VBD - Villes et Bâtiments Durables

Le skyline : un concept opérationnel pour la gouvernance de la silhouette urbaine face aux retour des tours à Paris, Lyon et Londres – SKYLINE

Le skyline : un concept opérationnel pour la gouvernance de la silhouette urbaine face aux retour des tours à Paris, Lyon et Londres

SKYLINE est une recherche associant chercheurs et praticiens sur les enjeux politiques, économiques et sociaux d’une dimension contestée du paysage urbain : le skyline. Le projet est justifié par l’absence de conceptualisation du skyline et la multiplication récente des tours dans les villes européennes. Le projet porté par M. Appert, mobilise EVS, l’EIVP, le LIRIS et l’Agence d’urbanisme de Lyon. Skyline a bénéficié d’une aide ANR de 295?000 euros pour un coût complet de 1?137?213 euros.

La verticalisation de l’urbanisation et l’impact paysager des tours dans le skyline des métropoles

Du fait de leur proéminence, les tours induisent des impacts paysagers majeurs qui en font les édifices parmi les plus contestés, au moment où le paysage est mobilisé pour faire adhérer les populations aux projets urbains. Promouvoir une ville durable ne se limite pas à identifier et mettre en œuvre les conditions d’une ville moins énergivore?; il s’agit aussi de considérer l’altération potentielle des rapports des sociétés urbaines à leur paysage dans le contexte de verticalisation de l’urbanisation. Projection des activités, des normes et des règlements urbains, le paysage urbain est un marqueur territorial et une ressource économique et sociale. Le retour des tours mobilise plusieurs dimensions du paysage dont le skyline, en tant que matérialité et représentation d’une vaste portion du territoire urbain lue dans sa verticalité. Il est au cœur de conflits entre acteurs économiques, praticiens, élus et associations. Le projet SKYLINE a pour ambition de mesurer la verticalisation en cours, d’identifier les enjeux de l’impact paysager des tours dans le skyline et de proposer des outils d’aide à la décision à l’attention des collectivités, mais aussi des associations mobilisées.

La première étape consiste à dresser un diagnostic spatio-temporel de la construction d’immeubles de grande hauteur dans les villes européennes. De là, nous identifions les tendances lourdes et leur variabilité selon les métropoles européennes. À l’échelle infra-urbaine, une analyse est menée plus spécifiquement sur le cas de Londres pour identifier les contextes socio-économiques, morphologiques et réglementaires d’implantation des tours. Une deuxième étape consiste à l’élaboration d’une définition opérationnelle du skyline qui acte son ancrage dans la notion de paysage urbain. Cette définition sert ensuite à critiquer les contextes réglementaires qui influencent directement, ou indirectement l’évaluation des projets de tours en Europe et aussi, grâce à une mise en perspective, aux États-Unis et au Japon. La dernière étape repose sur l’élaboration d’une série d’outils conceptuels et techniques à l’adresse des collectivités et des associations impliquées qui se positionnent par rapport à l’impact paysager des projets de tours.

Nous avons d'abord développé une réflexion sur la spatialité du retour des tours et sur les conditions de production de la ville verticale aujourd’hui. Pour cela, nous avons exploité et augmenté la base de données EMPORIS. Dans une démarche d’analyse spatiale, nous avons construit plusieurs indicateurs qui rendent compte de la localisation des tours contemporaines et des conditions locales de leur implantation (densité, fonctions, caractéristiques des populations ou d’accessibilité).

Nous avons ensuite proposé une définition opérationnelle du skyline que nous avons enchâssé dans la notion de paysage urbain. Ce parti-pris a permis de prendre en charge les rapports entre société et territoire et leur médiation par le visuel. Du paysage-système (Rimbert, 1973), le paysage urbain, devient une construction politique, culturelle et économique résultant des rapports entre les sociétés humaines et l’espace urbain. En cela, il est devenu un enjeu sociopolitique essentiel à la fois de connaissance et de gouvernance (Roncayolo et Paquot, 1992).

Pour saisir et mesurer la réception des transformations du skyline, nous avons mené 8 enquêtes pour évaluer les perceptions des publics. À travers la recension et l’évaluation des représentations des individus, nous avons pu caractériser les appréciations esthétiques en jeu, mais aussi surtout esquisser les liens entre les individus et leur cadre de vie dans des espaces urbains souvent hétérogènes.

