Depuis décembre 2019, le nouveau coronavirus (SRAS-COV2, responsable de la maladie infectieuse COVID-19) se propage rapidement à travers le monde. Au 16 mars 2020, 165 000 cas et 6 500 décès ont été recensés dans 146 pays (données OMS). En Europe, l’Italie, l’Espagne, la France et l’Allemagne sont actuellement les pays qui comptent le plus de cas et de décès (mortalité : 1.4% à 3.6% des cas confirmés).
Les principaux symptômes du COVID-19 sont l’infection respiratoire fébrile, les difficultés respiratoires, et dans les formes les plus sévères une détresse respiratoire aigüe, une insuffisance rénale aigüe ou une insuffisance multi-viscérale conduisant au décès. Les études épidémiologiques n’ont pas rapporté de données en sous-groupes, bien que la mortalité semble bien plus importante chez les personnes fragiles. Au cours des précédentes épidémies comparables (e.g. A(H1N1)pdm09), la sévérité des maladies respiratoires était plus importante et la mortalité spécifique supérieure. La pneumonie a été décrite plus fréquemment chez les patients avec un cancer hématologique que dans les tumeurs solides (55% versus 25%) et la mortalité à 30 jours était plus importante en cas de pneumonie (jusqu’à 26%).
Dans le cas du COVID-19, les cas mortels concernent principalement les patients de plus de 60 ans (80%), présentant des comorbidités : problèmes cardiovasculaires, diabète ou cancer. Dans les études récentes, une surreprésentation des patients sous traitement anticancéreux ou en rémission a été démontrée chez les patients porteurs du coronavirus.
Malgré tous les efforts actuellement menés pour contenir l’épidémie en France, il est probable que le nombre de cas augmente dans les prochains mois. La population de patients cancéreux sous traitement (cytotoxiques, immunothérapie, thérapies ciblées) est proche de 250 000 chaque année en France (0.37% de la population française). Il s’agit d’une population importante, exposée au coronavirus et à des complications potentiellement létales.
Dans ce contexte, les paramètres sanguins font l’objet d’un suivi strict chez les patients cancéreux, en raison d’une relation étroite avec la toxicité et le pronostic des patients. La neutropénie fébrile est rapportée dans 5 à 90% des cas sous chimiothérapie cytotoxique. La lymphopénie est fréquemment observée et une lymphopénie précoce est associée au risque de neutropénie fébrile et de décès. La neutropénie fébrile est une complication fréquente et mortelle, souvent associée à une infection des voies respiratoires qui en fait un évènement sévère nécessitant l’hospitalisation. En onco-hématologie, l’hypogammaglobulinémie réduit l’immunité. Les patients avec des niveaux faibles de gamma globulines ont moins d’anticorps et un risque accru d’infection.
Nous émettons l’hypothèse que les patients sous traitement anti-cancéreux actif présentent un risque plus élevé de développer des complications sévères. Il est probable que ce risque diffère entre les types de traitements et il est nécessaire d’en étudier l’impact.
Nous proposons une étude collaborative, nationale visant à décrire rétrospectivement et prospectivement le devenir des patients présentant une suspicion d’infection au coronavirus (confirmée ou pas), et recevant un traitement médical pour leur cancer (incluant la corticothérapie).
Tous les patients ayant réalisé un test COVID-19 seront inclus. La mortalité à 2 mois sera décrite dans les deux groupes (positifs et négatifs) afin d’évaluer le sur-risque de mortalité ajusté sur les principales caractéristiques cliniques, le traitement et le type de cancer. Les objectifs secondaires seront de décrire les caractéristiques des patients, les complications associées, les hospitalisations et d’identifier des facteurs prédictifs de mortalité. Tous les patients (positifs et négatifs) seront inclus par les Centres de Lutte Contre le Cancer (CLCC) français (UNICANCER), de façon rétrospective (depuis le 1er janvier 2020), puis prospective dès l’activation de l’étude.
Monsieur David Pérol (CRLCC de LYON - CENTRE LEON BERARD)
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Unicancer
CLB Centre Léon Bérard
CLB CRLCC de LYON - CENTRE LEON BERARD
Aide de l'ANR 30 000 euros
Début et durée du projet scientifique :
mars 2020
- 12 Mois