CE27 - Études du passé, patrimoines, cultures

Le marché du plomb romain : ressources, organisation, acteurs – FISTULAE

FISTVLAE. Le marché du plomb romain : ressources, organisation, acteurs

Le projet a pour objectif de mieux documenter la dernière étape de la chaîne opératoire du plomb à l’époque romaine, celle de la mise sur le marché au travers de l’organisation et de l’évolution de celui-ci. Au cœur du programme se trouvent les conduites hydrauliques (fistulae aquariae) qui se sont généralisées dans les grandes agglomérations romaines dès la fin de la République, créant les conditions de développement d’un marché qu’il s’agit de caractériser.

Le marché du plomb romain : un marché à découvrir et à caractériser

Les fistulae aquariae sont des objets qui ont nécessité de grandes quantités de plomb ; elles renferment nombre d’informations (typologiques, épigraphiques, géochimiques) qui, mises en série, permettront d’apporter des réponses à un ensemble de questions intéressant : <br />- l’origine du métal utilisé dans les réseaux hydrauliques des programmes édilitaires urbains préférentiellement, enquête qui pourra être étendue aux sites péri-urbains et ruraux, comme les grandes villas suburbaines ou maritimes de l’aristocratie romaine ou provinciale.<br />- la gestion de la ressource et l’organisation des approvisionnements, avec la question cruciale de la part de recyclage sur le temps long.<br />- le fonctionnement du marché du plomb sur la longue durée, et la part respective des différentes zones de production dans l’approvisionnement du marché et son évolution, afin d’identifier d’éventuelles stratégies mises en place pour assurer une diffusion régulière du métal.<br />- l’identité des acteurs qui ont animé le marché et leurs rôles respectifs dans l’organisation du marché et de la gestion de la ressource : les artisans, les commanditaires des fistulae, particuliers comme collectivités (cités), voire, à Rome, empereurs et membres de la famille impériale et parfois leur entourage. <br />L’ambition du projet FISTULAE est de mettre en place une recherche systématique, à grande échelle et sur le temps long, sur différentes aires géographiques à la fois, qui ont été identifiées, par leur potentiel en termes de matériel disponible à l’étude, comme de grands marchés du plomb produit dans le monde romain ; il s’agit :<br />- en Gaule, d’un côté des cités de la bordure méditerranéenne approvisionnées par les ports de Narbonne (Narbo Martius) et d’Arles-Fos (Arelate-Fossae Marianae), de l’autre de celles de la vallée moyenne du Rhône, en particulier Lyon et Vienne, en relation avec le port d’Arles mais aussi, sans doute, recevant du plomb du nord de l’Europe ;<br />- en Italie, d’une part de Rome et d’Ostia-Portus, carrefour des grandes routes du commerce méditerranéen, d’Occident comme d’Orient, d’autre part des cités de Campanie, approvisionnées depuis Pouzzoles (Puteoli), Pompéi et Herculanum, enfin des cités de la Gaule Cisalpine, un marché qui fut sans doute préférentiellement alimenté par le port d’Aquileia, porte d’entrée vers la Gaule Cisalpine du commerce méditerranéen. <br />Tous ces grands marchés eurent certainement leurs dynamiques propres. Mais ils seront soumis à une même grille de lecture qui concerne autant la typologie des conduites utilisées, que l’identification des différents protagonistes (artisans, commanditaires) ou encore la composition élémentaire et isotopique du métal utilisé. Cela permettra de comparer ces marchés entre eux et d’aboutir au bout du compte à une vision d’ensemble de ce qu’a été, dans son fonctionnement propre, le marché du plomb en Méditerranée occidentale. C’est là l’ambition d’une recherche qui n’a jamais été menée à cette échelle.

