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Histoires croisées : Histoire des sciences du point de vue de la littérature et histoire de la littérature du point de vue des sciences au XIXe siècle ( en Europe et aux Etats-Unis) – HC19

HC19

Histoire croisée au XIxe siècle : histoire des sciences du point de vue de la littérature et histoire de la littérature du point de vue des sciences

De la séparation des sciences et des littératures

Montrer la manière dont s'est imposée l'idée de la séparation des sciences et des littératures en insistant sur les présupposés scientifiques et politiques à l'oeuvre : montrer l'importance de la référence à la littérature dans la constitution des disciplines savantes au XIXe siècle et celle de la référence aux sciences ou à la science à la même période, alors que naît l'acception contemporaine du mot «littérature«; dresser une typologie des croisements entre les deux sphères.

Organisations de séminaires fermés; recueillir tous les textes de savants traitant de littérature pour définir leur pratique (et vice versa), observer les textes de savants ou d'écrivains ou se dessine l'histoire de la sphère connexe.

Constitution d'une anthologie complète et exhaustive. Constitution d'une collection éditoriale «Sciences et littératures«, organisation de cinq ateliers au congrès international de l'Association internationale de Littérature Comparée, ouvrage collectif méthodologique sur l'analyse des rapports entre sciences et littératures et invention d'outils critiques.

Rendre accessibles aux étudiants en littérature des textes oubliés, montrer le rôle épistémologique de la littérature et le rôle qu'elle peut jouer en tant que science, réfléchir aux théories de la fiction, penser à des modèles pédagogiques.

Liste d'articles et d'ouvrages collectifs et personnels à venir, construction du programme d'agrégation 2011 «Savoirs dans la fiction, fictions du savoir«. Organisation d'un colloque final et international à l'université d'Artois du 18 au 21 septembre 2013, intitulé «Translittéraires : Belles Lettres, sciences et littérature«.

En 1818, Georges Cuvier prononce devant les cinq chambres réunies en séance plénière son discours de réception à l'Académie Française où il développe une théorie de l'histoire en trois âges de l'influence des développements de la "science" sur la "littérature". Ainsi l'on passe de l'âge de l'"inspiration" incarné par Marot mais aussi par Dante, Milton et Chateaubriand, à celui de l'"explication", où Corneille fait transition vers Pascal qui annonce l'âge de la "description" de Racine, de Buffon ou de Delille. En 1909, le mathématicien Henri Poincaré prononce son discours de réception à l'Académie française et se livre à un long commentaire de la vie et de l'oeuvre poétique de Sully Prud'homme qui incarne sous sa plume le poète-philosophe des sciences; derrière la biographie savante se lit l'autobiographie idéale. Des savants réinventent ainsi des catégories génériques, des filiations littéraires et la définition même de la "littérature" au nom de leur conception des sciences qu'ils pratiquent. De ce constat naît le projet des "Histoires croisées au XIXe siècle".
Le projet d'élaborer une histoire des sciences du point de vue des écrivains et une histoire de la littérature du point de vue des savants, à la même époque, a vocation à élargir la définition même de la "littérature" et à réfléchir à la constitution d'une histoire littéraire en mettant en évidence la persistance de modèles génériques ou poétiques par delà les canons admis par les tenants de l'une ou l'autre sphère. Contre l'idée trop souvent répandue d'une séparation effective des sphères du littéraire et du scientifique au XIXe siècle, notre ambition est d'observer cette séparation en acte. L'étude des "Histoires croisées" ne peut reposer sur une désignation a priori des disciplines scientifiques concernées; le traitement par les écrivains de tel savant ou de telle théorie et, inversement, le traitement par les savants de tel écrivain ou de telle oeuvre permettront seuls de définir in fine une chronologie et une prédominance, à un moment donné, de tel discours savant ou littéraire. Les sciences descriptives auront là une place particulière à jouer, ainsi que celles dont les découvertes se donnent dans des récits, mais la modélisation alors croissante de certaines disciplines telles que les mathématiques permet également d'observer la manière dont est résolue l'inadéquation du fond et de la forme par ceux qui composent des journaux destinés à un large public. Cela engage une réflexion sur la vulgarisation savante.
Du point de vue des savants, sans restriction disciplinaire a priori, il s'agit de mettre en évidence les figures d'écrivains citées par eux comme autant de modèles ou de contre-modèles de leur propre écriture, d'observer les genres littéraires et les catégories poétiques et critiques auxquelles ils se réfèrent pour définir leur pratique du discours, d'expliciter les définitions fluctuantes du "littéraire" par rapport auxquelles s'élaborent, selon eux, celles du discours scientifique. Au fur et à mesure de l'élaboration, par l'analyse des discours savants, d'un possible panthéon de figures littéraires distinct des canons esthétiques du temps, se pose la question de l'évolution de ce panthéon et du principe dictant, dans un domaine scientifique particulier, la référence à un modèle littéraire particulier.
Il est nécessaire d'adopter une approche comparatiste et littéraire des rapports des discours scientifiques et littéraires : les écrivains, les savants, les oeuvres et les théories voyagent et il nous faut mettre en évidence les véhicules de leur diffusion (traductions, manuels, journaux). Seule cette approche aussi permet au mieux d'estimer ce que sont la "littérarité" d'un texte savant et la "scientificité" d'un texte littéraire.

Coordinateur du projet

Madame Anne-Gaëlle WEBER (UNIVERSITE D'ARTOIS) – weber.agdom@free.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

UNIVERSITE D'ARTOIS

Aide de l'ANR 140 000 euros
Début et durée du projet scientifique : - 36 Mois

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