News
01/25/2024

"La Science au service de la performance sportive" lancement du colloque autour du PPR "Sport de très haute performance" à l'INSEP

Les 16, 17 et 18 janvier derniers, l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (INSEP) a accueilli près de 750 personnes durant trois journées de rencontres autour des restitutions des 12 projets lauréats du programme prioritaire de recherche (PPR) « Sport de Très Haute Performance », piloté scientifiquement par le CNRS, opéré par l'ANR et financé dans le cadre de France 2030. Des journées ayant permis de présenter au mouvement sportif les résultats de trois ans de recherches et de poursuivre, à l’approche des JOP de Paris 2024, un dialogue fécond entre science et sport de haut niveau.

Coorganisé par l’INSEP et l’ANR, l’événement « La Science au service de la performance sportive », dressait, à 192 jours de l’ouverture des Jeux Olympiques et 225 des Jeux Paralympiques de Paris 2024, un premier bilan des projets lauréats du programme prioritaire de recherche. Un dialogue s’est noué entre lauréats, sportifs de haut niveau, fédérations, industriels, représentants du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche et du Secrétariat Général pour l’investissement, en charge de France 2030.

Apporter des solutions scientifiques et technologiques utiles à la transformation des pratiques d’entraînement et de compétition

Ce PPR, lancé en 2019 et doté à hauteur de 20 M€ au titre des Programmes d’investissement d’avenir (PIA 3), désormais intégrés à France 2030, avait pour but, à quatre ans des JOP de Paris 2024, de financer des projets de recherche translationnelle dans le domaine de la performance sportive afin de préparer les athlètes français à la compétition.

Il présentait la particularité de s’adresser à la fois aux communautés scientifiques (laboratoires de recherche) et aux communautés sportives (Fédérations sportives) afin de construire ensemble des projets de recherche s’inscrivant dans neuf grands défis pluridisciplinaires :

  • L’équilibre de vie et l’environnement de l’athlète
  • La prévention et le traitement des facteurs de risque
  • Cognition et préparation mentale
  • Les interactions homme-matériel et l’optimisation du matériel
  • Apprentissage et optimisation du geste sportif
  • La quantification des charges d’entrainement
  • Les big data et l’intelligence artificielle au service de la performance
  • La performance dans son environnement
  • Spécificités du domaine paralympique

A l’issue de deux vagues lancées en 2019 et 2020, le jury international indépendant, organisé par l’ANR et présidé par le professeur Jacques Mercier, Vice Président de l’Université de Montpellier, a proposé le financement, à hauteur d’1 million minimum sur une durée de quatre ans, de 12 projets associant des fédérations sportives et des équipes de recherche reconnues dans leur domaine.

Une diversité de thématiques ouvrant le champ des possibles

Une grande variété de disciplines : psychophysiologie, neurosciences, apprentissage moteur et modélisation digitale, biomécanique, physique étaient ainsi potentiellement pertinentes dans l’optique d’accompagner les sportifs de haut niveau à diverses étapes charnières de leur pratique :  préparation physique et mentale, performance physique et cognitive durant l’activité, récupération post effort, sommeil, etc.

Ces disciplines scientifiques se sont croisées avec un nombre conséquent de disciplines sportives (Canoë-Kayak, Cyclisme, Judo, Lutte, Natation, Rugby, Handisport, Voile olympique, Boxe, Gymnastique, Lutte, Sport de montagne, Escalade, Athlétisme, Escrime, Aviron). Les associations potentielles sont ainsi innombrables et ont abouti à des axes de recherche originaux, parfois inédits. Comme par exemple la compréhension de l’identité collective et des phénomènes de contagion émotionnelle pour le projet TEAM-SPORT qui collabore avec les principales fédérations olympiques de sports collectifs dont le XV de France lors de la dernière coupe du monde de Rugby. Le projet a notamment mis au point des algorithmes permettant l’évaluation en temps réel des niveaux de stress collectif, côté co-équipiers ou adversaires.

Ou encore le projet PARAPERF, qui travaille à l’accompagnement et la personnalisation des parcours et équipements pour amener les athlètes handisport à une meilleure performance. Notamment en analysant les performances des athlètes, en modélisant leur trajectoire de progression et en les situant dans le contexte concurrentiel de leur discipline. Un autre axe du projet vise à optimiser les performances des athlètes en fauteuil en renforçant, selon les besoins liés aux disciplines sportives : stabilité (pour les sports de précision), maniabilité (pour le rugby, le basket-ball, le badminton), réduction de la résistance au roulement (pour l’athlétisme).

