Retour sur la 17e édition du WISG

Par Elsa Drouin

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Mis à jour le 29/04/2025

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29/04/2025

Retour sur la 17e édition du WISG

Les 26 et 27 mars 2025, le WISG (Workshop interdisciplinaire sur la sécurité globale) a choisi l’EDF Lab de Saclay, pour son rendez-vous annuel. Organisée avec le Ministère chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), avec le soutien des pôles de compétitivité, cette 17e édition était consacrée à "la sécurité globale face aux défis du changement climatique et de la transformation numérique". Plus de 240 participants sont venus explorer cette thématique qui traverse plus que jamais l'actualité.

Dans son discours liminaire, Claire Giry, Présidente-directrice générale de l’ANR, a tenu à saluer l'engagement des communautés scientifiques pour la sécurité globale, renforcé durablement dans le cadre du partenariat historique entre l'ANR et le SGDSN. La sécurité globale a très tôt constitué une préoccupation majeure pour l'agence qui, dès 2006, s'est dotée d'un premier programme spécifique CSOSG (Concepts, Systèmes et Outils pour la Sécurité globale) pour soutenir les recherches dans ce domaine, et dont l'axe spécifique de l'AAPG est aujourd'hui l'héritier. Depuis sa création, l'ANR a consacré près de 170 millions d'euros en soutien à 280 projets de recherche sur la thématique sécurité globale. Un soutien significatif renforcé par des appels spécifiques initiés ponctuellement pour soutenir le développement de solutions innovantes sur des problématiques ciblées ou des enjeux d'actualité - risques épidémiques et menaces biologiques avec l'appel "Flash COVID-19", ou encore l'appel "Sécurité des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024". Une thématique de recherche intégrée à plusieurs Stratégies Nationales auxquels sont adossés les Programmes et Équipements prioritaires de recherche (PEPR) dans le cadre du Plan France 2030. 

La sécurité globale face aux défis du changement climatique et de la transformation numérique

"Le WISG est le seul événement en France permettant de rassembler la communauté de recherche autour de la sécurité et de la résilience à l'échelle nationale et européenne" a souligné François Murgadella, conseiller technologies de la Secrétaire générale pour la défense et la sécurité nationale. Ici se rencontrent les sphères de la recherche publique et privée, les opérateurs d'importance vitale (OIV), les industriels, les représentants institutionnels et territoriaux. "C'est l'occasion de donner des informations sur l'évolution des politiques publiques et c'est pour nous celle de recueillir des éléments sur des projets de recherche qui peuvent nous aider à anticiper les réponses aux risques et menaces" a-t-il ajouté. 

Le dialogue entre acteurs et entre disciplines est au cœur du workshop : "L'interdisciplinarité est un élément absolument fondamental de la façon dont on traite l'innovation face à un monde de plus en plus complexe", a commenté Florent Kirchner, directeur du pôle souveraineté numérique au SGPI (en charge du Plan France 2030). C'est "un élément clé pour arriver à fournir une réponse constructive, optimiste, positive, face aux défis de notre temps qui demeure au cœur des stratégies de France 2030", rappelle-t-il. 

Myriam Merad, directrice de recherche au CNRS, spécialisée dans les risques de catastrophes et les liens entre sécurité, sûreté, environnement et santé, parle même de "besoin de l'interdisciplinarité lié au changement climatique". Elle souligne les contradictions qui peuvent exister entre l'analyse de situation basée sur des modèles de données, et la nécessaire spatialisation de ces données, positionnées dans des data centers. "Pouvoir maîtriser le hard(ware) et le soft(ware), [permet] de maintenir notre souveraineté numérique et plus largement notre sécurité en matière d'environnement et de santé". 

Cette rencontre annuelle constitue pour beaucoup l'opportunité d'échanger en dehors de sa sphère de collaboration habituelle, comme l'a souligné Julien Levrard de la société OVH Cloud, qui est venu "confronter sa vision" : "Même si nous travaillons sur des innovations et développons de nombreuses technologies, nous avons beaucoup d'enjeux concrets, opérationnels, notamment sur les sujets de souveraineté et d'autonomie stratégique et nous sommes ravis de pouvoir échanger avec des chercheurs et des personnes qui ont une vision un peu plus long terme, un peu moins opérationnelle que la nôtre". 

Une démarche que partage Francesca Musiani, directrice de recherche au CNRS, pour qui l'invitation semblait être une "belle opportunité de discussion, en dehors des débats académiques habituels", avec "des acteurs du secteur privé et des acteurs institutionnels, pour appréhender le lien entre souveraineté et sécurité sous tous ses aspects". La chercheuse, à l'origine de la création en 2019 du Centre Internet et Société qu'elle dirige depuis lors, rappelle que, malgré des verrous puissants liés aux monopoles exercés sur les services Internet, il existe des communautés d'usagers qui ont d'autres pratiques, à l'instar de la messagerie Mastodonte, une plateforme décentralisée fournissant une alternative aux messageries les plus répandues. "Cela dessine des modèles différents de souveraineté [venant] des choix des usagers et que les institutions pourraient éventuellement décider de soutenir".

"Les enjeux de la souveraineté numérique sont nombreux" a tenu à rappeler Hervé Martin, à la tête de la Direction générale de l'innovation et de la recherche au Ministère chargé de l'Enseignement et de la recherche : "Il faut avoir en tête que la souveraineté numérique favorise les gains de productivité, facilite l'aide à la décision et stimule l'innovation. Les enjeux de la souveraineté pour un État sont donc essentiels". La question de la souveraineté numérique des États se pose avec acuité, s'inscrivant dans une actualité qui nous préoccupe : "Quand on regarde les évolutions numériques en intelligence artificielle par exemple, on s'aperçoit que ces challenges s'intensifient et s'accélèrent : les modèles de langage (par exemple) se développent dans toutes les strates de services et de la société [...]. Il est donc essentiel que l'État soutienne le développement de ces innovations pour les entreprises comme pour les citoyens". L'éducation, la santé ou les transports offrent autant de visées applicatives pour ces nouvelles technologies. 

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