FRAL - Programme franco-allemand en SHS

Centre et périphérie : archéologie du territoire Paracas, sud du Pérou (800-200 av.J.-C.). – Paracas

Pérou préhispanique : le territoire Paracas ; centre et périphérie

Les interactions socio-politiques entre la côte et la cordillère dans le sud du Pérou à l’époque Paracas (800-200 av. J.-C.).

Caractériser l’espace culturel et politique des Paracas

La culture Paracas est en général connue soit à travers des textiles et des céramiques dont la plupart manquent de contexte archéologique, soit à travers des momies aux étoffes flamboyantes exhumées dans le cimetière de Wari Kayan, situé dans la péninsule éponyme. Peu d’études ont abordé le thème de la dynamique territoriale des Paracas. <br /><br />Notre projet vise à caractériser l’espace culturel et politique des Paracas. Il s’agit d’identifier les modes d’occupation du sol dans l’aire nucléaire Paracas, la vallée d’Ica (Callango et Ocucaje) et dans l’aire périphérique (Sierra de Palpa ; Collanco et Cutamalla). L’analyse de la distribution des sites dans l’espace, le plan des établissements, leurs caractéristiques architectoniques et la nature des artefacts associés servent de fondements pour caractériser la culture Paracas. <br /><br />La définition de l’espace culturel et politique permettra de théoriser la dialectique du centre (s) et de la périphérie (s) en s’intéressant aux interactions régionales (côte-cordillère). Il est question également d’étudier l’articulation des différents territoires Paracas par rapport au paléo environnement des diverses zones écologiques occupées. La relation des sites avec leur contexte géographique est un facteur important pour comprendre le fonctionnement des systèmes économiques et sociaux de la culture Paracas. Enfin, le projet compte explorer les chemins et les routes commerciales qui connectent les différents établissements dans l’hinterland Paracas.<br />

Au cours de ce programme le terrain d’étude, l’aire sud du Pérou, bénéficiera d’une étude géographique combinée à une approche archéologique. Les régions écologiques étudiées feront l’objet d’une analyse géomorphologique, climatologique et économique. Aux méthodes classiques (prospection, relevé topographique, sondages et fouilles extensives) s’ajoute la prospection géomagnétique qui sera combinée à la prospection pédestre.

La zone nucléaire Paracas, la vallée d’Ica étudiée par l’équipe française du Centre de recherche sur l’Amérique préhispanique, concernera deux sites :Fundo Castro (Callango) et Cordova (Ocucaje) ; la zone périphérique sera étudiée par l’équipe allemande du DAI à Collanco et Cutamalla. Il est prévu aussi des opérations de prospections en commun avec datations systématiques le long des voies de communication naturelles ou par transects.

Le projet associe deux équipes ayant des approches complémentaires du champ archéologique : l’équipe allemande avec l’apport des sciences dures appliquée à l’archéologie et l’équipe française dont les travaux se sont centrés sur l’analyse du système social des Paracas et des Nazca dans une perspective pluridisciplinaire.


Le site de Córdova exploré en 2013 par l’équipe française (Aïcha Bachir Bacha, Oscar Daniel Llanos et Christian Duverger) possédait assurément des fonctions cérémonielles mais aussi un rôle politique, économique et sans doute aussi administratif, à l’image d’autres établissements implantés sur la côte Sud du Pérou. Le complexe archéologique de Córdova est situé en retrait du Rio Ica. Son implantation sur les cerros libère la plaine alluviale propice aux activités agricoles, et le lieu se trouve protégé des crues du Rio Ica.

Les grands monticules de Córdova contrastent avec ceux de Callango, qui sont entièrement artificiels. Les matériaux de construction diffèrent de ceux qui ont été mis au jour à Callango par leur diversité (bloc d’argile, adobe, pierre).

Pour la première fois nous sommes parvenus à mettre en évidence la variété des systèmes constructifs Paracas qui pourraient correspondre à des marqueurs culturels. En revanche, on observe une certaine unicité du matériel céramique et du textile sur l’ensemble du territoire côtier Paracas.

Dans le projet, le travail du géographe Jean Noël Salomon consistait à éclairer les circonstances qui ont permis aux Paracas de s’adapter au mieux aux contraintes leur milieu naturel. La vallée du Rio Ica, aire centrale du développement des Paracas, se situe dans un des plus anciens déserts et un des plus arides du monde (< 3-5 mm/an). La tendance climatique dominante a toujours été aride ou subaride avec des phases d’humidité courtes.

