Plasticité des représentations du corps dans le développement moteur typique et atypique – BODYS
Le trouble développemental de la coordination (TDC), communément appelé dyspraxie, est un trouble majeur du développement qui impacte l'autonomie de 5% de la population dans ses activités quotidiennes et son parcours académique. Bien qu'historiquement attribué à un déficit du contrôle moteur et de la coordination, des résultats récents soulignent la présence de déficits de la représentation corporelle (RC). Alors que planifier et exécuter efficacement des mouvements dépend d’une RC fiable et précise, notre compréhension du développement de la RC chez les enfants typiques et TDC reste très parcellaire. Malgré sa pertinence pour le contrôle de l'action, le développement de la représentation corporelle chez les enfants dyspraxiques reste en effet inexploré (INSERM, 2019). Notre projet définit deux objectifs principaux : 1) identifier les facteurs cognitifs et cérébraux de la RC et sa plasticité chez les participants neurotypiques (NT) et 2) évaluer si les enfants atteints de TDC ont une RC plus imprécise et moins plastique tout en proposant des interventions éducatives préventives.
La question du développement de la RC sera explorée aux niveaux comportemental, cérébral et sociétal directement en milieu scolaire. En outre, la plasticité de la RC sera évaluée, à différentes échelles temporelles (heures, mois, années). Pour identifier les caractéristiques cliniques et développementales des enfants TDC, le projet est structuré autour d’une approche populationnelle comparative (avec TDC vs NT, enfants vs adultes) et s'appuie sur des tâches comportementales impliquant la RC (acuité tactile, proprioceptive et motrice) et sa plasticité (induite par l'utilisation d'outils). Notre projet inclut une approche en neuroimagerie fonctionnelle (IRMf) qui fera le lien entre structure cérébrale et fonction. Nous prévoyons que la RC altérée au niveau comportemental le sera également au niveau cérébral en révélant une somatotopie corticale moins précise chez les enfants TDC (notamment la spécialisation des régions cérébrales motrices et somatosensorielles pour chaque partie du corps). Nous identifierons le mécanisme cérébral responsable de cette imprécision en testant si l'inhibition latérale entre les parties du corps est altérée. Couplé à des outils analytiques de pointe, un indice de suppression dérivé de l'enregistrement électroencéphalographique (EEG) des potentiels évoqués somatosensoriels, nous permettra d'identifier les mécanismes physiopathologiques sous-jacents au TDC. Tout en révolutionnant l’approche théorique du TDC nous explorerons de nouvelles perspectives dans un but préventif à faible cout sociétal.
Loin d'être des promesses, notre projet résolument novateur comprend l'application de deux modules pédagogiques pour la formation des RC ('ENCOR') et leur plasticité ('MATOO'). Ces modules co-construits par des enseignants, des conseillers pédagogiques, des chercheurs, des psychomotriciens, des ergothérapeutes et des concepteurs didactiques seront dispensés par des enseignants de maternelle et leur efficacité sera comparée aux pratiques habituelles. Nous attendons non seulement des améliorations de la RC, mais également un transfert vers les compétences cognitives et académiques.
Ainsi, ce projet représente une percée interdisciplinaire multi-échelle dans les domaines théorique, clinique et éducatif du TDC. Il détient le potentiel de générer des données sans précédent reliant les niveaux cérébraux et comportementaux de la RC au cours du développement typique et atypique. L'intervention éducative préventive a en outre la possibilité de réduire le coût sociétal en réservant des services individualisés coûteux (e.g. ergothérapeute) aux enfants atteints de troubles résistants à l'intervention scolaire. Ce projet répond à la priorité pour notre société de comprendre les mécanismes physiopathologiques sous-jacents aux problèmes sensori-moteurs et d'aider ceux qui en souffrent.
Coordination du projet
Alice GOMEZ (Université Claude Bernard Lyon 1)
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
Partenaire
CRNL Institut national de la sante et de la recherche medicale
CRNL Université Claude Bernard Lyon 1
DDL UMR5596
Aide de l'ANR 633 729 euros
Début et durée du projet scientifique :
février 2023
- 48 Mois