L'art pariétal Holocène du bassin méditerranéen ibérique : comment vous peignez, qui vous êtes – HOLOGRAM

HOLOGRAM vise à une meilleure compréhension des sociétés impliquées dans la néolithisation du bassin méditerranéen ibérique par une nouvelle approche de leur art rupestre, dont la complexité culturelle et la chronologie restent mal définies.
Bien que ce contexte graphique soit exceptionnel dans l'Europe préhistorique – par le remarquable nombre de sites ornés documentés, de leur large distribution territoriale et de leur grande diversité graphique -, le manque de méthodes de datation fiables a écarté l'art rupestre holocène ibérique des recherches archéologiques, tandis que l'absence de tout cadre théorique et méthodologique a conduit à une image biaisée de sa complexité technique, sociale et territoriale. Après un siècle de recherches, deux questions majeures restent ouvertes : d'une part, l'émergence, le développement et l'attribution culturelle des trois horizons graphiques identifiés dans cette région alimentent toujours le débat, et ce débat est étroitement lié aux différentes visions du processus de néolithisation du bassin méditerranéen ibérique. En outre, la caractérisation stylistique des horizons Macroschématique, Schématique et Levantin s'est basée uniquement sur des caractéristiques formelles et thématiques, tandis que les aspects technologiques ont été complètement ignorés, notamment en ce qui concerne les premières étapes de la chaîne opératoire. Par conséquent, notre compréhension de ces traditions techniques, leurs territoires d’influence et les mécanismes régissant la transmission du savoir-faire est très limitée. Ces deux questions, la définition du cadre chronologique et la caractérisation approfondie de ces horizons graphiques sont essentielles pour déchiffrer la complexe singularité de l'éclosion graphique qui a caractérisé la néolithisation ibérique dans le cadre de la Méditerranée occidentale, et pour mieux comprendre les processus sociaux sous-jacents qui sont à l'origine de cette éclosion.

Pour aborder ces questions, ce projet cherche à reconstruire les traditions techniques graphiques, et à les placer dans le temps, par le biais d'un protocole d'analyse et de datation multidisciplinaire fondé sur la chaîne opératoire de la matière colorante. Des questions inexplorées sur le geste technique, les savoir-faire et les réseaux d'approvisionnement apporteront de nouveaux éclairages sur les aspects socio-symboliques des systèmes technologiques graphiques et sur les interactions entre les sociétés et l’environnement.

Cette approche permettra de lever les verrous entravant la mise en contexte de l’art rupestre dans les processus sociaux et historiques qui jalonnent l’implantation et l'expansion du Néolithique sur ce territoire. La définition d'un cadre chrono-culturel robuste pour ces horizons graphiques ainsi que la caractérisation de la dynamique territoriale des traditions techniques permettront d'améliorer la compréhension de la mosaïque culturelle et des réseaux sociaux, qui structurent le tissu d’expansion des premières sociétés paysannes, en associant les données graphiques avec celles issues des vestiges matériels.