Les grands axes du programme FISTVLAE sont :
- l’inventaire systématique, par un travail de recherche bibliographique complété par des missions de terrain dans les musées et les dépôts archéologiques dépositaires du matériel ciblé, des tuyaux hydrauliques ; on veillera tout particulièrement à contextualiser les fistulae (notamment sur le plan chronologique) : ce travail doit aussi permettre d’identifier des ensembles homogènes de conduites à l’échelle d’un site ou d’un monument, en fonction de critères prédéterminés comme le nombre et la taille des objets, la présence de reprises ou de traces de réfection ou de restauration. Il s’agira aussi de relever systématiquement les éventuelles inscriptions présentes : marques d’ateliers, noms des commanditaires, particuliers ou publics (cités, empereurs romains), inscriptions numériques liées à la mise en œuvre des tuyaux . Les données alimenteront une base de données Heurist hébergée sur la plateforme Huma-Num, d’ores et déjà opérationnelle, et qui, à terme, sera accessible à l’ensemble de la communauté des chercheurs. Elle sera couplée à une base de données Nakala dans laquelle sera versée une partie de la documentation graphique acquise notamment lors des missions de terrain (photos, relevés d’inscriptions), accessible elle aussi, à terme, à l’ensemble des chercheurs.
- la sélection des conduites en vue de leur échantillonnage et la réalisation, dans des laboratoires spécialisés, d’analyses chimiques de deux types sur le métal prélevé : des analyses multi-élémentaires d’une part, qui permettront de mesurer l’homogénéité du métal utilisé et de détecter d’éventuels mélanges ou du métal recyclé. Elles fourniront des indications sur les techniques de fabrication des fistulae mais aussi sur les questions de gestion de la ressource (réutilisations ; recyclage ; métal frais) ; des analyses isotopiques du plomb d’autre part, qui, effectuées sur les mêmes échantillons, devraient permettre de connaître la provenance du métal, en les replaçant dans les référentiels existants (minerais) et, tout particulièrement, dans ceux aujourd’hui disponibles sur les lingots de plomb.

L’objectif de ce projet est de mieux appréhender la dernière étape de la chaîne opératoire d’un métal, le plomb, omniprésent à l’époque romaine, dès la fin de la République et sous l’Empire, celle de la mise sur le marché, de son organisation, de sa logistique et de ses contraintes, et de la gestion de la ressource. On se propose ici de travailler sur un des produits manufacturés qui a nécessité de grandes quantités de métal, les fistulae aquariae, ou conduites qui formaient les réseaux d’adduction d’eau dont se dotent les villes romaines. Celles-ci présentent des informations, épigraphiques (noms des artisans et/ou des commanditaires) et géochimiques (composition élémentaire et isotopique du métal qui est celle du minerai d’origine), qui, dûment analysées et croisées entre elles, pourront apporter les éléments sur les techniques de fabrication de ces conduites, l’origine du métal et, dès lors, les sources d’approvisionnement du marché, l’évolution de celui-ci sur le temps long et les stratégies commerciales mises en place. L’épigraphie quant à elle permettra de mieux saisir, grâce à l’inventaire systématique et à l’étude des noms qui sont présents sur les conduites, l’organisation du marché du plomb du point de vue de ses acteurs, privés et publics (empereurs, cités), et des relations qu’ils entretenaient entre eux. Le projet est donc fondamentalement interdisciplinaire : il réunit autour de problématiques communes des chercheurs en histoire, archéologie et en archéométrie. Il s’intéressera à plusieurs secteurs géographiques distincts, Rome et Ostie, la Campanie, Aquilée et la Vénétie, la moyenne vallée du Rhône et les villes de Gaule méditerranéenne, qui fonctionnent comme autant de marchés indépendants mais qu’il conviendra de comparer afin de dégager des enseignements à valeur générale sur le commerce global du plomb romain.

Coordination du projet

Christian Rico (Travaux de Recherches Archéologiques sur les Cultures, les Espaces et les Sociétés)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

Direction des études - Antiquité Direction des études - Antiquité
ArAr ARCHEOLOGIE ET ARCHEOMETRIE
TRACES Travaux de Recherches Archéologiques sur les Cultures, les Espaces et les Sociétés
ASM Archéologie des sociétés méditerranéennes

Aide de l'ANR 400 646 euros
Début et durée du projet scientifique : janvier 2023 - 48 Mois

Liens utiles

Explorez notre base de projets financés

 

 

L’ANR met à disposition ses jeux de données sur les projets, cliquez ici pour en savoir plus.

Inscrivez-vous à notre newsletter
pour recevoir nos actualités
S'inscrire à notre newsletter