EMCO - Emotion(s), cognition, comportement

Interaction émotion-cognition à travers l’étude du langage littéral et figuré dans les troubles schizophréniques et bipolaires: approche comportementale et électrophysiologique – ELISE

Compréhension des émotions « langagières » dans le trouble bipolaire et la schizophrénie

Rôle des variables émotionnelles sur la compréhension du langage littéral et figuré<br />Identification des indices cognitifs marqueurs des symptômes psychotiques communs aux troubles bipolaires et à la schizophrénie<br />

Marqueurs neurophysiologiques pour le diagnostic ou le pronostic des troubles schizophréniques et des troubles bipolaires

Appréhender les troubles de la compréhension des émotions « langagières » et leurs relations avec les troubles de la communication et de l’adaptation sociale des patients schizophrènes et des patients bipolaires est l’un des enjeux du projet. Nous parlons d’émotions « langagières » en référence aux émotions véhiculées par le langage à travers, d’une part, la valence émotionnelle des mots et des expressions et, d’autre part, la prosodie émotionnelle. Ces deux populations psychiatriques partagent un certain nombre de symptômes, notamment ceux qui touchent la sphère émotionnelle, à tel point que régulièrement se pose, d’un point de vue clinique et étiopathogénique, la question d’un continuum entre ces troubles. La comparaison du fonctionnement cognitivo-émotionnel de ces deux populations permettra d’identifier les indices cognitifs marqueurs des symptômes psychotiques communs aux deux pathologies. Une bonne description des anomalies cognitives chez les patients schizophrènes et bipolaires permettrait de mieux déterminer les cibles cognitives et cérébrales des actions thérapeutiques et de rechercher les indices prédictifs de l’efficacité des pratiques. En termes d'impact, ce projet de recherche devrait permettre d'identifier des marqueurs neurophysiologiques pour le diagnostic ou le pronostic des troubles schizophréniques et des troubles bipolaires. Les résultats devraient permettre une amélioration du diagnostic fonctionnel des patients schizophrènes et des patients ayant un trouble bipolaire, ainsi que de mieux comprendre les anomalies associées en termes de comorbidités cliniques. Ces données pourront être mises en lien avec celles des recherches en génétique, et en particulier celles sur les liens physiopathogéniques entre le trouble bipolaire et la schizophrénie.

La procédure expérimentale implique le traitement de différents niveaux de langage sollicitant des processus d’intégration plus ou moins élaborés – langage littéral et langage figuré – et de différentes caractéristiques émotionnelles du langage – la valence émotionnelle des mots ou des expressions et la prosodie émotionnelle –. Nous envisageons des études comportementales et électrophysiologiques en nous intéressant, pour ces dernières, à des composantes électrophysiologiques impliquées dans le traitement du langage et des émotions. L’intérêt de coupler aux indicateurs comportementaux des indicateurs électrophysiologiques réside dans l’identification des processus neuro-cognitifs communs aux patients schizophrènes et aux patients bipolaires par comparaison à ceux identifiés chez les personnes saines. Ces études sont réalisées auprès de 40 patients schizophrènes cliniquement stabilisés, 40 patients bipolaires euthymiques de type I ayant ou non présenté des symptômes psychotiques durant les phases maniaque ou dépressive du trouble bipolaire, et 80 participants sains appariés respectivement à l’un et l’autre des groupes de patients sur l’âge et le niveau d’étude. Différents outils seront utilisés, tant chez les participants sains que les patients schizophrènes ou bipolaires, pour évaluer différentes dimensions émotionnelles (anhédonie, alexithymie, affectivité positive ou négative, dépression, anxiété). L’étude du fonctionnement cognitivo-émotionnel des patients selon une perspective symptomatique (symptômes psychotiques) plutôt que catégorielle (selon le seul diagnostic) pourrait ouvrir des pistes pour mettre à jour les éléments à prendre en compte dans une perspective de diagnostic différentiel. Cela permettrait aussi d’identifier des facteurs de vulnérabilité ou de protection de ces maladies.

La caractérisation fonctionnelle des déficits émotionnels et cognitifs est importante car elle permet de cibler des stratégies de prise en charge éducative ou de remédiation cognitive, cela se traduisant par une augmentation de la qualité de vie des patients et par une économie des coûts de traitement. Plusieurs auteurs considèrent que, pour que ces pratiques soient efficaces à long terme, elles doivent viser directement la modification des processus cognitifs qui sous-tendent les troubles de la communication des patients. Actuellement, dans la littérature, quelques travaux sur la remédiation cognitive des déficits de reconnaissance des émotions faciales chez les patients schizophrènes affichent des résultats très encourageants. En revanche, à notre connaissance, aucune étude de remédiation fondée sur la compréhension des émotions véhiculées par le langage n'a été réalisée. Une des raisons majeures à cette lacune dans les pratiques de remédiation est l'absence d'une compréhension suffisante des processus neuro-cognitifs qui sous-tendent les troubles de l'intégration émotionnelle au cours du traitement du langage, et de leur impact fonctionnel sur les troubles de la communication de ces patients. A terme et grâce aux indicateurs de dysfonctionnement cognitif que nous allons caractériser par nos travaux, l'examen de la modulation des potentiels évoqués cognitifs enregistrés à plusieurs moments de l'évolution des patients permettrait de déterminer les corrélats neuronaux des améliorations potentiellement provoquées par une remédiation cognitive et/ou la psychoéducation pratiquée dans la prise en charge des troubles de la communication. D'une manière générale, l'application des techniques d'imagerie fonctionnelle à l'évaluation des thérapeutiques constitue une approche novatrice et prometteuse des travaux en psychopathologie.

