Adaption aux effects interactifs de l’urbanisation et des changements climatiques – ACACIA

En écologie évolutive, le changement climatique et l'urbanisation sont surtout étudiés séparément. Pourtant l’effet d'îlot de chaleur urbain constitue un défi supplémentaire pour des organismes déjà confrontés au changement climatique, en particulier durant les événements climatiques extrêmes (ex. vagues de chaleur). La chaleur accrue en ville représente de ce fait un théâtre d’étude unique pour les scientifiques cherchant à comprendre comment les organismes s’adaptent (ou non) au réchauffement. Le projet ACACIA vise 1. à comprendre et à prévoir l'impact des effets interactifs du changement climatique et de l'urbanisation sur l’évolution et la dynamique des populations en utilisant une espèce modèle en écologie évolutive: la mésange charbonnière, et 2. à utiliser l'exemple des mésanges charbonnières face au changement climatique comme outil éducatif pour reconnecter les écoliers urbains à la nature. Le projet sera composé de trois tâches, reposant sur a/ une expérience de jardin commun utilisant des œufs prélevés dans trois paires de populations forestières/urbaines de mésanges, b/ des suivis longitudinaux dans 13 paires forêts/villes de populations de mésanges charbonnières à travers l'Europe, et c/ un protocole de recherche participative dans 14 écoles (minimum) de Montpellier et Paris associé à un dispositif pédagogique. Dans la tâche 1, nous construirons une carte à échelle fine des températures à travers les gradients d'urbanisation, comparerons les adaptations physiologiques (depuis les phénotypes jusqu’aux gènes) au réchauffement chez les oiseaux des forêts et des villes, et testerons l'hypothèse selon laquelle les organismes vivant en ville pourraient être pré-adaptés au réchauffement climatique parce qu'ils sont exposés à l'effet d'îlot de chaleur urbain. Dans la tâche 2, une collaboration européenne à grande échelle sur les suivis de mésanges permettra de vérifier si les ajustements phénologiques aux températures sont similaires entre les populations forestières et urbaines, et d’explorer les conséquences évolutives et démographiques associées de cette plasticité. Dans le cadre de la tâche 3, nous impliquerons les écoles dans la collecte de données scientifiques tout en dispensant un enseignement sur la science et l'environnement, et en documentant les effets du dispositif participatif sur le lien des enfants avec la nature. Les trois tâches interdisciplinaires offriront une avancée majeure dans notre compréhension de la façon dont l'environnement urbain peut façonner l'adaptation des oiseaux au changement climatique et sur la façon dont l'éducation environnementale sur ce même sujet et dès le plus jeune âge peut contribuer à reconnecter les humains avec la nature.