiences et l’inclusion sociale. Cette démarche repose sur un processus de modélisation d’accompagnement de type Commod (Companion Modeling).

A mi-parcours, les premiers indicateurs d’éco-efficience élaborés permettent de mettre en évidence le poids de la texture des sols et de la proximité des routes asphaltées dans les logiques d’intensification des pâturages. De plus, si l’ éco-efficience en énergie des systèmes d’élevage bovin varie fortement entre les différents types d’exploitation, en ce qui concerne les systèmes entrepreneuriaux, la comparaison avec d’autres pays du monde indique que la production de viande est beaucoup plus éco-efficiente en énergie. Ceci s’explique par des systèmes de production à faible utilisation d’intrants en Amazonie, bénéficiant d’une énergie solaire élevée et de pluies abondantes.
En outre, les premiers résultats acquis sur les changements de pratiques agricoles au sein de l’agriculture familiale de Paragominas montrent qu’ils sont essentiellement déterminés par des facteurs économiques (nouveaux marchés, exigences sanitaires…) et non pas par des préoccupations ou régulations environnementales.
Enfin, un nouveau projet a été obtenu en partenariat avec le CIFOR (financé par le Challenge Program CCAFS) qui permettra de valoriser une partie des résultats d’ECOTERA puisqu’il vise la mise en place d’un système de certification territoriale basé sur des indicateurs de suivi de certaines éco-efficiences dans le territoire.

Un des résultats majeurs escomptés de ce projet est l’identification de stratégies d’action publique et privée, à différentes échelles (propriété, paysage, territoire), permettant de concilier la recherche d’éco-efficiences et un développement territorial durable, notamment dans sa dimension sociale. Les marges de manœuvre des institutions en charge du développement territorial pour inclure la plupart des acteurs dans l’amélioration des éco-efficiences en répondant aux nouvelles contraintes et opportunités posées par les changements globaux seront clairement identifiées.

A mi-parcours, les premiers résultats et les méthodes innovantes mises en œuvre pour évaluer différents types d’éco-efficiences dans le territoire font l’objet de présentations acceptées dans 3 séminaires scientifiques internationaux (Envibras 2014: Meio ambiente e Geomática: abordagens comparadas França-Brasil«, 12-15 nov. 2014, Rennes (França); 7th International Congress for Conservation Biology, 2-6 august 2015, Montpellier; 5th International Symposium for Farming Systems Design 7-10 September 2015, Montpellier, France)

L’objectif général du projet ECOTERA est de produire des connaissances multidisciplinaires et d’élaborer des outils permettant aux acteurs locaux d’un territoire confronté aux changements globaux de concilier leur objectif de développement durable avec la mise en place de systèmes productifs et d’utilisation des terres éco-efficients.
Il travaillera sur un territoire d’Amazonie Brésilienne, le municipe de Paragominas. En effet, les changements globaux affectent particulièrement la région amazonienne, imposant de redéfinir les relations entre production de biens agricoles et forestiers et environnement. En Amazonie brésilienne, l’expansion agricole sur la forêt, moteur du « développement du territoire » depuis cinq décennies, n’est plus possible. Cette rupture, imposée par une intervention forte de l’état fédéral, a abouti à une très forte réduction de la déforestation. Dans cet espace désormais limité, les territoires amazoniens doivent planifier et promouvoir une transition agraire rapide tout en répondant à des demandes sociales et productives croissantes. Face à ce défi, un nouveau discours politique émerge, porté par des leaders agricoles et élus locaux. Ils souhaitent promouvoir l’écoefficience des systèmes de production, qui deviendraient plus compétitifs et leurs produits plus valorisables grâce à une image verte, permettant ainsi une nouvelle voie de développement des territoires. Dans ce contexte, Paragominas est emblématique par la mise en œuvre d’un modèle de la « Municipalité Verte ». Toutefois un diagnostic réalisé en 2012 montre que si les objectifs de réduction de la déforestation sont atteints, les connaissances et les outils pour promouvoir les écoefficiences dans le territoire restent limités et que les risques de ségrégation au sein du territoire sont élevés.
Le projet est organisé autour d’une tâche de coordination (tâche 1) et de trois tâches scientifiques, qui articulent chacune les niveaux des exploitations agricoles et du territoire. La tâche 2 évaluera les écoefficiences des systèmes de production et du territoire avec la construction d’indicateurs spatialisés et d’outils cartographiques. La tâche 3 analysera les proximités géographiques et organisées (groupes d'acteurs, réseaux) et la manière dont elles influencent les dynamiques d'innovation territoriale (construction et appropriation de modèles techniques et organisationnels) relatives à l'écoefficience et à l'adaptation aux changements globaux. La tâche 4 intégrera les résultats des deux précédentes pour construire les enjeux de développement du territoire et des scénarios de développement territorial s’articulant à ceux des exploitations agricoles. Dans un souci de mise en œuvre opérationnelle des résultats, cette construction repose sur une démarche de modélisation d’accompagnement (Commod) où les acteurs envisageront diverses hypothèses de réalisation de politiques publiques et d’évolution des contraintes et opportunités liées aux changements globaux. Cette démarche permettra de construire et explorer des stratégies d’action territoriale et individuelle qui pourront inspirer d’autres communes, permettant de concilier la recherche d’écoefficiences et un développement territorial durable.
Le projet EcoTera s’appuie sur un collectif pluridisciplinaire de quinze chercheurs français et brésiliens travaillant et collaborant pour la plupart depuis une décennie en Amazonie. A ce cœur d’équipe s’ajoutent des institutions françaises de référence sur les approches clés du projet : l’écoefficience (UMR ESO) et les proximités (UMR SADAPT). L’équipe bénéficie en outre de relais stratégique auprès du CIFOR et de différents réseaux scientifiques.

Coordination du projet

Marie-Gabrielle PIKETTY (Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

UMR ESO 6590 / UNIVERSITE DU MAINE Unité Mixte de Recherche Espace et Sociétés - Le Mans
EMBRAPA-Belem Empresa Brasileira de Pesquisa Agropecuaria - Belem
UMR SAD-APT / INRA VERSAILLES GRIGNON Unité Mixte de Recherche Science Action Développement Activités Produits Territoires
UFPA - NCADR Universidade Federal do Para - BRESIL
CIRAD ES Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement

Aide de l'ANR 444 699 euros
Début et durée du projet scientifique : janvier 2014 - 36 Mois

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