Le projet du « Du Carbone à l’or olympique » vise à améliorer les interactions homme-matériel dans la voile de compétition, en associant ingénierie – optimisation physique du matériel – et les sciences cognitives - ergonomie cognitive du sport - pour renforcer la finesse d’analyse des marins.

Dans cette dimension cognitive, le projet TRAIN YOUR BRAIN associe physiologie et psychologie pour caractériser les exigences physiques et mentales spécifiques ainsi que la gestion de la fatigue tout au long de la compétition d'escrime au plus haut niveau de performance. Le projet cherche également à décrire les stratégies de régulation perceptive, attentionnelle et émotionnelle nécessaires pour affronter les aléas de la compétition.

« Sport et recherche scientifique : le temps long en commun »

Le colloque a été inauguré par les interventions de Fabien Canu, Directeur général de l’INSEP, Thierry Damerval, Président Directeur de l’ANR et François Germinet, Directeur du Pôle connaissance du Secrétariat général pour l’investissement, en charge du plan France 2030. Deux tables rondes, animées par Cécilia Berder, escrimeuse membre de l'équipe de France, sur les thèmes « Sport, Science et Société et « Accompagnement scientifique de la performance sportive » ont rythmé cette matinée d’ouverture.

Fabien Canu a rappelé l’engagement des agents de l’INSEP - dont les laboratoires sont porteurs de six projets lauréats - pour contribuer à la quête nationale de médailles à l’horizon des JOP 2024 et conclut que « jamais autant de sportifs de haut niveau n’ont ainsi contribué à l’avancée de la science. »

Saluant « la grande diversité de thématiques portées par les projets », Thierry Damerval, PDG de l’ANR, a souligné que le PPR a « mobilisé les communautés scientifiques et donné un nouvel élan à des interactions entre sport et recherche qui existaient mais méritaient d’être davantage soutenues et visibilisées. Ces deux domaines partagent de nombreuses valeurs comme celle de pousser toujours plus loin les limites de la connaissance et de la performance. »

François Germinet, du SGPI, a évoqué « un programme interministériel et interdisciplinaire dont les résultats impactent directement la société et dont les effets positifs sur les pratiques actuelles des athlètes se font déjà sentir ». « On observe, une corrélation non négligeable, au regard de différents pays, entre l’investissement dans la recherche sur la performance sportive et le nombre de médailles obtenues dans le temps » a-t-il ajouté.

Antoine Petit, Président du CNRS, pilote scientifique du PPR, a conclu cette matinée institutionnelle en réaffirmant la nécessité de ces espaces d’échanges interdisciplinaires et en rappelant la pleine mobilisation du CNRS sur cette thématique, avec quelques 200 laboratoires intégrant le sport, totalement ou à la marge, dans leurs applications potentielles. Il a par ailleurs rappelé le rôle prescripteur des sportifs et entraineurs dans l’évolution des sujets d’études des scientifiques. Les besoins et problématiques des athlètes et des fédérations sont autant d’indications pour aiguiller de futurs axes de recherche à construire. Recherche et sport de haut niveau partagent une inscription dans le « temps long ».

L’écosystème de la recherche française impliqué

Sébastien Journaux, référent olympique et paralympique au ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, a rappelé la part non négligeable de la performance sportive dans le paysage de la recherche française avec notamment près de 180 unités de recherche, près 1500 chercheurs.

Traduisant ce maillage thématique et territorial, les 12 projets embarquent une pluralité d’organismes nationaux de recherche, (CNRS, INRIA, INSERM, CEA), des universités et établissements d’enseignement supérieur (Polytechnique, INSEP), des groupements de recherche (GDR Sport et activité physique du CNRS).

Vers les Jeux de 2024 et au-delà

Si les JOP 2024 ont eu un effet catalyseur pour ce programme ambitieux, selon Thierry Damerval, leur issue ne devrait pas marquer un coup d’arrêt aux nombreux et fructueux échanges entre équipes de recherche et fédérations rendus possibles par le PPR. « Ce PPR a un fort effet mobilisateur qui pourra donner une impulsion durable à ces nouvelles interactions ».

Selon Sébastien Chevalier, Chef du service de la coordination des stratégies au Ministère de la recherche et de l’Enseignement supérieur, ce PPR a été « un acte fondateur, car nous sommes parti de très loin. Au même titre que le Royaume-Uni avait opéré un travail de recherche colossal en amont des JOP de Londres de 2012, nous devons nous aussi maintenir cette dynamique pour de futurs grands événements sportifs mais également sur des sujets qui dépassent le sport de haut niveau comme le sport éducatif, le sport et la société, les transitions écologiques, technologiques, sociologiques ».