Enfin, une mesure géométrique de l'impact paysage des tours et des skylines a été mené. Grâce à l’utilisation du modèle 3D de la métropole de Lyon et à l'insertion d'autres items tels que la végétation, nous sommes parvenus à préciser la mesure du skyline et les lieux à partir desquels il est visible. Nous avons aussi pu caractériser ces vues et points de vues. Ces travaux affinent ceux menés sur Paris par l’APUR, Rotterdam, (Nijhuis et al., 2011) et Turin (Cassatella, 2011).

Un nouvel agenda de recherche sur le l'urbanisme vertical impulsé par SKYLINE

De SKYLINE a découlé une réflexion plus large sur la dimension verticale de l’urbanisation (colloque Ville Verticale, Lyon, 2015) puis sur un colloque organisé à Lyon en novembre 2015. Des rencontres et réflexions lors de ces différents projets ont émergé de nouveaux objets et de nouvelles questions, qui structureront demain les investigations scientifiques de collectifs à géométrie variable.
Nous proposons notamment de conceptualiser de nouveaux objets, telle que la canopée de la ville, ou de réinterroger des objets techniques tels que l’ascenseur, à travers le prisme des usages et des conditions d’accessibilité. Les recherches plurielles envisagées sur la ville verticale sont agencées en trois champs : la mesure, la représentation et la visualisation, l’habiter et la régulation.

L’agenda de recherche sur la ville verticale se fonde sur la capitalisation progressive d’un travail de terrain à la fois collectif et pluriel, dans les approches et les méthodes mises en œuvre. Le colloque international « La ville verticale : explorer et penser la dimension verticale de l’urbanisation ?» organisé par le collectif SKYLINE à Lyon en novembre 2015 et qui a rassemblé des chercheurs d’horizons disciplinaires et épistémologiques différents, a contribué à rendre plus lisible la pluralité des recherches sur les objets à forte dimension verticale ou sur les dynamiques urbaines appréhendées dans la troisième dimension. Il a également rendu possibles de nouveaux partenariats et collaborations.

Les recherches effectives et envisagées reposent sur :
- 3 programmes intégrés, financés (CANOPY-IMU, Chaire HEVD et l'ANR HIGH-RISE),
- 5 thèses et plusieurs mémoires de masters 1 et 2,
- 4 travaux éditoriaux dont 4 numéros de revue (Géocarrefour, Built Environment, Métropolitiques et Géographie et Culture) et un ouvrage plus méthodologique sur la gestion des skylines avec Claudia Cassatella.

2017 – Manuel Appert, Martine Drozdz, Andrew Harris, 2017, High-Rise Urbanism in Contemporary Europe, Built Environment, vol. 43, n°4.
2017 – Maxime Huré, Christian Montès, Manuel Appert, The governance of office tower projects in a European second city : the case of Lyon, Built Environment, vol. 43, n°4, pp. 520-538.
2017 – Christian Montès, Manuel Appert, Martine Drozdz, Imaginaires de la vi (ll) e en hauteur, Géographie et cultures, 102.
2017 — Manuel Appert, Maxime Huré, Raphael Languillon, Gouverner la ville verticale, Géocarrefour, vol 91, n° 2.
2017 – Raphael Languillon, Verticalisation des quartiers d’affaires et maturité urbaine à Tokyo, Géocarrefour, vol. 91, n° 2.
2016 – François Brégnac, Christian Montès, De la connaissance intime du lieu au contrôle marketing du paysage dans la construction du skyline d’une métropole. Retour sur La silhouette urbaine de Lyon (1990), Métropolitiques.
2016 – Raphael Languillon, La surrection du skyline de Tokyo : entre verticalisation opportuniste et effet de composition, Urbia, Lausanne, numéro spécial n° 3.
2016 — Martine Drozdz, L’espace du discours. Médias et conflits d’aménagement à Londres, L’Espace Géographique, vol. 45, n° 3.
2016 — Manuel Appert, The resurgence of towers in European cities, Métropolitiques, 19 février.
2015 – Raphael Languillon, The Tokyo skyline, or the hidden order behind opportunistic construction, Metropolitics.
2015 — Manuel Appert, Christian Montès, Réguler le skyline : une approche hybride associant chercheurs et praticiens, Lazzeri et al., Participation créative et paysage. Collection Espace et développement durable.
2015 — Manuel Appert, Christian Montès, Skyscrapers and the redrawing of the London’s skyline: a case of territorialisation through landscape control, Articulo, n°7.
– Manuel Appert, Christian Montès, The skyline research project. A new field of study in urban morphology: the metropolitan skyline. Urban Morphology, Vol. 18 n°1, pp. 75-77.

