Réunion, Confinement, Inégalités Sociales de Santé – Ré-Conf-ISS

A partir du 17 novembre 2019, une épidémie liée à un nouveau coronavirus (SARS-CoV-2) a émergé dans la ville de Wuhan, province du Hubei, en Chine. Le 11 mars 2020, l’Organisation Mondiale de La Santé déclarait le SARS-CoV-2 pandémique. Ce même jour, le virus atteignait l’île de La Réunion, territoire français ultra marin du Sud-Ouest de l’Océan Indien, marqué par de fortes inégalités sociales. Dès le mois de mars 2020, des mesures nationales pour diminuer les contacts interhumains et ralentir la progression du SARS-CoV-2 en population ont été décrétées : principalement, distanciation sociale et confinement à domicile. Ces mesures universelles de prévention (concernant toute la population) visaient à aplatir la courbe épidémique et éviter une saturation du système hospitalier de soins. Cependant, avec de telles mesures, des effets collatéraux dommageables sont attendus dans la population, probablement plus marqués chez les personnes isolées ou socialement moins favorisées, les personnes âgées, celles éprouvant de mauvaises conditions de logement. Nous faisons l’hypothèse que les mesures préventives de distanciation sociale et de confinement pour lutter contre l’épidémie de SARS-CoV-2 ont contribué à l’accroissement des inégalités sociales de santé (ISS) à la Réunion, en termes de : stress, d’anxiété, d’état dépressif, de comportements addictifs, de violences subies, de sédentarité, d’obésité et de difficultés d’accès aux soins. L’objectif de l’enquête téléphonique anonyme Ré-Conf-ISS, conçue et mise en œuvre par le CIC1410 (Inserm/CHU de la Réunion), en collaboration avec l’ORS Océan Indien et l’équipe EQUITY de l'UMR1027 (LEASP), est de décrire, peu après le déconfinement, l’état de santé de la population réunionnaise selon ses caractéristiques socio-économiques, principalement le niveau de précarité du quartier de résidence et les conditions de logement pendant le confinement. Les personnes ciblées par cette enquête sont âgées de 18 ans et plus, installées à la Réunion avant le début du confinement, ayant vécu l’ensemble de l’épisode du confinement à la Réunion, sans curatelle. Cette enquête transversale prévoit d’inclure au total 900 personnes sélectionnées (via l’annuaire téléphonique des Pages Blanches) au sein des 114 grands quartiers réunionnais tels que définis par l’Insee Réunion, en suivant les quotas d’habitants majeurs pour ces grands quartiers et leur groupe de précarité (5 groupes). Le questionnaire décrit les caractéristiques socio-économiques individuelles, le logement, son équipement et l’environnement proche de l’habitat occupé pendant le confinement, l’exposition à l’épidémie, l’état psychologique, les comportements addictifs et le mode de vie, le statut nutritionnel et l’activité physique, le recours aux soins. Deux chapitres renseignent la santé des enfants selon les déclarations du parent inclus et les violences en direction des femmes. Au 25 juillet 2020, les inclusions et le recueil de données - démarrés le 13 mai - sont terminés avec 900 entretiens téléphoniques réalisés. Les premiers résultats seront communiqués sous forme d’une note de synthèse à destination des instances locales et de la population réunionnaise informée par voie de média. L’étude Ré-Conf-ISS devrait permettre de mieux connaitre les populations vulnérables en situation de confinement à la Réunion. Elle servira aussi à proposer des ajustements et des dispositifs d’accompagnement pour prévenir les difficultés liées au confinement dans la perspective de réduire localement les ISS, si une prochaine vague épidémique ou une autre crise sanitaire conduisant à de semblables mesures se présentait sur ce territoire. Cette proposition rejoint la thématique générale « Evaluation des risques pour les populations vulnérables et influence des facteurs sociaux et comportementaux et des comorbidités » de la rubrique « Études épidémiologiques » du présent appel à projets.