Suivi Longitudinal des Attitudes à l’égard d’un VAccin contre la COVID-19. – SLAVACO
SLAVACO
Notre principal objectif est de suivre les attitudes de la population française à l'égard d'un vaccin COVID-19 et leurs déterminants, en mettant l'accent sur leur politisation potentielle. Nous partons du principe que les attitudes hostiles à l'égard de ce vaccin peuvent refléter la HV dans des groupes de personnes spécifiques, tandis que dans d'autres groupes, elles peuvent être ancrées dans des sentiments anti-vaccination et/ou de conspiration.
enjeux et objectifs
Le développement de vaccins contre la COVID-19 et leur accès mondial sont une priorité pour contrôler et, espérons-le, mettre fin à la pandémie mondiale actuelle [1]. Toutefois, le succès de cette stratégie dépend fortement de la confiance des populations dans cette vaccination : Et si les gens refusent la piqûre ? Il ne s'agit pas d'une question rhétorique : les études les plus récentes ont montré que 37% de la population française refuserait le vaccin. La principale raison de ce refus était la crainte que le vaccin ne soit pas sûr et le refus était fortement corrélé aux attitudes politiques. L'objectif de ce projet est de suivre les attitudes de la population française à l'égard d'un vaccin COVID-19 au cours de l'année prochaine, jusqu'à, et si possible, après sa mise à disposition, ainsi que leur évolution et leurs déterminants (notamment le statut socio-économique, les attitudes à l'égard de la science et des autorités sanitaires mais aussi les mobilisations critiques à l'égard du vaccin), en mettant l'accent sur leur politisation potentielle. Nous partons du principe que les attitudes hostiles à l'égard de ce vaccin peuvent refléter l’Hésitation Vaccinale dans des groupes de personnes spécifiques, tandis que dans d'autres groupes, elles peuvent être ancrées dans des sentiments anti-vaccination et/ou conspirationnistes. En outre, nous surveillerons si de telles attitudes restent associées à des opinions politiques, en particulier aux extrêmes du jeu politique. <br />Nous nous appuierons principalement sur des enquêtes transversales répétées menées auprès de la population générale française. Nous prévoyons de mener cinq enquêtes transversales auprès d'échantillons représentatifs de la population adulte française (18 ans et plus) selon le schéma suivant : première et dernière enquêtes avec un questionnaire assez long sur un échantillon de 2 000 participants, (mois 0 & 12) ; trois autres enquêtes avec un questionnaire plus court et un échantillon plus petit (N=1 000 ; aux mois 3, 6 & 9). Cette conception originale est très susceptible d'évoluer, notamment en fonction du contexte épidémique et politique et de la commercialisation d'un futur vaccin COVID-19. Nous combinerons ces enquêtes avec d'autres données : une autre enquête quantitative réalisée auprès des médecins généralistes français à l'automne 2020 (n>3300), l'évolution des requêtes du public sur Google entre l'automne 2020 et l'automne 2021, et les données collectées sur Twitter pendant la même période. Ces dernières permettront d'intégrer les mobilisations militantes qui se font autour du vaccin COVID-19, la manière dont elles politisent le vaccin et leur capacité respective à toucher un large public.
Nous nous appuierons principalement sur des enquêtes transversales répétées auprès de la population générale française, mais nous les combinerons avec d'autres données : une autre enquête quantitative réalisée auprès des médecins généralistes français à l'automne 2020, l'évolution des interrogations du public sur Google entre l'automne 2020 et l'automne 2021, et les données recueillies sur Twitter pendant la même période.
En outre, nous mènerons également une enquête auprès des médecins généralistes français. Nous utiliserons les données recueillies auprès d'un panel national de 3 300 médecins généralistes indépendants établi à la fin de 2018. Ils ont été sélectionnés de manière aléatoire dans le Registre national des professionnels de santé français (ministère de la santé), stratifiés par âge, sexe, densité médicale de leur domaine d'activité et leur charge de travail en 2018.
