Les pôles de compétitivité, une passerelle entre les scientifiques et les entreprises
L'AFPC fédère et porte la voix de 54 des 56 pôles de compétitivité labellisés en France, un réseau qui compte parmi ses membres plus de 18 000 entreprises innovantes et 2 000 laboratoires et établissements d’enseignement supérieur.
Quelles sont les principales missions des pôles de compétitivité ?
Jean-Luc Beylat : Les pôles de compétitivité travaillent en interaction avec l'État et les Régions pour créer des dynamiques d'innovation au sein de secteurs industriels et économiques stratégiques. Leur mission première est d'animer des écosystèmes d'innovation. Ces écosystèmes ont des ancrages territoriaux forts et couvrent des filières industrielles spécifiques.
Les pôles réunissent de grands groupes, des PME, des start-up, des ETI, des laboratoires, des collectivités territoriales et des investisseurs. Au sein de chaque filière, le cœur de l'animation des écosystèmes est fondé sur des partages d’expérience et de connaissances, et sur des interactions entre les acteurs publics et privés.
Depuis leur mise en place il y a près de 20 ans, les pôles de compétitivité ont collectivement accompagné et labellisé plus de 28 000 projets innovants et drainé 55 milliards d'euros de fonds publics et privés pour les financer (source : enquête Les Echos – janvier – mars 2024).
Un grand nombre de pôles de compétitivité sont aussi impliqués dans les pôles universitaires d'innovation (PUI) qui ont été récemment mis en place, avec notamment pour objectif d’inciter les acteurs de l'université à se projeter toujours plus dans le territoire et auprès des entreprises innovantes.
De quelle manière les pôles de compétitivité accompagnent-ils les acteurs de la recherche académique ?
J.-L.B. : Dans un premier temps, les actions menées par les pôles de compétitivité peuvent permettre aux scientifiques d’échanger avec d’autres experts, de partager leurs savoirs et de faire connaître leurs axes de recherche. Des ateliers « feuille de route » sont par exemple organisés pour faire le point sur des thématiques spécifiques, telles que le calcul haute performance ou la décarbonation de l’agriculture, et il est également possible d’assister à des présentations de technologies émergentes. J'encourage donc les acteurs de la recherche académique à participer à la vie des pôles de compétitivité et à les utiliser comme des passerelles vers les entreprises et les collectivités territoriales, soit pour valoriser leurs travaux, soit pour mieux comprendre les enjeux auxquels les entreprises et les collectivités sont confrontées, ainsi que les questions qu’elles se posent.
A partir de ces échanges, les futurs partenaires commencent à définir ce qu’ils peuvent faire ensemble et, à la fin de ce processus d’interaction, quand les idées arrivent à un niveau élevé de maturité, la préparation d’une réponse commune à un appel à projets peut être envisagée.
Pôles de compétitivité et appels à projets lancés dans le cadre du Plan d’action de l’ANR
Une grande partie des appels à projets lancés dans le cadre du Plan d’action de l’ANR permettent aux porteurs de projet de demander à être accompagné par un pôle de compétitivité. Le porteur de projet se met en relation en relation avec un ou plusieurs pôles correspondant à son ou ses domaines de recherche et bénéficie d’un accompagnement pouvant donner lieu à une labellisation du projet par le ou les pôles de compétitivité.
Lors de la préparation de l’appel à projets, l’accompagnement des pôles permet d’enrichir et de compléter le travail préparatoire, puis d’obtenir une labellisation spécifique des pôles, reflétant le caractère socio-économique du projet.
Quelles actions vont être déployées dans le cadre de la convention de partenariat ?
J.-L.B. : La convention triennale de partenariat signée le 15 janvier 2024 entre l’AFPC et l’ANR a pour objectif de mutualiser nos expertises et de renforcer nos actions communes au service de la croissance économique et industrielle française par l’innovation, sur tout le territoire. Depuis près de 20 ans, il existe des synergies entre les pôles de compétitivité, l’AFPC et l’ANR, mais cette convention de partenariat reflète le nouvel élan donné par la loi de programmation de la recherche (LPR) et par la volonté de renforcer les partenariats public-privé.
Parmi les dispositifs prévus dans le cadre de ce partenariat se trouvent notamment un travail d’identification des projets de recherche financés par l’ANR et bénéficiant d’un accompagnement d’un ou de plusieurs pôles de compétitivité et la valorisation sur le site web de l’AFPC des projets ANR, labellisés par les pôles, qui ont donné lieu à des résultats permettant de révéler leur potentiel d’innovation.
Des actions de sensibilisation des entreprises membres des pôles aux opportunités liées aux instruments de financement de l’ANR seront également mises en place, notamment en ce qui concerne la recherche partenariale, avec par exemple les LabComs, les Chaires industrielles et les « Projets de recherche collaborative avec des entreprises » (PRCE) de l’Appel à projets générique. En parallèle, l’AFPC participera aux webinaires consacrés aux partenariats public-privé lors des RDV de l’ANR.
Le renforcement des liens entre l’AFPC et l’ANR se traduira aussi au niveau européen. En effet, depuis 2020, la communauté des pôles a pour mission d’accroître la présence de la France au niveau européen et un travail de coordination sera effectué avec l’ANR sur l’accompagnement des porteurs de projet français vers l’Europe.
Ces différents dispositifs sont en train d’être précisés, car nous sommes encore dans la phase de préparation du déploiement de ce partenariat, mais nous avons d’ores et déjà posé les premiers jalons qui guideront nos actions communes pour les trois années à venir.
En savoir plus :
Trouver un pôle de compétitivité (site internet de l’AFPC)
Signature d’une convention triennale entre l’Agence nationale de la recherche et l’Association Française des Pôles de Compétitivité (communiqué de presse – 15 janvier 2024)
Légende de la photo : assemblée générale de l’AFPC, Jean-Luc Beylat (à gauche) et Christian Deleuze (à droite) © AFPC