CE27 - Culture, création, patrimoine

Consentement, éthique sexuelle et sensibilités érotiques – ConSent

Résumé de soumission

Le consentement sexuel est au cœur du débat public contemporain, et fait l’objet de nombreuses controverses médiatisées : violences sexuelles avec le mouvement #MeToo, non-consentement du mineur, sexualité conjugale, éducation sexuelle, mais aussi lecture et interprétation des violences sexuelles dans les mises en scène fictionnelles. Nous proposons ici une approche inédite du consentement sexuel dans le cadre d’une étude interdisciplinaire des sensibilités, mobilisant les humanités (philosophie, linguistique, histoire, littérature), les sciences sociales et le droit. Plutôt que de mobiliser une réflexion abstraite de type politico-juridique sur les énoncés normatifs, nous développons une théorie de la normativité « par le bas » à travers l’analyse historicisée des formes d’expression et des évaluations que les acteurs sociaux produisent en contexte sur les interactions sexuelles. Cette approche nous semble seule à même de déterminer la place effective du consentement parmi les critères qui départagent les relations sexuelles acceptables de celles qui ne le sont pas. Nous visons ainsi à déplacer les lieux des controverses théoriques et publiques contemporaines sur le consentement sexuel, et à produire une expertise et des outils mobilisables dans les domaines du droit civil et pénal, de l’éducation et de la pédagogie en contexte d’enseignement public.
Nous éprouverons précisément l’hypothèse selon laquelle le consentement sexuel relève d’une forme de normativité qui ne peut être formulée dans les termes et les concepts du contractualisme moderne. Ce qui implique trois déplacements majeurs : (1) Se défaire d’une ambition théorique d’emblée normative et de la critique politique directe du contractualisme, déjà amplement développée, au profit d’une perspective d’abord descriptive : comment l’attente, voire l’exigence, du consentement se manifeste-t-elle dans les interactions érotiques, et dans les évaluations ordinaires, non codifiées dans des procédures explicites, que nous faisons de ces pratiques ? (2) Réinscrire la question du consentement sexuel et de l’éthique sexuelle dont elle est un élément dans une temporalité plus longue que celle des théories politiques du pacte social, afin d’en éclairer les spécificités. (3) De là, ré-envisager les questions normatives : comprendre les difficultés qui se posent lors de la formalisation des exigences du consentement sous la forme d’énoncés définissant des critères abstraits à valeur universelle, alors que l’éthique sexuelle est incarnée (et donc toujours contextuelle). Ce qui engage des visées pratiques du côté tant de l’éthique appliquée que de l’éducation et de la justice civile et pénale.
Le projet est dès lors structuré en trois grands chantiers de recherche.
I. Le langage du consentement sexuel : il s'agit de déterminer la place et la fonction occupée par le consentement dans les interactions érotiques et les exigences éthiques ordinaires en se fondant sur l’analyse du langage, par la philosophie des actes de langage, la linguistique et les études littéraires.
II. Histoire du consentement érotique : poser les jalons d’une nouvelle histoire du consentement sur le temps long des cultures et des sociétés européennes, à partir de l'histoire de la manière dont l’accord érotique des partenaires est devenu une valeur centrale du rapport moral aux usages sexuels du corps, déterminant des normes sexuelles spécifiques, et de celle dont le consentement a été érigé en condition nécessaire de cet accord.
III. Les règles du consentement sexuel : identifier les difficultés qui se posent lorsqu’on cherche à énoncer une règle d’usage de la règle implicite, c'est à dire à passer du niveau informel des règles de l’accord à la formalisation des critères du consentement pour encadrer les échecs de l’accommodement sexuel, en particulier la violence sexuelle, de façon à proposer des pistes de résolution dans les domaines de l’éthique, de l’éducation et du droit.

Coordination du projet

Julie Mazaleigue-Labaste (Institut des sciences juridique et philosophique de la Sorbonne)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

ISJPS Institut des sciences juridique et philosophique de la Sorbonne

Aide de l'ANR 358 064 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2021 - 48 Mois

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