CE04 - Innovations scientifiques et technologiques pour accompagner la transition écologique

Phytoremediation des sols antillais pollués par la Chlordécone. – CLDPhy

Résumé de soumission

La chlordécone (CLD) est un insecticide organochloré utilisé aux Antilles Françaises de 1973 à 1993 pour lutter contre le charançon du bananier. Elle est maintenant classée comme un polluant organique persistant (POP) et pollue de manière durable les agro-écosystèmes (sols et eaux) antillais : des anciennes bananerais aux eaux côtières, constituant un risque pour l’environnement. Elle entraine aussi une contamination des denrées végétales et animales ainsi que des produits de la pêche. Cette contamination de l’alimentation est la principale source d’exposition de la population antillaise à la CLD et constitue un risque sanitaire chimique élevé pour celle-ci.
Il est donc nécessaire de réhabiliter les milieux pollués même si des mesures de gestions ont été prises pour réduire les risques. De nombreuses études ont été réalisées pour réduire cette pollution. Elles utilisent des procédés chimiques tels que la réduction de la CLD par le fer zéro-valent (méthode RCIS) ou des méthodes microbiologiques. Aucune n’a débouché actuellement sur des méthodes utilisables sur les grandes surfaces polluées (entre 15 et 25% de la surface agricole utile des Antilles françaises), soit par ce que leurs coûts seraient trop élevés, soit par leur manque d’efficacité. Une solution, que nous nous proposons d’étudier dans ce projet, reste inexplorée à ce jour : la phytoextraction.
Celle-ci est basée sur la capacité de certaines plantes à absorber la CLD et à la transférer dans ses parties aériennes ; ces dernières pouvant être récoltées pour être retraitées ex situ. Les autres procédés de phytoremédiation ne peuvent être utilisés, la CLD étant réfractaire à la dégradation. Afin de ne pas introduire de plantes exogènes, CLD? se focalisera sur les plantes antillaises.
Dans un premier temps, CLD? réalisera un relevé des espèces végétales se développant en Guadeloupe sur les bassins versants de l’observatoire OPALE et déterminera leur taux de contamination en CLD, ß-hydro-CLD et chlordécol. En parallèle, des études, en conditions contrôlées, détermineront d’une part, si la CLD s’accumule dans le bois des plantes ligneuses, condition sine qua non pour leur utilisation en phytoextraction afin d’éviter un cycle futile de dépollution par exportation de la CLD vers le feuillage ; et d’autre part, la relation entre le taux d’accumulation de la CLD, le taux d’évapotranspiration (vecteur de la CLD dans la plante), et la discrimination isotopique du carbone (d13C), ce dernier pouvant être plus facilement déterminé que la mesure in situ du taux d’évapotranspiration d’une plante. Ces études permettront d’affiner les critères de présélection des plantes potentiellement avec la meilleure capacité de phytoextraction de la CLD.
Dans un deuxième temps, des essais sur site contaminé et en cases lysimétriques permettront de tester, dans des conditions d’utilisation réalistes, la capacité des plantes sélectionnées à décontaminer les sols. Des plantes cultivées seront aussi testées (en dehors de toutes utilisations agronomiques) car elles peuvent former rapidement une biomasse élevée et donc sont susceptibles d’accumuler rapidement la CLD. Le but final de ces essais et de CLD? sera de fournir une liste de plantes utilisables dans différentes situations de phytomanagement adaptées notamment aux surfaces cultivées, par exemple en co-culture, et aux Jardins Créoles.
CLD? s’inscrit dans les axes de recherche du PNAC III. Toutefois, afin de répondre aux prescriptions du PNAC IV, récemment publié, concernant les métabolites de la CLD nouvellement identifiés dans l’environnement, des tâches annexes (création de deux banques d’échantillons) seront mises en place afin de valoriser, dans l’avenir, le relevé polluo-floristique réalisé sur OPALE par l’analyse de ces nouveaux métabolites et des consortia microbiens susceptibles de les avoir formés. Enfin, ce projet basé sur des études réalisées en Guadeloupe a bien sûr vocation à être applicable sur l’ensemble des Antilles françaises.

Coordination du projet

François LAURENT (Toxicologie Alimentaire)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

ASTRO Agrosystèmes tropicaux
LDL La Drôme Laboratoire
TOXALIM Toxicologie Alimentaire
AGROECO. AGROECOLOGIE - UMR 1347

Aide de l'ANR 420 789 euros
Début et durée du projet scientifique : septembre 2021 - 48 Mois

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