Le mouvement pour l’accès ouvert insiste depuis longtemps sur la disponibilité et la réutilisabilité des textes académiques comme objectif de diffusion des connaissances, en accordant une attention marginale à la question des métadonnées de ces textes. L'absence de référence aux métadonnées dans les principales déclarations de l’accès ouvert (Budapest, Berlin, Bethesda) a conduit à une situation paradoxale. Plus les publications devenaient accessibles et réutilisables, plus leur contenu était recherché et trouvé au moyen d'outils bibliographiques et métriques privés et souvent coûteux.. Ce n’est que récemment avec le développement du mouvement pour les citations ouvertes, dans lequel Matilda s’inscrit, que les enjeux autour de la mise à disposition et l’usage des références ont véritablement émergé.
Notre projet d'élaboration d'un outil bibliographique/métrique pour la science ouverte vise à changer la situation des données de références/citations en tant que parent pauvre de la science ouverte, Il s’agit d’une part de redonner une place équitable aux contenus académiques exclus des outils propriétaires actuellement utilisées, WoS et Scopus, en adoptant un principe d’égal traitement de l’ensemble des textes scientifiques et de leurs métadonnées. D’autre part, nous voulons donner aux milieux académiques et aux chercheurs le plus grand contrôle possible sur la façon dont ils recherchent les informations textuelles et les métadonnées, car la conception fermée des outils actuels encapsule une vision objectivante des processus de recherche bibliographique plutôt que de s'appuyer sur des technologies co-construites par leurs utilisateurs.
Matilda s'inscrit dans un double héritage de conception et d'utilisation avec, d'une part, Google Scholar, qui a popularisé le libre accès au suivi des citations et aux métadonnées de contenus scientifiques, en dehors du circuit des bibliothèques et des sites d'éditeurs, ainsi que l'intervention des utilisateurs comme enrichisseurs. D'autre part, il hérite de la philosophie d'ISIDORE, et d'autres moteurs de recherche fondés sur le moissonnage OAI-PMH, avec recherche plein texte et indifférence au « prestige » des supports. L'objectif est donc de compléter/remplacer ces différentes utilisations, ainsi que celles des bases de données commerciales (WoS/Scopus), qui sont utilisées de manière quasi-exclusive dans certaines disciplines.
Le projet Matilda est coordonné par Didier Torny (CNRS). Il regroupe 2 partenaires : le Centre de sociologie de l’innovation (I3, UMR9217), l’Humanum (UMS 3598), et est financé pour une durée de 18 mois.