Comment les abeilles domestiques développent des stratégies de résilience face aux espèces invasives, à l'aide d'un système immunitaire à l'échelle de la colonie – BEE HEALTHY

Les abeilles domestiques, Apis mellifera, ont subi tous les effets de la mondialisation, y compris la récente invasion par le parasite Varroa destructor. Cet acarien mortel est rapidement devenu l'une des principales causes de pertes de colonies dans le monde, avec un impact économique considérable sur l'apiculture. Malgré les effets létaux du varroa, certaines colonies survivent à l'infestation. Dans ces colonies, les abeilles sont capables de coopérer pour éliminer sélectivement le couvain hautement parasité, limitant ainsi la propagation de l'acarien. L'hygiène défensive joue un rôle au niveau de la société qui est comparable à celui d'un système immunitaire, et "l'immunité sociale" qu'elle confère constitue la base de la résistance des colonies au varroa et à d'autres maladies du couvain. La manière dont les individus atteints sont diagnostiqués avec précision et la manière dont les actions collectives des abeilles hygiéniques sont régulées au niveau de la colonie constituent des défis essentiels mais non encore résolus. Le projet BEE HEALTHY vise à déchiffrer les mécanismes qui sous-tendent les défenses comportementales collectives contre le couvain malade dans les colonies d'abeilles domestiques. Quatre éléments clés soutiennent mon approche à haut risque, à haut gain et à grande échelle : (1) un nouveau cadre conceptuel qui postule que les abeilles maintiennent l'intégrité de la colonie en évaluant constamment l'état de bonne santé des congénères ; (2) une nouvelle hypothèse qui considère les comportements hygiéniques distincts comme les composants d'une seule série de défenses qui doivent être considérées ensemble ; (3) une stratégie expérimentale novatrice qui associe étroitement les études au niveau de l'abeille individuelle et du super organisme que constitue la colonie ; (4) une approche de biologie intégrative qui combine l'écologie chimique et la neurophysiologie. Ce projet ambitieux promet un voyage sans précédent dans la compréhension de l'immunité sociale. Face aux menaces croissantes des espèces envahissantes, il n'a jamais été aussi urgent de révéler comment les hôtes s'adaptent aux ennemis nuisibles. Cette recherche ouvre également la voie au développement d'outils pour une apiculture et une agriculture plus durables grâce à la préservation des services écosystémiques de la pollinisation.