CULT - Métamorphoses des sociétés. Emergences et évolutions des cultures et des phénomènes culturels.

De la discomorphose à la numérimorphose. Impact du virage numérique sur la formation des goûts et les usages de la musique au quotidien – MUSIMORPHOSE

MUSIMORPHOSE

De la discomorphose à la numérimorphose. Impact du virage numérique sur la formation des goûts et les usages de la musique au quotidien.

Enjeux et objectifs.

Ce projet vise à étudier le « virage numérique », c’est à dire le passage d’un univers culturel défini par la présence de contenus physiques à un univers où la dématérialisation des contenus est susceptible de reconfigurer en profondeur nos modes d’être au monde.<br /><br />Pour analyser ce « virage numérique », nous avons choisi de nous intéresser aux mondes de l’art, et plus précisément à la musicalisation du quotidien et à sa reconfiguration sociotechnique.<br /><br />Si nous avons choisi ce domaine, c’est à la fois parce que la consommation musicale est une expérience sociale très largement partagée, parce que l’innovation technologique - du vinyl au MP3 - y est un facteur prépondérant de transformation des usages, parce que le téléchargement illégal et les échanges de pair à pair sont devenus un enjeu prépondérant de l'intervention publique et enfin, parce que notre expérience quotidienne de la musique ne se réduit pas à la simple écoute mais met en jeu nos identités, notre rapport à la temporalité, nos affects et nos attachements, notre façon de concevoir et d’articuler espaces publics et privés, etc., bref, constitue une expérience sociale très complète.<br /><br />Nous nous fixerons trois objectifs : d’une part, périodiser le « virage numérique » en produisant simultanément une réflexion de type épistémologique sur ce que signifie faire une sociohistoire de cette mutation. D’autre part, comprendre comment le basculement de la culture analogique à la culture numérique – et l’apparition d’un public de « digital natives » - ont pu transformer nos usages quotidiens de la musique. Enfin, envisager l’hypothèse selon laquelle le numérique (et en particulier les réseaux sociaux) modifierait les paradigmes traditionnels à partir desquels nous envisageons la question des goûts, avec notamment les phénomènes de consommation illégale mais aussi l’hypothèse d’une forme inédite de démocratisation culturelle par l’internet.

Nous vivons une période charnière où le modèle de l'industrie musicale traverse, depuis les débuts des années 2000, une crise quasi ininterrompue des ventes mais où, simultanément, le marché de la musique numérique semble progresser significativement. En effet, la dématérialisation des contenus - ce que F. Granjon et C. Combes ont baptisé la « numérimorphose », terme qui, succédant à la « discomorphose » d’Antoine Hennion, prend acte d’un basculement de régime dans les relations de l’amateur à la musique -, désigne l’émergence de nouveaux usages : de fait, les règles d’écoute ne sont pas immuables. Un siècle entier d’enregistrements musicaux a déjà transformé nos attentes sur la musique, les sonorités, les espaces et les formats qui nous permettent de l’écouter. Pourtant, ces mutations dépendent de discrets changements de valeur s’accumulant au fil du temps, et entre autres d’une uniformisation des codes traditionnels et des pratiques plus récentes. En bref, au fur et à mesure que les régimes numériques prennent forme, les limites de ce qui est acceptable évoluent : écouter, posséder, partager, archiver connaissent des transformations importantes avec l’apparition du streaming, la co-existence de multiples supports d’écoute (l’ordinateur voisine avec la chaîne Hi Fi et le baladeur MP3), la présence de la musique sur les réseaux sociaux, etc. Ainsi, la dématérialisation inverserait le paradigme jusqu’alors dominant, celui où la musique finissait par se confondre avec le médium (la cassette, l’album vinyl, le CD), pour lui substituer un nouveau paradigme : la musique deviendrait un service et non plus un data, on passerait d’une société du produit à une société de l’expérience.

Pour mener à bien ce projet ANR, sont associés des sociologues de la culture, des ethnomusicologues et des spécialistes de la sciences informatique issus de trois laboratoires partenaires (Centre Atlantique de Philosophie de l’université de Nantes ; laboratoire d’informatique de Nantes ; Centre de recherche sur les arts et le langage de l’EHESS).