Eric Journaux, référent olympique et paralympique au ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche a ajouté qu’« il faut toujours garder en ligne de mire, par delà le rayonnement national permis par les succès du sport de haute performance, les retombées et bénéfices potentiels pour le citoyen. Qu’il s’agisse de santé publique, de lutte contre la sédentarité, de sport santé ou de développement durable.»
Autant d'enjeux de société au coeur des ambitions de France 2030.

Prix1

Focus sur les 12 projets lauréats

NEPTUNE

Le projet vise à fournir aux entraîneurs et nageurs français des outils et méthodes pour évaluer les facteurs clés, identifier les différents profils et réaliser des modèles physiques afin d'optimiser la performance. ll est porté par Ludovic SEIFERT de l’université de Rouen et associe la fédération de natation et la fédération handisport.

TEAM-SPORT

Porté par Mickaël CAMPO de l’université de Bourgogne Franche-Comté avec la participation des fédérations de Rugby, Handball, Basket-ball et Volleyball, le projet mobilise diverses disciplines (psychophysiologie, neurosciences, apprentissage moteur et modélisation digitale) afin de développer de nouvelles approches sur la cognition et la préparation mentale dans les sports collectifs.

BEST-TENNIS*

Le projet (Université de Rennes 2), a pour objectif d'optimiser la performance du service et du retour de service des joueuses et joueurs (valides et en fauteuil) sous forme d'une approche systémique, capitalisant des données biomécaniques, cliniques et cognitives.

Du CARBONE à l’OR OLYMPIQUE

Le projet cherche à proposer aux athlètes de voile olympique les moyens d’optimiser le matériel et son adéquation avec le sportif dans des conditions de courses déterminées. Il est porté par Marc FERMIGIER de l’ESPCI et associe la fédération française de voile, l’École Nationale de Voile et des Sports Nautiques, l’école navale, l’Ifremer.

D-DAY

D-DAY, porté par Laurent BOSQUET de l’université de Poitiers et associe le CNRS et l’IRBA ainsi que la fédération de natation, cherche à optimiser la phase de préparation terminale dans les disciplines de moyenne et longue durée.

PERFANALYTICS

L'objectif du projet, porté par INRIA Grenoble Rhône-Alpes, est de déterminer comment l'analyse vidéo, outil désormais classique dans l'environnement sportif, peut être utilisée pour quantifier les différents indicateurs de performance et délivrer un retour aux entraîneurs et aux athlètes. Le projet soutenu par les fédérations de boxe, cyclisme, gymnastique, lutte ainsi que montagne et escalade, couple les résultats techniques existants sur l'estimation des gestes et figures à partir de la vidéo avec des méthodologies scientifiques relevant de la biomécanique pour une objectivation gestuelle avancée.

PARAPERF

Le projet est porté par Jean-François TOUSSAINT de l’INSEP et associe la fédération handisport et la fédération de tir. Il veut comprendre les enjeux spécifiques de la performance paralympique au regard des trajectoires, de l’optimisation du matériel et des environnements sociaux.

REVEA

Le projet, porté par l'Université Rennes 2. Le projet, soutenu par les fédérations d'Athlétisme, Boxe et Gymnastique, exploite les propriétés uniques de la réalité virtuelle afin d’améliorer les performances motrices des athlètes tout en réduisant les risques de blessures.

HYPOXPERF

Ce projet de recherche a pour objectif de répondre aux « questions de terrain » pour améliorer le soutien scientifique dans le champ du stress environnemental aux athlètes et entraineurs français dans leur préparation aux Jeux Olympiques de Paris. Il est porté par L’INSEP et associe les fédérations de Canoë-Kayak, Cyclisme, Judo, Lutte, Natation et Rugby.

TRAIN YOUR BRAIN

Le projet porté par l'Université de Nantes et soutenu par la Fédération Française d'Escrime, cherche à optimiser l’entrainement mental des escrimeur(euse)s pour atteindre l’or olympique, fondé sur des approches psychophysiologiques innovantes de la performance.

THPCA

Le projet (école Polytechnique) se concentre sur le cyclisme sur piste et l’aviron, deux sports de course à propulsion humaine, en vue des jeux de Paris. Le projet vise à maximiser la production de puissance, réduire les frictions mécaniques, et travailler sur l’optimisation globale du couplage athlète-machine en passant par la modélisation théorique de la course et de son optimisation.

FULGUR

Porté par Gaël GUILHEM, chercheur à l’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance (INSEP) en partenariat notamment avec le CNRS et le CEA, ainsi que les fédérations d’Athlétisme, de Rugby et des Sports de Glace, FULGUR s’attache à identifier et prévenir les facteurs de risques pour optimiser les programmes d’entrainement.

Last updated on 29 January 2024
Sign up for the latest news:
Subscribe to our newsletter