Exposition maternelle à un mélange de polluants organiques: marques épigénétiques placentaires et évaluation des risques pour la santé de la descendance – MEMORI

La population générale, dont les femmes enceintes, est exposée à de nombreux perturbateurs endocriniens, tels que les phtalates et les phénols synthétiques (PSP). Ces substances entrent dans la composition d’un grand nombre de produits de consommation comme les plastiques, les résines époxy, les cosmétiques et les emballages alimentaires entre autres, exposant ainsi quotidiennement les femmes enceintes par ingestion, inhalation et/ou voie cutanée. Cette exposition représente un risque élevé pour la santé anténatale et post-natale de la descendance.
Les objectifs de MEMORI sont d'évaluer si l’ingestion maternelle d’un mélange de PSP, suspecté d'affecter le poids placentaire et le poids de naissance, perturbe la fonction placentaire et induit des signatures placentaires spécifiques de cette exposition, affectant le phénotype de la descendance, avec des réponses spécifiques au sexe.
Pour répondre à ces objectifs translationnels et intergénérationnels, le programme MEMORI s’appuiera sur 3 approches complémentaires : 1) la cohorte mère-enfant SEPAGES, dédiée à la surveillance de l'exposition aux substances chimiques - notamment les PSP - pendant la grossesse, et de leurs effets sur la santé des enfants jusqu’à l’âge de 5 ans. Cette cohorte comprend également des échantillons biologiques de mères et de leurs enfants; 2) un modèle in vitro de cellules trophoblastiques isolées du placenta humain à terme, permettant de décrypter les effets et les mécanismes moléculaires des PSP ; 3) un modèle biomédical lapin, pertinent en terme de placentation et de production de stéroïdes par les gonades pendant la vie fœtale, similaires à celle de l’homme. Ce modèle est également approprié pour étudier l’orientation des cellules germinales vers la voie mâle ou femelle, la toxicité fœtale et les effets à long terme chez les descendants adultes.
Grâce au modèle animal in vivo, les effets de l'exposition maternelle, par ingestion, à un mélange de PSP, mimant l’exposition des mères de la cohorte SEPAGES, seront évalués sur le développement et la croissance fœto-placentaire mais aussi sur le phénotype postnatal, en particulier le statut cardio-métabolique et la fonction gonadique, en tenant compte du sexe de la progéniture. Parallèlement, le suivi des enfants de la cohorte SEPAGES se poursuivra jusqu’à l’âge de 7 ans, et inclura des mesures biométriques. Le modèle des cellules trophoblastiques humaines nous permettra d’étudier le mécanisme d’action des PSP ainsi que les signatures épigénétiques placentaires spécifiques de l'exposition seule ou en mélange à ces composants. Les signatures épigénétiques établies dans les cellules trophoblastiques in vitro seront recherchées et validées dans les placentas de lapin et humains issus de la cohorte SEPAGES. Enfin, les marques placentaires seront corrélées aux phénotypes postnataux mis en évidence dans le modèle de lapin, permettant ainsi d’extrapoler les potentiels risques phénotypiques des enfants à plus long terme.
Ces résultats seront cruciaux car ils permettront aux autorités publiques nationales ou européennes (ANSES, EFSA), de mettre en place des recommandations au cours de cette période de sensibilité qu’est la grossesse.