Enfin, nous recueillerons également des données sur Google et Twitter. Tout d'abord, pendant toute la durée du projet, nous surveillerons les requêtes Google relatives à un vaccin contre la COVID-19. L'étude des tendances des requêtes sur Google présente l'avantage de travailler sur le comportement spontané des personnes et de présenter un flux continu d'entrées de données permettant des comparaisons temporelles fines.
Un deuxième type d'analyse sera mené sur les données liées à Twitter. Les techniques de data mining (récupération des contenus postés sur Twitter) permettent aux analystes d'observer les interactions par lesquelles l'information est transmise d'une personne à une autre ainsi que le rôle des événements médiatiques et des mobilisations militantes dans ces processus. Nous appliquerons divers outils conçus pour comprendre la dynamique de la persuasion qui se produit dans de telles interactions, en nous concentrant plus particulièrement sur la manière dont les divers acteurs politiques investissent la question du vaccin COVID-19 et sur les communautés qu'ils parviennent à atteindre grâce à leur contenu.
L’analyse des données issues de la première enquête est en cours mais les premiers résultats sont les suivants (ils ont été largement diffusés grace à la rédaction d’une note dans les jours suivant la récolte des données) :26,3% des répondants se déclarent défavorables à la vaccination des adolescents (+2 points par rapport à mai), 44% se déclarent défavorables à la vaccination des 6-12 ans (+8 points) et 57,1% se déclarent défavorables à la vaccination des moins de 6 ans (+9 points).
Cette opinion est évidemment très corrélée aux attitudes à l’égard de la vaccination contre la COVID-19, mesurée via les intentions de vaccination. Ainsi, les déjà vaccinés et ceux qui ont l’intention de le faire sont beaucoup moins défavorables à la vaccination pour toutes ces tranches d’âge. 51,7% d’entre eux sont défavorables à la vaccination des moins de 6 ans, 36,7% à celle des 6-11 ans et 16,5% à celle des 12-17ans. Ces proportions sont respectivement de 83,7%, 80,8% et 77,5% chez ceux qui n’ont pas l’intention de se faire vacciner.
Cette réticence est encore plus forte chez les parents dont les enfants seront concernés par cette vaccination. Ainsi, 34,3% des parents d’adolescents sont défavorables à leur vaccination tandis que cette proportion est de 65,5% chez les parents d’enfants de 6-12 ans et de 82,2% chez les parents d’enfants de moins de 6 ans.
Des intentions de vaccination qui continuent d’augmenter
Au moment de l’enquête, 67,9 % des répondants avaient été vaccinés avec au moins une dose et 15,5 % ne comptaient pas se faire vacciner, ce qui confirme la diminution progressive de la part des français ne souhaitant pas se faire vacciner. A titre de comparaison, l’enquête COVIREIVAC menée mi-mai indiquait une proportion de français ne comptant pas se faire vacciner de 23%.
Le profil social de ceux qui n’ont pas l’intention de se faire vacciner a peu changé par rapport à mai. La propension à refuser la vaccination contre la COVID-19 est beaucoup plus faible chez les personnes se sentant proches des partis du centre et beaucoup plus forte chez les personnes se sentant proches d’un parti de droite radicale ou d’aucun parti politique auxquels s’ajoutent – nouveauté par rapport à l’enquête de mai – les personnes se sentant proches des partis de gauche radicale et écologistes. La dimension politique de la réticence à se faire vacciner semble donc se renforcer à mesure que recule le nombre de personnes ne souhaitant pas se faire vacciner et dans un contexte de renforcement du passe sanitaire. Comme en mai, les intentions de vaccination augmentent avec l’âge (après 25 ans), avec le niveau de diplôme, et le niveau de revenu. Il est notable que la relative faiblesse des intentions de vaccination contre la COVID-19 des femmes reste peu significative avec l’intégration de ces différentes variables au modèle (mais davantage qu’en mai).
