RA-COVID-19 V10 - Recherche - Action Coronavirus disease 2019 - Vague 10

Mort et Deuil sous COVID-19. Deuil et santé mentale en situation restrictive de l’accompagnement des malades et des rites. – COVIDEUIL

Mort et Deuil sous COVID-19. Deuil et santé mentale en situation restrictive de l’accompagnement des malades et des rites.

Cette étude prospective s’inscrit dans la thématique « Éthique et dynamique sociale ». Elle évalue les effets de l’épidémie de Covid-19 et du confinement, sur le deuil d’un proche en France à partir de mars 2020.

Repérer et analyser les effets d'un deuil sans ritualité lors d'une pandémie

À partir de mars 2020, trois augmentations massives de la mortalité suivies de trois confinement ont réduit voire empêché les visites aux malades et aux défunts en France et dans le monde entier.<br />Au total ce sont 667 400 morts en 2020 qui n'ont pas pu être accompagnés comme ils l'avaient exprimé à leur famille, ou comme leur famille le souhaitaient. Notre thématique générale de recherche est donc : la difficulté des adieux et l’empêchement de pratiquer les rites funéraires pendant l’épidémie de SARS-CoV-2 a-t-elle entraîné ou aggravé une véritable psychopathologie du deuil ?

Une méthodologie mixte, quantitative et qualitative après l'obtention de l'accord du Comité Éthique de la Recherche de l’université de Strasbourg a été mise en place.
-Sur le plan quantitatif, une enquête en ligne, par webquestionnaire recueille les éléments traumatogènes de la fin de la vie puis du décès de la personne proche. Comme les décès ne sont pas uniques, nous avons analysé jusqu'à trois décès pendant la période. Cinq questionnaires validés en langue française permettent d'analyser la nature du traumatisme, de la temporalité du deuil, de la santé de l'endeuillé et aussi de sa «croissance post-deuil.
-Un entretien semi-directif accepté par l'endeuillé et l’analyse des co-occurrences de mots par le logiciel breveté ALCESTE permet l’étude qualitative, ainsi qu’une analyse phénoménologique du discours.
Ce projet est donc une étude de cohorte prospective dont les données sont collectées en trois temps de mesure (T1, T2) sur une période de 6 à 13 mois (T1 = 3 à 6 mois après la perte, T2 = T1+ 6 mois, T3 = T1+ 12 mois). La comparaison entre les trois temps de mesure permettra d’évaluer les manifestations du deuil et leur durée, afin de repérer l’éventuelle prolongation du deuil et d’une symptomatologie invalidante.

Nous venons de terminer notre T1 auprès de 300 sujets. Nous avons déjà les premières analyses statistiques sur les caractéristiques socio-démographiques des endeuillés.
Entre temps, nous avons réussi à faire passer notre recherche initialement française, sur le plan transatlantique et européen.
D'ores et déjà le Québec a adapté notre webquestionnaire et l'a fait passer à 900 personnes (sans entretien qualitatif), le Belgique, la Suisse, l'Italie, la Grèce, l'Espagne et le Mexique s'attellent à la traduction et l'adaptation de notre webquestionnaire pour sonder leur population.

Nous espérons grâce à notre collaboration internationale obtenir un rayonnement de la proposition française de Covideuil grâce au financement de l'ANR.
Nous allons bientôt proposer un article sur nos résultats français. De plus, nous souhaitons être à l'origine d'une grande recherche interculturelle.
Notre hypothèse est que malgré des variations importantes, tous les rites funéraires présentent des constantes humaines. Par ailleurs nous souhaitons étudier l'efficacité des tentatives de remplacement de ces rites.

Détailler les éléments de diffusion issus de votre projet (communiqués, articles de diffusion, communications, publications).

Nous avons acheté les noms de domaine Covideuil.fr et Covideuil.eu

6-Bacqué M-F, (2021) L’épidémie de Covid-19 : une expérimentation du deuil sans ritualité ? Résonance funéraire. N°172 : 26-30.

5-Bacqué M-F Sani L. Covid-19 : l’expérimentation du deuil sans ritualité. 119e Colloque international du
CPNLF (Congrès de Psychiatrie et de Neurologie de Langue Française) 15-17 septembre 2021. La Rochelle.

4-Bacqué M-F Accepter de ne pas savoir er le dire : une pédagogie des limites. Web-séminaire de la SFAP, septembre 2021.

3-Bacqué M-F L’épidémie de Covid-19 et le retour de la mort réprimée. Académie Lorraine des Sciences. 29 mai 2021. Nancy.

2-Bacqué M-F La perte d’un proche en période pandémique. Quel accompagnement ? Assises du deuil. 6 avril 2021. Paris.

1-Bacqué M-F La mort, le deuil en période épidémique. Colloque « Et la mort si on en parlait ? » 31 mars 2021. Clemont-Ferrand.

