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Stress prénatal chez les ovins : modification de la sensibilité émotionnelle et des fonctions cognitives et effet curatif des émotions positives – Psy-sheep

Effet d’un stress prénatal et d’un enrichissement chez les agneaux

Etude des effets d’un stress intervenant au cours de la gestation des brebis sur le comportement maternel des brebis et le développement psychobiologique des agneaux, et de la possibilité de contrecarrer les effets délétères du stress prénatal par un enrichissement des conditions d’élevage après sevrage.

Impact d’un stress prénatal chez le mouton et effet curatif des émotions positives

De nombreuses études en clinique humaine montrent qu’un stress vécu par la mère pendant la grossesse peut entraîner chez l’enfant des altérations comportementales et cognitives à l'âge adulte. Par ailleurs, il semblerait qu’une stimulation postnatale adéquate puisse réduire le risque d’apparition de ces troubles. En élevage, les femelles sont souvent exposées à des contraintes pendant la gestation et cela pourrait altérer le bien-être ultérieur des jeunes. Cependant, les recherches sur le stress prénatal ont été réalisées principalement chez les rongeurs. Chez les rongeurs, la majeure partie de la maturation neurobiologique se produit après la naissance, rendant les jeunes moins sensibles aux conditions prénatales, alors que chez les mammifères d’élevage les jeunes sont relativement matures à la naissance et un lien fort se développe entre la mère et sa portée. Ces différences de maturité neurobiologique et de comportement maternel empêchent donc toute tentative de généralisation des résultats sur les animaux d’élevage.<br />Les objectifs du projet PsySheep étaient :<br />1. d'étudier les effets d’un stress intervenant au cours de la gestation i) sur le comportement maternel des brebis, et ii) sur la sensibilité émotionnelle, les fonctions cognitives et le développement cérébral des agneaux,<br />2. d’analyser la modulation de la sévérité de ces effets selon la réactivité émotionnelle des brebis, <br />3. d’explorer la possibilité de contrecarrer les effets du stress prénatal sur la progéniture par l'enrichissement des conditions d’élevage.

Ce projet s’est déroulé sur trois ans et a été composé de trois tâches principales.
La première tâche a consisté à sélectionner des brebis plus ou moins réactives aux stress aigus et de soumettre pendant la gestation la moitié des animaux ainsi sélectionnés à un traitement stressant déjà validé dans l’équipe (exposition de manière répétée, imprévisible et incontrôlable à des évènements aversifs tels que des retards d’alimentation, une litière humide, des transports en bétaillère…). A l’issue de la mise-bas les éventuelles conséquences du stress prénatal sur le comportement maternel des brebis (soin au jeune, motivation maternelle) ont été étudiées.
La seconde tâche a été d’évaluer la réactivité émotionnelle et les fonctions cognitives des agneaux au moyen d’une batterie de tests psycho-cognitifs. Six agneaux issus de portées multiples ont été étudiés dans chaque lot pour explorer les conséquences du stress prénatal au niveau de la morphologie cérébrale.
La troisième tâche a été de soumettre, durant la période juvénile, les agneaux ayant subi ou non le stress prénatal, à des évènements surajoutés à valence positive (contrastes positifs, anticipation de la distribution d’aliment…) dans le but de rechercher une stratégie comportementale susceptible de neutraliser les effets délétères consécutifs à un stress prénatal.

Les résultats obtenus montrent qu’une expérience stressante pendant la gestation et le niveau de réactivité intrinsèque de la brebis perturbent en partie l’établissement du comportement maternel et le développement comportemental, psychologique et neurobiologique des agneaux, affectant à terme leur adaptation à leur environnement et leur bien-être. Cette altération est encore plus marquée chez les agneaux dont les mères sont spontanément plus réactives aux contraintes. Toutefois un enrichissement des conditions d’élevage peut en partie contrecarrer les effets délétères du stress prénatal.

Il serait intéressant d’étudier par la suite, l’impact à long terme du stress prénatal et des possibilités d’amélioration dans le protocole d’enrichissement.

