CE41 - Inégalités, discriminations, migrations

Solidarités communautaires. Réseaux d'entraide des minorités et diasporas catholiques, protestantes et juives dans l'Europe des 16e-18e siècles. – SOLIDAMIN

Résumé de soumission

« Pour toi, Arménie.» Ce refrain évoque l’élan de solidarité qui a traversé l’Europe à l’occasion du tremblement de terre de Spitak en 1988 : à l’initiative d’un membre illustre de la diaspora arménienne, des fonds sont collectés et envoyés à l’autre bout du continent pour y être distribués. Des communautés dispersées ont mené des opérations de ce type depuis des siècles. Aux 17e et 18e siècles les ruptures religieuses et les guerres déchirent l’Europe. Capitaux, personnes, informations et savoir-faire y circulent dans de grandes collectes et lors d’opérations de secours internationales. Le secours « à distance » n’est cependant pas une « aide humanitaire » à cette époque. On aide avant tout les coreligionnaires opprimés grâce à des collectes et des transferts de fonds orchestrés par les groupes protestants en Angleterre, aux Provinces-Unies, la Confédération Helvétique, le Saint-Empire.
Le projet SOLIDAMIN étudiera la manière dont les pratiques d’entraide permettent aux minorités religieuses et diasporiques de construire leur appartenance collective à travers l’Europe des 17e et 18e siècles. Il propose une analyse transversale et comparative d’opérations de secours très variées concernant des communautés dispersées, en particulier des protestants calvinistes (huguenots, wallons), des juifs (judéo-ibériques, juifs italiens), des catholiques (catholiques britanniques exilés, catholiques orientaux) mais également des émigrés « politiques » français à la suite de la Révolution française.
Ce projet, qui se place dans une perspective d’histoire sociale, à l’échelle européenne, est novateur par son approche globale et comparative des réseaux de solidarité de cette période. Trois axes de travail sont poursuivis.
1/ Il se demandera comment les divers argumentaires développés autour des pratiques de solidarité explicitent le lien occasionné par les échanges de biens. « Le fait minoritaire » pose en effet avec acuité la question des frontières du collectif, des identités communes assignées ou fantasmées, et de la signification de la solidarité dans la consolidation ou fragilisation de groupes sociaux constitués.
2/ Il étudiera les flux financiers gérés par des réseaux et attribués selon des critères normatifs. Les infrastructures de la solidarité réclament des compétences avancées, mais aussi un réseau de fidèles pour mettre en œuvre des opérations, et forment ainsi une géographie mouvante qu’est pas la même que celle des chemins de l’exil.
3/ Il interrogera les circulations de biens, de personnes et de valeurs comme structurant les groupes minoritaires. Elles définissent les « territoires » des diasporas et connectent les communautés, en articulant le « local » au « global ».
Les dispositifs charitables que sont l ’habitude de répondre aux appels à l’aide, les techniques de persuasion, la circulation des fonds, le contrôle de la distribution sont des incubateurs d’évolutions socio-religieuses plus vastes. Ils contribuent à l’élaboration d’identités collectives à travers l’Europe, à l’imposition de normes de comportement ou à l’apparition de la philanthropie, car c’est souvent par leurs marges que les sociétés se transforment.
Le projet SOLIDAMIN comporte trois objectifs : (1) Prendre la mesure des opérations de collectes et d’entraide au profit de, ou par, des groupes minoritaires aux 17e et 18e siècles, grâce notamment à la réalisation d’une base de données documentaire SIG, sur le principe des Linked Open Data. (2) Comparer les pratiques (oscillant entre connivence et concurrence) de l’économie de l’assistance de ces différents groupes. (3) Valoriser les résultats dans un atlas documentaire en ligne (webmapping) pour les diffuser auprès du public et fournir un outil heuristique aux chercheurs. Il s’appuie sur une collaboration entre treize historiens d’établissements français et européens (Espagne, Angleterre, Pays-Bas), auquel s’ajouteront un.e ingénieur.e de recherche, plusieurs étudiants de master, un.e développeur.se web.

Coordination du projet

Mathilde Monge (France, Amériques, Espagne, Sociétés, Pouvoirs, Acteurs)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

FRA.M.ESPA France, Amériques, Espagne, Sociétés, Pouvoirs, Acteurs

Aide de l'ANR 469 169 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2021 - 36 Mois

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