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La culture du millet dans le Caucase pré- et proto-historique : Origine et développement – ORIMIL

La culture du millet dans le Caucase préhistorique : Origine et développement

Le Caucase, au carrefour de l’Europe, du Proche-Orient et de l’Asie centrale, est une région clé pour explorer la diffusion des matériaux et des innovations techniques. Elle est au cœur des problématiques actuelles concernant la diffusion des plantes, dont le millet. Parmi les céréales domestiquées, le millet est l’une des plus tolérantes aux conditions de sécheresse. Ainsi, sa domestication et sa consommation constituent un élément fondamental dans l’histoire du développement de l’agriculture.

Domestication et consommation du Millet : Elément fondamental de l’histoire du développement de l’agriculture

: Notre projet ORIMIL propose d’étudier l’origine de la culture du millet et de son développement dans le Caucase entre le Néolithique et l’âge du Fer, en relation avec l’organisation économique et sociale des sociétés correspondantes. Pour la région sud du Caucase, le cadre d’étude comprend la Géorgie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan. La question soulevée est la suivante : cette région du Caucase peut-elle être considérée comme un foyer d’expansion de cette céréale, à partir de quand et comment ? Pour cela, les objectifs sont : (1) d’identifier les premières traces de la présence du millet en différentes localités du Caucase et de discuter en quoi elles pourraient témoigner de la pratique de la mise en culture de cette céréale par les groupes humains ;(2) de réaliser une chronologie à haute résolution de la mise en place de la culture du millet dans ces différentes localités afin de vérifier s’il y a une diffusion de proche en proche de cette pratique, si tel est le cas d’identifier les voies de diffusion, ou bien de montrer s’il s’agit d’évènements isolés.<br />Le fait de cultiver certaines espèces végétales, ou de les domestiquer, laisse des traces qu’il est possible d’identifier dans les sites archéologiques. En effet, la domestication des plantes se traduit par des modifications de leur morphologie (augmentation des grains ou des fruits) et par la présence dans des quantités importantes de restes carbonisés dans les sites archéologiques. Des restes végétaux peuvent se retrouver sur les outils de préparation alimentaire (décorticage/mouture) en pierre. Des témoignages de la culture et de la consommation de cette céréale peuvent également s’enregistrer dans les tissus biologiques (ou l’organisme) des consommateurs, qu’ils soient humains et animaux. Ainsi, afin de répondre aux objectifs de ce projet, plusieurs indicateurs ont été choisis pour détecter la présence et la consommation du millet.<br />

Les indicateurs pour détecter la présence et la consommation du millet sont de plusieurs types. Il s’agit :
(1) d’indicateurs en rapport direct avec la présence des végétaux qui reposent sur l'identification morphologique (et quantitative) des restes végétaux (carpo-reste/phytolithe/pollen) et l’étude chimique des composés libérés par le millet dans les sédiments. Ces marqueurs sont enregistrés dans les sédiments archéologiques provenant des sites d’habitation ou de séquences naturelles ;
(2) d’indicateurs de la consommation du millet enregistrés dans les tissus des consommateurs humains et animaux, comme notamment les isotopes stables du carbone qui permettent d’identifier le millet car cette céréale utilise une photosynthèse de type C4 présente des valeurs isotopiques qui se distinguent de la majorité des autres céréales qui utilisent une photosynthèse de type C3, cette signature particulière permet ainsi d’en détecter sa consommation. Pour cela, les phases organiques et minérales des squelettes sont analysées afin de distinguer s’il s’agit d’une consommation directe du millet ou une consommation secondaire résultant de la consommation des animaux ayant consommé du millet ;
(3) d’indicateurs correspondant aux traces laissées par les végétaux sur les outils utilisés par les hommes lors de la préparation des aliments (mouture/décorticage). Ces traces sont mises en évidence par l’analyse de tracéologie optique ainsi que l’analyse des micro-restes (résidus de phytolithes) ;
(4) Enfin, d’autres indicateurs relevant de l’analyse des paysages et des climats qui permettent de cerner les zones potentiellement propices à la culture du millet offrant l’opportunité de distinguer la part des facteurs environnementaux et culturels à l’origine de l’expansion de cette céréale.

Les résultats sont beaucoup trop partiels pour être détaillés ici.