Ce projet a été valorisé par une publication dans une revue internationale, 8 communications dans des congrès dont 5 à l’international et 2 articles dans des revues de vulgarisation destinées aux éleveurs et vétérinaires.

L’étude des conséquences du stress sur la santé est une question d'intérêt majeur. Les résultats suggèrent que plus les individus sont jeunes, plus les conséquences du stress sont importantes. De nombreuses études ont montré qu’un stress vécu par la mère pendant la grossesse peut entrainer une prédisposition chez l’enfant à l'apparition de problèmes comportementaux et cognitifs à l'âge adulte (comme l'hyperactivité ou le trouble déficitaire de l'attention) et à une vulnérabilité accrue à développer des troubles psychiatriques (comme la dépression et la schizophrénie). Néanmoins, il a été observé qu'une stimulation postnatale adéquate pouvait réduire le risque d’apparition de ces troubles. Les recherches sur le stress prénatal (défini comme le stress ressenti par la mère et qui affecte le développement des jeunes) ont été réalisées principalement chez les rongeurs (espèces nidicoles). Le modèle rongeur permet d’étudier la différenciation entre les facteurs génétiques et postnatals, de contrôler le moment, l'intensité et la durée de l'exposition au stress et d'évaluer les interactions mère-enfant dans un environnement contrôlé. Cependant, la majeure partie du développement neuro-endocrinien et nerveux se produit dans le cerveau des rongeurs après la naissance, ce qui rend les jeunes plus sensibles aux conditions environnementales postnatales comme l’attention maternelle, ce qui peut contribuer à l'effet global du stress prénatal sur le comportement observé chez les rongeurs. J’ai donc choisi d'étudier le stress prénatal chez le mouton (espèce nidifuge), en raison de la maturité du cerveau des agneaux avant la naissance et du lien fort qui se développe entre la brebis et son agneau, ce qui est moins observé chez les mammifères nidicoles.
L'objectif de mon étude est donc d'étudier l'effet du stress prénatal chez les moutons, en fonction de la réactivité émotionnelle des brebis, sur (1) leur comportement maternel, (2) la réactivité émotionnelle et les capacités cognitives des jeunes et (3) et de trouver des moyens permettant d'alléger ses conséquences négatives par l'induction d'expériences positives. De plus, les conséquences du stress prénatal au niveau cérébral seront étudiées. Ce projet se déroulera sur trois ans et est composé de trois objectifs principaux. Le premier objectif sera de sélectionner des brebis qui ont une réactivité extrême lors d’évènements stressants et des brebis qui présentent une faible réactivité et de soumettre à chacune des catégories des évènements stressant pendant la gestation ou non (groupe control). Puis l’effet du stress prénatal au cours de la gestation sera étudié ainsi que leur comportement maternel. Des adoptions croisées entre les brebis contrôles et les agneaux ayant subi un stress prénatal seront réalisées afin de séparer les effets du stress prénatal causés avant la naissance et ceux causés après la naissance par le comportement maternel des brebis. Le second objectif sera d’évaluer la réactivité émotionnelle, les capacités cognitives et le type de jugement (optimiste ou pessimiste) des agneaux et les conséquences du stress prénatal au niveau cérébral. Enfin, le dernier objectif sera de soumettre aux agneaux ayant subi un stress prénatal des évènements supposés positifs dans le but d’évaluer le caractère thérapeutique des émotions positives au niveau comportemental et cérébral. Ce projet de recherche fondamentale permettra d’élargir nos connaissances sur les effets du stress prénatal sur la réactivité émotionnelle et les capacités cognitives des individus.

Coordination du projet

Marjorie COULON (INSTITUT NATIONAL DE LA RECHERCHE AGRONOMIQUE - CENTRE DE RECHERCHE DE CLERMONT FERRAND THEIX) – marjoriecoulon82@yahoo.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

INRA INSTITUT NATIONAL DE LA RECHERCHE AGRONOMIQUE - CENTRE DE RECHERCHE DE CLERMONT FERRAND THEIX

Aide de l'ANR 301 800 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2011 - 36 Mois

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