CE34 - Contaminants, écosystèmes et santé

Approche intégrative pour déterminer le devenir des nanoparticules dans un écosystème agricole – INPAGE

Evaluation des risques des particules de TiO2 pour les agrosystèmes et les consommateurs

Les particules de TiO2 possèdent de nombreuses propriétés intéressantes pour l’industrie. Leur production accrue mène à leur accumulation dans les agrosystèmes avec une potentiel toxicité et transfert dans la chaine alimentaire jusqu’à l’Homme.

Evaluation des risques

L'objectif du projet INPAGE est d'étudier tout risque potentiel pour la sécurité alimentaire, lié à la dissémination des nanomatériaux dans l'environnement, et d'identifier les opportunités d'une approche « safer-by-design » dans la fabrication des particules de TiO2. Nous prévoyons d'étudier le transfert et l'impact de différentes formes de TiO2 du sol vers les consommateurs finaux (souris et cellules épithéliales intestinales humaines) via leur transfert à travers les plantes (producteur primaire) et les escargots (consommateur primaire). Les hypothèses de recherche sont les suivantes : (i) le TiO2 peut être transféré du sol au consommateur final, (ii) le transfert trophique modifiera les propriétés des particules, ce qui peut soit amplifier, soit atténuer leur toxicité pour les consommateurs finaux ; (iii) lors de leur transfert au consommateur final, les nanomatériaux peuvent affecter le fonctionnement de l'agrosystème ; (iv) les nanomatériaux transférés aux consommateurs finaux peuvent altérer la fonction de barrière intestinale et la physiologie des cellules intestinales des consommateurs finaux, favorisant le développement d'un fond inflammatoire, d'une manière différente des nanomatériaux pristines étudiés jusqu’à présent dans les études de toxicologie. Cette hypothèse sera étudiée in vivo sur des souris et in vitro sur des cellules épithéliales intestinales humaines. Basé sur les résultats précédents et les résultats de la littérature, un modèle de transfert sera développé, afin de généraliser au maximum les conclusions. <br />Les résultats attendus généreront des données sur les risques potentiels liés à la dissémination des particules de TiO2 pour le rendement des cultures (durabilité alimentaire), l'équilibre des écosystèmes (santé écologique), et sur le risque de transfert à travers la chaîne alimentaire jusqu'à l'homme (sécurité alimentaire). Ces résultats permettront également d’un point de vue industriel d’aller vers un développement durable des nanotechnologies.

INPAGE doit permettre de surmonter deux principaux obstacles inhérents à ce type de recherche. Le premier est d'ordre méthodologique : l'agrosystème doit être pensé à travers une approche intégrative et pluridisciplinaire, ce qui se traduit par des études à l'échelle du microscosme. Le système doit être considéré dans sa globalité incluant les interactions entre les compartiments abiotiques et les différents niveaux trophiques. Cette approche apportera de nouvelles données qui ne sont pas disponibles lors de l'étude d'organismes individuels. Le deuxième obstacle est lié aux aspects techniques de l'étude des nanomatériaux dans des matrices complexes. En effet, l'étude de leur devenir (distribution, concentration, spéciation) dans différentes matrices biologiques s'est avérée techniquement très difficile et menant à développements techniques dans nos domaines d'étude, avec par exemple le développement de nouveaux outils tels que le sp-ICP-MS (single particule-Inductively Coupled Plasma-Mass Spectroscopy). L'originalité de ce programme de recherche repose également sur la combinaison de différents niveaux de complexité (approche intégrative : environnement simplifié avec plantes modèles et culture cellulaire pour la compréhension des mécanismes < environnement complexe avec microcosmes et souris pour la pertinence < modélisation pour la généralisation) qui permettront mieux évaluer les risques que ces particules peuvent représenter pour les agrosystèmes et la santé humaine. De plus, des techniques biophysiques basées sur la spectroscopie seront utilisées pour déterminer la distribution et la spéciation du Ti dans les différents niveaux trophiques. Ces techniques ne sont pas très répandues dans la communauté. Ce projet rassemblera ainsi des techniques de pointe rarement associées pour obtenir de nouvelles données décisives. Ce sera la toute première étude allant du sol à l'homme et comblera ainsi le fossé entre les écotoxicologues et les toxicologues.

Les premiers résultats obtenus et encore en cours d’analyse vont nous permettre d’identifier quelles sont les caractéristiques physico-chimiques des particules de TiO2 qui gouvernent leurs interactions avec les plantes et leur transfert dans la chaine alimentaire (structure cristalline, diamètre, charge de surface,…). En collaboration avec les industriels impliqués dans le projet, nous pourrons ensuite réfléchir à une approche « safer-by-design » c’est-à-dire comment produire des particules qui conservent leur propriétés intéressantes pour l’industrie tout en diminuant les risques pour l’environnement.

Le transfert et les impacts ont pour l’instant été étudiés sur le compartiment environnemental, la deuxième phase du projet va maintenant s’intéresser au transfert vers les consommateurs finaux.

A venir

Les nanotechnologies sont la révolution industrielle de notre siècle. La diffusion de nanomatériaux manufacturés (NMs) dans l'environnement est suspectée. Les sols agricoles sont contaminés notamment par l’épandage de boues de station d’épuration. Les plantes agricoles pourraient donc être exposées à grande échelle. Dans ce projet nous étudierons le devenir de NMs de TiO2 dans un agrosystème par une approche intégrative pour évaluer la toxicité, le transfert et la transformation de ces NMs du sol vers des plantes, des consommateurs primaires (escargots) et jusqu’à des consommateurs secondaires (souris et cellules intestinales épithéliales). L'originalité de notre étude est de relier différentes approches (biologies végétale, animale et cellulaire, biophysique et modélisation) pour identifier le transfert de différents types de NMs de TiO2 dans toute la chaîne alimentaire. L’objectif est de déterminer les risques pour la sécurité alimentaire liés à la dissémination de NMs dans l’environnement et d'optimiser une synthèse de TiO2 "safer by design".

Coordinateur du projet

Madame Camille Larue (LABORATOIRE ECOLOGIE FONCTIONNELLE ET ENVIRONNEMENT)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

EcoLab LABORATOIRE ECOLOGIE FONCTIONNELLE ET ENVIRONNEMENT
SyMMES Systèmes Moléculaires et nano Matériaux pour l'Energie et la Santé
TRONOX FRANCE SAS
Inserm - UMR1220 Inserm Occitanie Pyrénées

Aide de l'ANR 590 573 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2020 - 48 Mois

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