La portée d’un tel projet est d’apporter in fine des informations inédites et novatrices relativement à la domestication des céréales dans l’isthme caucasien entre le Néolithique et l’âge du Fer. Ces changements importants dans l’économie de subsistance constituent des clés de compréhension des mutations observées chez les sociétés pré et proto-historiques. Ainsi, à partir des différents indicateurs retenus, ce projet vise à obtenir une cartographie spatiale et diachronique de la présence de millet cultivé. Pour chaque localité, les résultats issus de l’approche pluridisciplinaire permettront d’inférer sur le ou les facteur(s) géographique, climatique, culturel et/ou économique impliqués dans la diffusion de cette production agricole. La mosaïque spatio-temporelle de la présence du millet ainsi obtenue nous permettra également de proposer des hypothèses sur l’origine de l’exploitation de cette céréale.
Notre stratégie est de réaliser, dans un premier temps, une valorisation des résultats à l’échelle des différents sites ou régions étudiés et, dans un deuxième temps, une valorisation des résultats à l’échelle soit géographique, soit chrono-culturelle. Par ailleurs, les retombées économiques ont, d’ores et déjà, été envisagées par une action de culture et de communication scientifique et technique auprès du grand public prévue dans le cadre de la collaboration déjà existante avec le Musée des Confluences. Nous participerons à l’intégration des résultats du projet de recherche au sein de l’exposition de synthèse et de référence. Cette exposition exploitera les résultats du programme ORIMIL à partir des faits archéologiques (contextes chronologiques et culturels), des méthodes pluridisciplinaires mises en œuvre pour documenter la présence du millet et sa mise en culture.

Les résultats sont beaucoup trop partiels pour déjà faire déjà l’objet d’articles publiés.

Le Caucase, au carrefour de l’Europe, du Proche-Orient et de l’Asie centrale, est une région clé pour explorer les modalités de diffusion des matériaux, des savoir-faire et des innovations techniques. Cette zone géographique (Sud Russie, Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan) se situe au cœur des problématiques actuelles concernant la diffusion des plantes, dont le millet, entre l’Asie et l’Europe. Parmi les céréales domestiquées par l’homme, le millet est l’une des plus tolérantes aux conditions de sécheresse. Elle présente notamment une croissance rapide et une haute teneur en protéines. Pour ces raisons, la domestication et la consommation du millet constituent un élément fondamental dans l’histoire du développement de l’agriculture. C’est à ces questionnements sur les diffusions agricoles et culturelles à l'échelle du Caucase que ce projet tentera de répondre. Notre projet ORIMIL se propose de documenter la question de l’origine et du développement de la culture du millet dans le Caucase entre le Néolithique et l’âge du Fer en combinant plusieurs approches: botaniques (graines, phytolithe, pollen...), chimiques (molécule caractéristique comme la miliacine), isotopiques (signaux alimentaires enregistrés dans les tissus des humains et des animaux) et archéologiques (outils de broyage). Pour répondre à ces objectifs, nous avons constitué une équipe pluridisciplinaire d’archéologues, d’anthropologues, de botanistes et de paléoenvironnementalistes impliquant des chercheurs ayant une bonne connaissance des terrains caucasiens et un solide réseau de contacts sur place. Notre recherche se fonde sur (1) un corpus des données récentes issues de fouilles en cours, menées en intégrant les précautions nécessaires à un échantillonnage anthropologique, environnemental et archéologique fiable, (2) des enregistrements paléoenvironnementaux continus (séquences lacustres) et (3) des corpus de données issues de collections (Musées, Instituts dépositaires) dont la richesse constitue une valeur ajoutée à cette étude. Les résultats seront replacés dans un contexte géographiquement plus large grâce à une base de données spatiale, afin de proposer des hypothèses sur la provenance de la diffusion de cette céréale dans l’isthme caucasien. In fine, il s’agira de confirmer l’hypothèse d’un foyer de domestication ad hoc, ou dans le cas contraire, d’identifier l’influence et les voies de diffusion possible en provenance du Nord (Asie) et/ou du Sud (Proche-Orient). En plus d’une diffusion scientifique des résultats, nous participerons à une action de promotion de la culture et de la communication scientifique au travers d’une exposition de synthèse et de référence réalisée en partenariat avec des professionnels muséographes. Celle-ci sera présentée dans les murs du futur Musée des Confluences (Département du Rhône) à Lyon.

Coordination du projet

Estelle Herrscher (Laboratoire méditerranéen de Préhistoire Europe Afrique) – herrscher@mmsh.univ-aix.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CNRS DR12 _LAMPEA Laboratoire méditerranéen de Préhistoire Europe Afrique

Aide de l'ANR 200 000 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2012 - 36 Mois

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