La portée explicative du darwinisme généralisé: vers des critères pour des explications évolutionnaires hors de la biologie – GENDAR
Ces dernières décennies dans plusieurs champs extérieurs à la biologie les chercheurs ont commencé à interpréter les phénomènes en termes évolutionnaires, et à utiliser des concepts et modèles évolutionnaires pour les décrire et les expliquer. Mais alors que de réelles explications évolutionnaires des phénomènes non-biologiques avanceraient évidemment notre connaissance, il semble souvent que les interprétations évolutionnaires construites dans certains de ces champs ne constituent pas de bonnes explications scientifiques. Il est ainsi naturel de vouloir clarifier les conditions sous lesquelles le darwinisme peut tenir le rôle d’un cadre explicatif à buts pluriels, ou d’un paradigme unifiant qui pourrait amener réunir divers champs d’étude intra- et extrabiologiques. Cette enquête épistémologique repose sur une présupposition métaphysique que les divers phénomènes et systèmes que l’on étudie dans les programmes de recherche ‘évolutionnaires’ instantient tous les mêmes processus basiques (i.e., l’évolution darwinienne) et qu’on peut ainsi en rendre compte selon le même schème explicatif - soit une forme nucléaire de théorie darwinienne qui devrait être spécifiée au cas par cas pour chaque application.
Le projet GenDar évalue dans quelle mesure ces conceptions épistémologiques et ces assomptions métaphysiques sont satisfaites. Entrepris par une équipe de philosophes des sciences à Paris et Hanovre, avec l’appui de collaborateurs extérieurs biologistes ou chercheurs en sciences sociales dans des champs concernés par les théories darwiniennes, GenDar aborde cette question avec le but de déterminer la portée explicative de la théorie darwinienne. Il traite quatre questions: (1) Y a-t-il un coeur de principes, concepts, etc. qui a été maintenu au long du développement de la théorie évolutionnaire darwinienne ? (2) Y a-t-il une manière privilégiée de formuler le coeur du darwinisme ? (3) Si la théorie évolutionnaire darwinienne promeut de bonnes explications de phénomènes dans des champs de recherche extra-biologiques dont beaucoup sont significatifs pour notre compréhension et notre structuration des sociétés où nous vivons (éthique, psychologie, médecine, sociologie, etc.), qu’impliquerait donc pour la société et la vie humaine un usage de la pensée darwinienne dans ces domaines ?
Structuré en 3 tâches - formalismes mathématiques, concepts métaphysiques et conséquences sociales/éthiques -, GenDar examinera les formulations mathématiques et conceptuelles du Darwinisme, la métaphysique des processus et des entités darwiniens, et l’interface entre darwinisme généralisé et problèmes éthiques/sociaux. En abordant ces questions, le projet vise à clarifier les risques épistémiques et sociaux - mais aussi les promesses - d’une application de la pensée évolutionnaire hors sciences de la vie.
Coordinateur du projet
Monsieur Philippe HUNEMAN (Institut d'Histoire et de Philosophie des Sciences et des Techniques)
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
Partenaire
IHPST Institut d'Histoire et de Philosophie des Sciences et des Techniques
LUH Leibniz Universität Hannover
Aide de l'ANR 248 911 euros
Début et durée du projet scientifique :
février 2020
- 36 Mois