CE27 - Culture, création, patrimoine

Techniques artisanales au premier âge du Fer en Italie. Repenser les interactions culturelles. – ITINERIS

Résumé de soumission

Comment les réseaux d’échanges ont-ils opéré en Europe pendant le premier âge du Fer? La recherche sur les interactions entre sociétés protohistoriques se focalise le plus souvent sur les élites et leurs manifestations ostentatoires par le relevé des importations de luxe et/ou à valeur ajoutée. En effet, au cours du premier âge du Fer – Hallstatt D –, les échanges s’intensifient favorisant l’essor d’un réseau dynamique et de longue portée qui a véhiculé une vaste gamme de produits bruts et objets finis à travers l’Europe. Liés en partie à la croissance du commerce méditerranéen, grec et étrusque, ces échanges ont également contribué à la diffusion des pratiques, symboles et expressions artistiques à travers les frontières culturelles. Dans ce contexte, la nature singulière de certaines importations, retrouvées loin de leurs foyers d'origine, a longtemps contribué à focaliser la recherche autour du « paradigme méditerranéen », finissant ainsi par réduire les interactions à un enjeu de prestige entre élites celtiques, italiques et méditerranéennes.
Cependant, cette perception de la société cache une réalité sociale et culturelle bien plus complexe, gardant le plus souvent à l’écart les hommes ordinaires et leur productions. Comme l’indiquent les recherches récentes réalisées en Italie du Nord et en France, l'archéologie des interactions ne peut donc pas se résoudre, ni à une seule catégorie d'objet, ni à une seule classe sociale, ou bien région culturelle, si riche soit-elle.
Pour lever ce verrou scientifique, le projet ITINERIS se focalise sur les objets ordinaires (ornements), leurs producteurs et leur diffusion, en adoptant une perspective résolument technologique et continentale. La caractérisation de l’artisanat du bronze nord-italique, sujet encore méconnu, est ici le nouveau paradigme structurant l’étude des interactions culturelles et la modélisation multiscalaire du commerce protohistorique au premier âge du Fer. L'étude des objets ordinaires, de leurs caractéristiques formelles, stylistiques et techniques, abordée tant d'un point de vue empirique que social, permettra de mieux comprendre les pratiques artisanales, économiques et culturelles, tout en nous repositionnant au plus près de la vie quotidienne et de (trans)-actions entre communautés de l'âge du Fer. Par une démarche intégrée qui allie des méthodes issues des sciences humaines, physiques, chimiques et géostatistiques, ce projet vise donc à la caractérisation de l'artisanat du bronze comme clé de relecture critique des interactions culturelles, soulignant le rôle des artisans dans les transferts protohistoriques et dans la construction des identités culturelles.
Fondé sur un vaste corpus d’objets en bronze issus d’habitats appartenant à trois domaines culturels différents – Golasecca, Ligurie Interne, Emilie occidentale – mais en interaction entre eux et impliqués dans un commerce à grande échelle, ce projet veut à terme repenser les interactions en termes de transferts dynamiques entre ateliers, opérant à différents niveaux de la société. C'est une nouvelle approche de la réalité sociale qui est ici visée par une révision méthodologique globale des données archéologiques et leur modélisation socio-économique. C'est aussi la notion d’importation qui est mise à l’épreuve pour sonder plus en profondeur les raisons socio-culturelles qui ont mû objets, pratiques et codes culturels à travers l’Europe. Privilégiant l’approche technologique et s’appuyant sur une stratégie d’analyse interdisciplinaire, ITINERIS permettra d'obtenir une meilleure compréhension culturelle et anthropologique des sociétés anciennes tout en contribuant aux débats actuels sur la mobilité humaine et les dynamiques d'intégration et d’exclusion culturelle.

Coordination du projet

Veronica Cicolani (Archéologie et philologie d'Orient et d'Occident)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

AOROC Archéologie et philologie d'Orient et d'Occident

Aide de l'ANR 288 583 euros
Début et durée du projet scientifique : - 42 Mois

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