Dans cette région c’est essentiellement le Rio Ica qui fournit l’eau nécessaire à la vie humaine, et ce d’autant plus que la sécheresse atmosphérique, l’évapotranspiration potentielle (> à 2 400 mm/an) et le vent pénalisent fortement les possibilités agricoles. Face à ces difficultés, les hommes préhispaniques avaient développé des systèmes d’irrigation assez ingénieux. Les canaux et l’inféroflux du Rio Ica permettaient d’approvisionner de façon satisfaisante les zones de culture.

Les deux équipes prévoient des opérations de prospections en commun de sites paracas avec datations systématiques le long des voies de communication naturelles ou par transect.

A travers ce projet, on espère parvenir à susciter une prise de conscience de la population à l’égard du riche patrimoine culturel de la côte du Pérou qu’il convient de protéger. On contribuera ainsi au développement socioculturel d’une région confrontée à de sérieux actes de pillage de biens culturels dont des céramiques et des textiles d’une grande finesse esthétique mais surtout d’une grande valeur scientifique. Il s’agit à court termes de délimiter les sites explorés et à long terme de réfléchir aux moyens de leur conservation et de la mise en valeur de leurs monuments en vue d’une ouverture au grand public.

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Au cours du premier millénaire avant notre ère, dans l’aire centrale andine, se produit un essor culturel qui se manifeste archéologiquement à travers un horizon stylistique uniformisé (style Chavín). La culture Paracas (800-200 av.J.-C.) est l’expression régionale de l’influence Chavín sur la côte sud du Pérou. Jusqu’à présent, cette culture a surtout été connue par de spectaculaires momies accompagnées de textiles et de céramiques polychromes, mises au jour dans des nécropoles de la côte désertique, en particulier dans la péninsule de Paracas et dans la vallée d’Ica. Le dernier siècle n’a apporté que très peu d’informations sur la société Paracas, la nature de ses établissements et son mode de vie. Mais, récemment, ont été découverts de nouveaux sites Paracas beaucoup plus au sud de la vallée d’Ica, ainsi que dans la cordillère des Andes. Ces nouvelles données nous amènent à repenser, à une autre échelle, l’ensemble des questions concernant la société Paracas, notamment son urbanisme et son organisation socio-économique. Il conviendra également d’analyser la configuration du territoire Paracas, son extension et son mode d’occupation. Pour ce faire, au côté des références traditionnelles, à la céramique et aux textiles, seront retenus des marqueurs originaux : l’architecture monumentale, l’architecture domestique, les inscriptions dans le paysage (géoglyphes, pétroglyphes). Enfin, alors que Paracas a toujours été considéré comme une manifestation culturelle côtière, nous nous pencherons sur les rapports que la côte a pu entretenir avec la sierra. A cet effet, ce projet vise à réaliser pour la première fois des fouilles extensives sur trois sites stratégiques de la culture Paracas : 1) Animas Bajas, l’un des établissements les plus vastes de la culture Paracas, dans la vallée d’Ica (270 m d’altitude). 2) Collanco, un site en terrasses, situé dans la périphérie sud du territoire Paracas, dans la partie moyenne de la vallée de Palpa (1700 m d’altitude). 3) Cutamalla, un site de la sierra de Palpa, à 3200 m d’altitude, avec des terrasses à usage agricole et des dépôts destinés au stockage des denrées alimentaires. Une analyse géomorphologique et géo-environnementale sera phasée avec l’étude archéologique de ces trois sites. Les résultats des recherches permettront de reconstituer des aspects déterminants de l’une des cultures formatives les plus importantes du Pérou. En France et en Allemagne, il existe une longue tradition de recherche américaniste. La réduction des capacités de recherche dans les deux pays ces dernières années, rend nécessaire la coopération internationale afin d’entreprendre des projets de grande envergure. La présente coopération bilatérale ente l’Allemagne et la France, fondée sur une complémentarité des approches et une authentique synergie, s’insère dans le courant actuel qui tend à renforcer les réseaux de coopération scientifique au niveau européen.

Coordination du projet

Christian DUVERGER (ECOLE DES HAUTES ETUDES EN SCIENCES SOCIALES) – cerap@ehess.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CeRAP ECOLE DES HAUTES ETUDES EN SCIENCES SOCIALES

Aide de l'ANR 295 000 euros
Début et durée du projet scientifique : avril 2012 - 36 Mois

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