Les différentes enquêtes - quantitatives et qualitatives - liées au projet sont en cours.

En cours.

En cours.

Ce projet vise à étudier le « virage numérique », c’est à dire le passage d’un univers culturel défini par la présence de contenus physiques à un univers où la dématérialisation des contenus est susceptible de reconfigurer en profondeur nos modes d’être au monde. Pour analyser ce « virage numérique », nous avons choisi de nous intéresser aux mondes de l’art, et plus précisément à la musicalisation du quotidien et à sa reconfiguration socio-technique. Si nous avons choisi ce domaine, c’est à la fois parce que la consommation musicale est une expérience sociale très largement partagée, parce que l’innovation technologique - du vinyl au MP3 - y est un facteur prépondérant de transformation des usages, parce que le téléchargement illégal et les échanges de pair à pair sont devenus un enjeu prépondérant de l'intervention publique et enfin, parce que notre expérience quotidienne de la musique ne se réduit pas à la simple écoute mais met en jeu nos identités, notre rapport à la temporalité, nos affects et nos attachements, notre façon de concevoir et d’articuler espaces publics et privés, etc., bref, constitue une expérience sociale très complète. En outre, nous vivons une période charnière où le modèle de l'industrie musicale traverse, depuis les débuts des années 2000, une crise quasi ininterrompue des ventes mais où, simultanément, le marché de la musique numérique semble progresser significativement. En effet, la dématérialisation des contenus - ce que F. Granjon et C. Combes ont baptisé la « numérimorphose », terme qui, succédant à la « discomorphose » d’Antoine Hennion, prend acte d’un basculement de régime dans les relations de l’amateur à la musique -, désigne l’émergence de nouveaux usages : de fait, les règles d’écoute ne sont pas immuables. Un siècle entier d’enregistrements musicaux a déjà transformé nos attentes sur la musique, les sonorités, les espaces et les formats qui nous permettent de l’écouter. Pourtant, ces mutations dépendent de discrets changements de valeur s’accumulant au fil du temps, et entre autres d’une uniformisation des codes traditionnels et des pratiques plus récentes. En bref, au fur et à mesure que les régimes numériques prennent forme, les limites de ce qui est acceptable évoluent : écouter, posséder, partager, archiver connaissent des transformations importantes avec l’apparition du streaming, la co-existence de multiples supports d’écoute (l’ordinateur voisine avec la chaîne Hi Fi et le baladeur MP3), la présence de la musique sur les réseaux sociaux, etc. Ainsi, la dématérialisation inverserait le paradigme jusqu’alors dominant, celui où la musique finissait par se confondre avec le médium (la cassette, l’album vinyl, le CD), pour lui substituer un nouveau paradigme : la musique deviendrait un service et non plus un data, on passerait d’une société du produit à une société de l’expérience. Pour mener à bien ce projet ANR auquel sont associés des sociologues de la culture, des ethnomusicologues et des spécialistes de la sciences informatique issus de trois laboratoires partenaires (Centre Atlantique de Philosophie de l’université de Nantes ; laboratoire d’informatique de Nantes ; Centre de recherche sur les arts et le langage de l’EHESS), nous nous fixerons trois objectifs : d’une part, périodiser le « virage numérique » en produisant simultanément une réflexion de type épistémologique sur ce que signifie faire une socio-histoire de cette mutation. D’autre part, comprendre comment le basculement de la culture analogique à la culture numérique – et l’apparition d’un public de « digital natives » - ont pu transformer nos usages quotidiens de la musique. Enfin, envisager l’hypothèse selon laquelle le numérique (et en particulier les réseaux sociaux) modifierait les paradigmes traditionnels à partir desquels nous envisageons la question des goûts, avec notamment les phénomènes de consommation illégale mais aussi l’hypothèse d’une forme inédite de démocratisation culturelle par l’internet.

Coordination du projet

Philippe LE GUERN (Centre Atlantique de Philosophie) – philippe.leguern@univ-nantes.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CRAL Centre de Recherches sur les Arts et le Langage
CAPHI Centre Atlantique de Philosophie
LINA Laboratoire d’Informatique de Nantes Atlantique

Aide de l'ANR 295 996 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2012 - 36 Mois

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