Continuer à réaliser des enquêtes et mise en série de celles-ci. Dépot de projet ANR sur la perception des médicaments plus généralement.
plusieurs articles en cours d'évaluation
Le développement de vaccins contre la COVID-19 et leur accès mondial sont une priorité pour contrôler et, espérons-le, mettre fin à la pandémie mondiale actuelle [1]. Toutefois, le succès de cette stratégie dépend fortement de l’adhésion de la population : Et si les gens refusent la vaccination ? Il ne s'agit pas d'une question rhétorique : les études les plus récentes ont montré que jusqu’à 37% de la population française refuserait le vaccin. La principale raison était la crainte que le vaccin ne soit pas sûr et le refus était fortement corrélé aux attitudes politiques. L'objectif de ce projet est de suivre les attitudes de la population française à l'égard d'un vaccin contre la COVID-19 au cours de l'année prochaine, jusqu'à, et si possible, après sa mise à disposition, ainsi que leur évolution et leurs déterminants (notamment le statut socio-économique, les attitudes à l'égard de la science et des autorités sanitaires mais aussi les mobilisations critiques à l'égard du vaccin), en mettant l'accent sur leur politisation potentielle. Nous partons du principe que les attitudes hostiles à l'égard de ce vaccin peuvent refléter l’hésitation vaccinale dans des groupes de personnes spécifiques, tandis que dans d'autres groupes, elles peuvent être ancrées dans des sentiments anti-vaccination et/ou conspirationnistes. En outre, nous surveillerons si de telles attitudes restent associées à des opinions politiques, en particulier aux extrêmes du jeu politique.
Nous nous appuierons principalement sur des enquêtes transversales répétées menées auprès de la population générale française. Nous prévoyons de mener cinq enquêtes transversales auprès d'échantillons représentatifs de la population adulte française (échantillons variant entre 1000 et 2000 répondants). Nous combinerons ces enquêtes avec d'autres données : une autre enquête quantitative réalisée auprès des médecins généralistes français à l'automne 2020 (n>3300), l'évolution des requêtes du public sur Google entre l'automne 2020 et l'automne 2021, et les données collectées sur Twitter pendant la même période. Ces dernières permettront d'intégrer les mobilisations militantes qui émergent autour du vaccin COVID-19, la manière dont elles politisent le vaccin et leurs capacités respectives à toucher un large public.
Ce projet impliquera un consortium de chercheurs ayant une grande expérience de travail sur l’hésitation vaccinale. Notre proposition s'inscrit principalement dans le thème de l'éthique et des dynamiques sociales, et elle traite plus particulièrement des représentations, des perceptions, des attitudes, des comportements liés à l'épidémie. De plus, notre projet produira des connaissances pertinentes pour concevoir des politiques visant à améliorer la volonté de la population à se faire vacciner contre la COVID-19 et la propension des médecins généralistes à la recommander (thème Prévention et contrôle de l'infection).
Notre projet vise à combiner des objectifs opérationnels avec des objectifs scientifiques à plus long terme. A court terme, il s'agit de mettre en place et de mettre à la disposition des autorités un suivi des attitudes de la population française vis-à-vis d'un vaccin contre la COVID-19, ainsi que de leurs déterminants, afin de contribuer à la conception de stratégies visant à améliorer l’adhésion à ce vaccin, et d'éviter le précédent de la campagne de vaccination contre la grippe H1N1 en 2009-2010. En ce qui concerne les objectifs scientifiques à plus long terme, nous espérons que ce projet nous aidera à améliorer notre connaissance et notre compréhension de l’hésitation vaccinale contemporaine. Au-delà des vaccins, il contribuera également à l'analyse de la politisation contemporaine des questions de santé publique ainsi que la complexité des attitudes envers la science.
Coordination du projet
Jeremy Ward (CERMES 3 CENTRE DE RECHERCHE MEDECINE, SCIENCES, SANTE, SANTE MENTALE, SOCIETE)
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
Partenaire
VITROME Vitrome – Vecteurs – Infections Tropicales et Méditerranéennes
UVE Unité des Virus Emergents
CERMES 3 CENTRE DE RECHERCHE MEDECINE, SCIENCES, SANTE, SANTE MENTALE, SOCIETE
Aide de l'ANR 149 787 euros
Début et durée du projet scientifique :
janvier 2021
- 12 Mois