Dans la grande presse :
1. Bacqué, M.-F. (2021). Deuil sous Covid?: « Les conséquences psychologiques rejailliront probablement.?». Libération. Propos recueillis par Cassandre Leray. 4 juillet. www.liberation.fr/societe/deuil-sous-covid-les-consequences-psychologiques-rejailliront-probablement-20210704_PA5K3U2IABD2NMCAM5JQKIY5UY/
2. Bacqué, M.-F. (2021). Covid-19?: Comment faire son deuil en temps de pandémie?? Propos recueillis par Marianne Chenou. Grand entretien – France Info – 16 avril 2021.
3. Bacqué, M.-F. (2021). « Ces morts n’ont pas été pleurés collectivement ». Pour la psychologue Marie-Frédérique Bacqué une célébration est nécessaire pour surmonter la crise. Propos recueillis par Stéphane Mandard. Le Monde, 15 avril 2021, 4.
4. Bacqué, M.-F. (2021). Covideuil?: Quelle place pour le deuil en période d’épidémie?? Article en ligne paru le 08.02.2021. MESRI. Propos recueillis par Marion Riegert. recherchecovid.enseignementsup-recherche.gouv.fr/covideuil-quelle-place-pour-le-deuil-en-periode-d-epidemie-48862
5. Bacqué, M-F. (2021) « Depuis un an, le deuil empêché des familles de victimes du Covid-19 ». Le Monde.fr, 28 mars 2021. Propos recueillis par Jérémie Lamothe. www.lemonde.fr/planete/article/2021/03/28/depuis-un-an-le-deuil-empeche-des-familles-de-victimes-du-covid-19_6074717_3244.html.

Cette étude prospective s’inscrit dans la thématique « Éthique et dynamique sociale ». Elle évalue les effets de l’épidémie de Covid-19 et du confinement, sur le deuil d’un proche en France à partir de mars 2020. L’interdiction, puis la restriction drastique des visites et des rituels d’adieu aux malades et aux défunts a modifié le processus du deuil chez de nombreuses personnes rencontrées à l’hôpital ou dans les consultations. En effet, ce ne sont pas seulement les malades de la Covid-19 et leur famille qui ont été soumis aux limitations des visites et de l’expression du lien affectif, mais tous les malades et morts de la période. Les 30 177 morts du SARS-CoV-2 selon Santé Publique France (entre le 1er mars et le 20 juillet 2020), ajoutés aux défunts d’autres causes, dépassent en 4 mois le nombre de 200 000 décès. L’extrapolation à deux endeuillés par défunt, dénombre 400 000 personnes susceptibles de développer un deuil difficile, en raison des limitations d’accompagnement et d’obsèques. Selon les recherches internationales et les nôtres, les guerres, les catastrophes humaines et naturelles ainsi que les épidémies compliquent les deuils.
Notre thématique générale de recherche est donc : la difficulté des adieux et l’empêchement de pratiquer les rites funéraires pendant l’épidémie de SARS-CoV-2 a-t-elle entraîné ou aggravé une véritable psychopathologie du deuil ?
Le caractère d’urgence de notre recherche réside dans le fait que nous analyserons la temporalité de l’état affectif du deuil dans une situation quasi expérimentale de limitation de la ritualité. 500 endeuillés depuis mars 2020 seront rencontrés pour rechercher l’aggravation ou la prolongation des manifestations de leur deuil. L’épidémie de Covid-19 présente des caractéristiques anxiogènes et traumatogènes, parce que les personnes font subitement face à la violence de la menace de mort pour elles-mêmes et pour leurs proches. La médiatisation de cette pandémie mondiale, l’impression du cumul des morts, l’incertitude des traitements et la difficulté du confinement, compliquent encore plus les deuils. Les morts sont plutôt des personnes âgées de plus de 70 ans, de sexe masculin à la santé fragile. Les endeuillés du 1er degré sont plutôt des femmes, âgées. Or les femmes sont plus sensibles aux aspects psychotraumatiques, elles seront donc plus nombreuses à présenter des troubles comme le deuil prolongé, actuellement discuté dans les nosographies internationales (DSM-5 et ICD-11).
Si nous trouvons une réaction spécifique du deuil pendant l’épidémie de Covid, nous rechercherons aussi des phénomènes comme l’angoisse de la contamination, la peur des morts collectives, le cumul de pertes, l’absence de rituels.
Une méthodologie mixte, quantitative et qualitative après accord du Comité Éthique de la Recherche de l’université de Strasbourg sera mise en place.
-Sur le plan quantitatif, une enquête en ligne, recueillera les éléments traumatogènes de la fin de la vie puis du décès de la personne proche (TGI-SR et Traumaq).
-Un entretien semi-directif et l’analyse des co-occurrences de mots par le logiciel breveté ALCESTE permettra l’étude qualitative, ainsi qu’une analyse phénoménologique du discours.
Ce projet est donc une étude de cohorte prospective dont les données sont collectées en deux temps de mesure (T1, T2) sur une période de 6 à 12 mois (T1 = 3 à 6 mois après la perte, T2 = T1+ 6 mois). La comparaison entre les deux temps de mesure permettra d’évaluer les manifestations du deuil et leur durée, afin de repérer l’éventuelle prolongation du deuil et d’une symptomatologie invalidante.
Notre étude sera répliquée dans plusieurs pays européens et au Québec grâce à la collaboration avec le CIEM (Centre International des Études sur la Mort). Les résultats attendus visent l’amélioration de la prise en charge des familles et des endeuillés dans les consultations de santé publique, de psychiatrie ou les associations.

Coordination du projet

Marie-Frederique BACQUE (SUBJECTIVITÉ, LIEN SOCIAL ET MODERNITÉ (EA 3071 - UR 3071 depuis 01.01.2020))

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

SULISOM SUBJECTIVITÉ, LIEN SOCIAL ET MODERNITÉ (EA 3071 - UR 3071 depuis 01.01.2020)

Aide de l'ANR 149 424 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2020 - 12 Mois

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