CE27 - Études du passé, patrimoines, cultures

Pouvoir et culture écrite dans la Haute-Mésopotamie du 18e siècle av. J.-C. – PCEHM

Résumé de soumission

La « révolution de l'écrit » qui caractérisa le début du IIe millénaire av. J.-C. en Mésopotamie s'est d'abord opérée dans le centre et le sud de l'Irak actuel. C'est seulement à la fin du 19e siècle av. J.-C. que l'on voit les nouvelles pratiques s'étendre en Haute-Mésopotamie, Irak du Nord et Syrie orientale, où des milliers de tablettes cunéiformes rédigées en langue akkadienne entre 1810 et 1725 av. J.-C. ont été découvertes depuis 1934 : près de 10000 textes des archives royales de Mari ont été publiés, ainsi que 2000 provenant d'autres sites comme Qa??ara, Terqa, Tuttul, ?ubat-Enlil ou ?u?arra. Ils témoignent du recours à l'écrit pour les besoins de l'administration et de la communication, la correspondance jouant un rôle essentiel dans l'information des rois et leur interaction avec leurs subordonnés et leurs pairs. Le questionnement qui sous-tend le projet PCEHM est triple : dans quelle mesure le pouvoir politique est-il à l'origine de cette révolution de l'écrit ? Inversement, en quoi ces innovations d'ordre culturel ont-elles modifié l'exercice du pouvoir ? Enfin, en quoi la documentation de la Haute-Mésopotamie diffère-t-elle de ce qui est connu pour le sud de l'Irak actuel ?
Le projet s'organisera selon quatre axes. Il s'agira d'abord de publier des textes restés inédits. Depuis 85 ans, plus de la moitié des archives de Mari a été publiée mais il reste encore beaucoup à faire : outre les tablettes découvertes à Mari entre 1934 et 1939, on souhaite donner accès à celles issues des fouilles postérieures à 1945, ainsi que celles d'autres sites comme Chagar Bazar. La publication d'environ 2000 textes est programmée : leur édition sera entreprise en une dizaine de monographies imprimées comportant de substantiels commentaires ainsi que sous forme électronique avec photos dans la base de données Archibab.
Il faut aussi faciliter l'accès aux textes déjà publiés, aujourd'hui disponibles de manière trop dispersée. Le projet PCEHM améliorera et complétera les outils informatiques existants. Il faut terminer l'intégration à la base Archibab des textes déjà publiés : leur réédition électronique profitera des progrès effectués depuis leur première édition et des collations, publiées ou inédites, ainsi que de l'exploitation des nombreuses photographies qui seront rendues publiques. Cela fait, de nombreuses recherches pourront être reprises, notamment celles portant sur la chronologie, les syllabaires, la prosopographie, et d'autres qui apparaîtront en chemin.
Ainsi pourra être renouvelée l'étude des mécanismes par lesquels l'écrit acquit alors un statut nouveau. Trois synthèses y contribueront. L'une portera sur les pratiques archivistiques et comptables dans le palais de Mari, qui étudiera les modalités et raisons de la rédaction, de la conservation et de la consultation des textes administratifs et juridiques. La seconde analysera sur le temps long du IIe millénaire les processus de domination politique en Haute-Mésopotamie et la place de l'écrit dans ces constructions. La troisième portera sur l'écriture, le transport et la lecture des lettres au 18e siècle av. J.-C. On y analysera les mécanismes par lesquels la correspondance a acquis à cette époque un statut nouveau qui explique le rôle crucial qu'elle joua dès lors dans l'exercice du pouvoir en Haute-Mésopotamie.
On souhaite enfin œuvrer à la dissémination des acquis de la recherche. Un carnet Hypothèse rendra compte des avancées du projet. Un nouveau site internet permettra, sous la forme d'un atlas interactif de la Haute-Mésopotamie, de présenter les lieux où des documents écrits ont été découverts, situant ceux-ci dans leur contexte archéologique et fournissant un accès à leur édition électronique. Les cours réguliers de la chaire “Civilisation mésopotamienne” et un colloque international au Collège de France seront consacrés aux thématiques et documentations exploitées par le projet et mis en ligne à l'usage d'un large public.

Coordination du projet

Dominique Charpin (Collège de France Paris)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

ANHIMA Anthropologie et Histoire des Mondes Antiques
Collège de France Paris

Aide de l'ANR 362 265 euros
Début et durée du projet scientifique : septembre 2022 - 48 Mois

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