SKYLINE est un projet de recherche exploratoire, collaboratif et comparatiste sur les enjeux politiques, économiques et sociaux d’une dimension de plus en plus contestée du paysage urbain : le skyline. Le projet est justifié par l’absence de conceptualisation du skyline, alors même qu’émergent et se multiplient des conflits dans les villes européennes autour de l’impact paysager des tours et que des études conduites par des collectivités commencent à envisager de lever les plafonds de hauteur. Dans le contexte de développement durable, notre mission est de construire les principes de gouvernance de cette dimension du paysage urbain de plus en plus contestée.
En partant de l'hypothèse selon laquelle le skyline est une dimension du paysage urbain, il est simultanément la mise en scène globale de sociétés passées et presentes, un patrimoine et de plus en plus une ressource économique. En effet, il peut être vecteur de cohésion sociale ou à l’inverse de conflits, porteur de mémoire(s) et créateur ou destructeur de valeur économique. Ces différents enjeux expliquent la multiplication des contestations autour de la transformation d’un ensemble de vues urbaines dans les villes européennes depuis 2000. De nombreux acteurs sont concernés à différentes échelles : acteurs du marché immobilier, architectes, urbanistes, paysagistes, associations et parfois l’UNESCO. Se pose alors la question de l’élaboration d’un projet de skyline qui permettrait de concilier la viabilité économique du paysage, la pluralité des identités urbaines et la promotion d’un “vivre ensemble”, dans un contexte instable de métropolisation et d’un urbanisme multiéchelle, négocié et participatif. Dans le contexte de la ville durable, SKYLINE entend poser les principes d’une régulation de la silhouette urbaine en clarifiant les stratégies des acteurs évoqués ci-avant pour formuler les principes d’une gouvernance du skyline.
Composée d’une équipe pluridisciplinaire (SHS, sciences de l'ingérieur et sciences dures), SKYLINE s’est fixé plusieurs objectifs. Il s’agit en amont de définir ces combinaisons particulières de vues et points de vue qui donnent à voir de vastes portions du territoire urbain et à embrasser la globalité des formes matérielles de la société urbaine. Il s’agit ensuite d’identifier et de comprendre les enjeux politiques associés à la transformation, préservation et aux représentations de la silhouette urbaine pour formaliser le skyline en système. Cet effort de formalisation nous permet in fine à la fois d’enrichir et de structurer le débat public sur l’impact paysager des tours ou d’autres édifices de grande hauteur.
Notre projet, qui se positionne au stade de la formulation du problème politique – au sens d’un vivre ensemble recevable - et des principes de gouvernance, est aussi méthodologiquement innovant en associant chercheurs, praticiens et membres de la société civile pour mener une recherche participative et interactive. Tous trois sont conjointement invités à « défricher », expliciter et construire le concept de skyline pour dessiner les principes de sa gouvernance.
Pour traiter de ces problématiques, Paris, Lyon et Londres sont nos terrains laboratoires. Ces trois cas d’étude permettent de mettre en perspective les enjeux politiques du skyline dans des contextes règlementaires et socio-économiques différents. La mise en valeur des points communs et des spécificités des trois terrains laboratoires permet le décentrement nécessaire à la construction du concept opérationnel de skyline et d’alimenter les échanges d’expériences entre chercheurs, praticiens et société civile.
SKYLINE est porté par EVS (Lyon2), avec pour partenaires : l'EIVP-Ville de Paris, le LIRIS (Lyon1-2) et l'Agence d'Urbanisme de Lyon.

Coordination du projet

Manuel APPERT (Laboratoire Environnement Ville Société) – appert.manuel@orange.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

EVS Laboratoire Environnement Ville Société
EIVP EIVP-Ville de Paris
LIRIS LIRIS
AU Lyon AU Lyon

Aide de l'ANR 293 087 euros
Début et durée du projet scientifique : janvier 2013 - 36 Mois

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