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14/09/2015

Etude des océans, les mammifères marins source privilégiée de données

L’étude des effets du changement climatique sur les océans reste encore limitée par un manque de données in-situ, notamment en provenance des régions polaires. Pour pallier ce déficit, les animaux marins plongeurs sont devenus une composante essentielle du système d’observation des océans. Depuis le 1er juin, le portail international MEOP donne accès aux données recueillies grâce aux mammifères marins équipés de balises. Présentation de trois projets portés par la branche française de cette initiative et financés par l’ANR.

L’étude des effets du changement climatique sur les océans reste encore limitée par un manque de données in-situ dans certaines régions du globe. Classiquement les données hydrographiques sont en effet obtenues à partir de navires océanographiques ou en utilisant des profileurs autonomes « Argo ». Cependant, pour de nombreuses régions compte tenu des conditions locales, notamment la présence de banquise, il existe un réel déficit de données. Pour pallier ce déficit, les animaux marins plongeurs sont devenus une composante essentielle du système d’observation des océans. Certains mammifères marins parcourent des milliers de kilomètres pour se nourrir et plongent en permanence à de grandes profondeurs. En les équipant de capteurs il est possible d'observer directement leur comportement de recherche de nourriture tout en recueillant des données océanographiques uniques dans les régions polaires éloignées.

Une ressource unique au service des communautés de recherche

Depuis le 1er juin, le portail international MEOP - Marine Mammals Exploring the Oceans Pole to Pole- met à disposition de la communauté scientifique les données issues de ces collectes. Initialement formé pendant l’Année Polaire Internationale en 2008-2009, le consortium MEOP regroupe des participants de dix pays : Afrique du Sud, Allemagne, Australie, Brésil, Canada, Chine, Etats Unis, France, Grande Bretagne et Norvège. Son objectif est de coordonner à l’échelle internationale les activités de déploiements des capteurs, le traitement de la qualité des données océanographiques et leur distribution. Trois cent vingt mille profils océanographiques collectés par 763 balises déployées sont ainsi regroupés et librement mis à la disposition de la communauté internationale via le portail. La composante française de MEOP est constituée par le système d’observation « mammifères échantillonneurs du milieu océanique » (SO-MEMO) rattachée au SOERE-CTDO21. Les travaux de SO-MEMO ont à plusieurs reprises été soutenus par l’ANR et ont contribué aux données accessibles via le portail MEOP.

Trois exemples de projets soutenus par l’agence

  • Financé en 2008 dans le cadre du programme « Vulnérabilité », le projet IPSOS-SEAL (coordinateur Christophe GUINET du CNRS de Chizé) a permis de suivre durant 4 ans des femelles éléphant de mer. Grâce aux données recueillies par ces mammifères (température, salinité et fluorescence), il s’agissait d’évaluer les effets du réchauffement global sur la productivité biologique de l'Océan Austral, ses conséquences en termes de fixation de CO2  ainsi que sur la biologie de prédateurs marins supérieurs. Ce projet réunissait des équipes du CNRS (délégations Poitou-Charentes, Languedoc Roussillon et Avignon) et de l’INRA.
     
  • En 2010, le projet TOPP-PATCHES (coordinateur Frédéric BAILLEUL du CNRS de Chizé) visait à mieux évaluer les effets du réchauffement climatique sur les proies des mammifères marins en examinant les habitats d'alimentation des éléphants de mer. Combinant l’utilisation d’accéléromètres et de balises Argos mesurant la teneur en oxygène dissout, ce travail visait notamment à évaluer au niveau individuel le changement spatio-temporel de succès d’alimentation des éléphants de mer en fonction des conditions océanographiques rencontrées. Grâce à ces données individuelles, il s’agissait également de mieux comprendre les effets du changement climatique à l’échelle de la population.
     
  • Le projet MyctO-3D-MAP (coordinateur Yves CHEREL du CNRS de Chizé) visait, quant à lui, à décrire la distribution et la densité des populations de poissons lanterne. Ces poissons jouent un rôle pivot au sein des chaines alimentaires, et, étant encore peu exploités, commencent à être des cibles privilégiées pour le développement de nouvelles pêches industrielles. Financé en 2011 dans le cadre du programme Blanc, ce projet étudie la distribution des espèces dominantes de poissons lanterne de l’Océan Austral, ainsi que les caractéristiques physiques et biologiques de leurs habitats. Pour ce faire, il s’appuie notamment sur le suivi de deux espèces de prédateurs (le manchot royal et l’éléphant de mer austral) équipés de capteurs électroniques permettant de mesurer leurs prises alimentaires instantanées et les caractéristiques des milieux prospectés en plongée. Ce projet est porté par des équipes du CNRS (délégations de Paris, Sophia-Antipolis et Poitou-Charentes), du Muséum national d’histoire naturelle, de l’IRD, de l’Inra et de l’université Pierre et Marie Curie.

En savoir plus :



1 Le système observation organisé en réseau 'Coriolis-temps différé Observations Océaniques'

Mis à jour le 21 mars 2019
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