L’étude du fonctionnement cognitivo-émotionnel des patients selon une perspective symptomatique (symptômes psychotiques) plutôt que catégorielle (selon le seul diagnostic) pourrait ouvrir des pistes pour mettre à jour les éléments à prendre en compte dans une perspective de diagnostic différentiel. Cela permettrait aussi d’identifier des facteurs de vulnérabilité ou de protection de ces maladies.

En cours

Ce projet vise à appréhender les éventuels troubles de la compréhension des émotions "langagières" chez des patients schizophrènes et des patients bipolaires. Nous entendons par émotions "langagières", les émotions véhiculées par le langage, que cela soit par la valence émotionnelle des mots, par l'expression d'un état émotionnel ou par l'intonation prosodique. Ces deux populations psychiatriques partagent un certain nombre de symptômes, notamment ceux qui touchent à la sphère émotionnelle, à tel point que régulièrement se pose, d'un point de vue clinique et étiopathogénique, la question d'un continuum entre ces troubles. La comparaison du fonctionnement cognitivo-émotionnel de ces deux populations permettra d'identifier les indices cognitifs marqueurs des symptômes psychotiques communs aux deux pathologies.
Partant de la littérature assez abondante sur le fonctionnement cognitivo-émotionnel des patients schizophrènes ,et de la plus rare littérature relative à celui des patients bipolaires, nous avons formulé l'hypothèse selon laquelle la difficulté à traiter les émotions et à attribuer des intentions, ainsi que celle à intégrer les informations en un tout cohérent, sont des indices marqueurs des symptômes psychotiques communs aux patients schizophrènes et aux patients bipolaires. Pour tester cette hypothèse, nous avons choisi de recourir au langage en tant que vecteur d'émotions, d'une part parce que sa compréhension permet d'appréhender le traitement sémantico-émotionnel et, d'autre part, parce qu'il requiert des processus d'intégration. Cette intégration opère obligatoirement sur des informations sémantiques auxquelles s'ajoutent, dans des situations écologiques, des informations prosodiques et des informations relatives aux intentions de communication.
La procédure expérimentale que nous envisageons implique le traitement de différents niveaux de langage sollicitant des processus d'intégration plus ou moins élaborés -langage littéral et langage figuré- et de différentes caractéristiques émotionnelles du langage -la valence émotionnelle des mots ou des expressions et la prosodie émotionnelle-. Nous envisageons des études comportementales et électrophysiologiques (potentiels évoqués cognitifs) en nous intéressant, pour ces dernières, à des composantes électrophysiologiques impliquées dans le traitement du langage et des émotions: la N400, la LPC (Late Positive Component) et la LPP (Late Positive Potential). L'intérêt de coupler aux indicateurs comportementaux des indicateurs électrophysiologiques réside dans l'identification des processus neuro-cognitifs communs aux patients schizophrènes et bipolaires ayant vécu ou non un épisode psychotique, par comparaison à ceux identifiés chez les participants sains.
Ces études seront réalisées auprès de 40 patients schizophrènes cliniquement stabilisés, 40 patients bipolaires euthymiques de type I présentant ou non un antécédent d'épisode psychotique, et 80 participants sains appariés respectivement à l'un et l'autre des groupes de patients sur l'âge et le niveau d'étude. Différents outils seront utilisés, tant chez les participants sains que chez les patients schizophrènes ou bipolaires, pour évaluer différents dimensions émotionnelles (anhédonie, alexithymie, affectivité positive et négative, dépression, anxiété).
L'étude du fonctionnement cognitivo-émotionnel des patients selon un perspective symptomatique (éléments psychotiques) plutôt que catégorielle (selon le seul diagnostic) pourrait ouvrir des pistes pour mettre à jour les éléments à prendre en compte dans une perspective de diagnostic différentiel, mais aussi pour identifier des facteurs de vulnérabilité ou de protection de ces maladies.

Coordination du projet

Chrystel Besche-Richard (Université de Reims Champagne-Ardenne (CLEA)) – chrystel.besche@univ-reims.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CNRS DR12/UMR 6193 Centre National de la Recherche Délégation Provence et Corse/Institut de neurosciences cognitives de la Méditerranée
Unice Université de Nice Sophia Antipolis (LPCS)
URCA Université de Reims Champagne-Ardenne (CLEA)

Aide de l'ANR 350 000 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2011 - 36 Mois

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