Normes de Qualité pour les Agriculteurs Africains – GSAF

Avec la mondialisation croissante des marchés des produits alimentaires, la demande de produits agricoles de qualité a augmenté rapidement en Afrique subsaharienne. Cependant, le manque de reconnaissance de la qualité dans les chaînes de valeur nationales n'incite souvent pas les petits exploitants à améliorer leur qualité, ce qui les expose au risque d'être évincés de leurs propres marchés par des importations de haute qualité. C'est notamment la situation de la culture du blé en Éthiopie.

Nous nous proposons d'étudier l'introduction d'un nouveau système de certification de la qualité par une tierce partie sur les marchés ruraux en Ethiopie, où les producteurs viennent vendre leur production à des agrégateurs (négociants). Une caractéristique essentielle de cette innovation est qu’elle rendra rentable la certification de la qualité chez les petits exploitants, avant que les négociants ne procèdent à une agrégation quelconque pour les vendre à des usines qui pratiquent la reconnaissance de la qualité et la discrimination par les prix.

Réalisée en partenariat avec une ONG internationale (Digital Green) et coordonnée avec un organisme gouvernemental éthiopien (l'Agricultural Transformation Agency), cette étude s'appuiera sur un essai à assignation aléatoire similaire à un essai clinique, au niveau de 160 marchés agricoles. Elle visera alors à évaluer:

(1) l'impact de la certification sur les primes à la qualité au niveau de l'agriculteur ;
(2) l’élasticité-prix de la demande de services de certification par les agriculteurs;
(3) comment la certification encourage les agriculteurs à adopter des intrants et des pratiques améliorant la qualité (réaction comportementale);
(4) quels sont les impacts de ce développement de la chaîne de valeur sur les revenus agricoles et la réduction de la pauvreté .

En cas de succès, cette intervention ponctuelle devrait induire une transformation évolutive et durable de la chaîne de valeur du blé avec un rôle important pour les petits exploitants.

L’équipe de recherche se composera d’experts internationaux de l’Université de Bordeaux, de l’Université de Californie à Berkeley et de l’Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires (IFPRI), qui comptent plus de 15 ans de collaboration sur des sujets connexes. L'équipe sera complétée par un étudiant en doctorat à temps plein, assurant un travail de terrain approfondi en Éthiopie.

Le projet produira plusieurs types de résultats, notamment:
(1) Un ensemble de données unique, disponible en téléchargement, liant le comportement de production des agriculteurs à leurs résultats de commercialisation, dans des contextes où les informations sur la qualité des produits sont élevées ou faibles.
(2) Un ensemble d'articles de recherche publiés dans des revues spécialisées, complétés par une série de policy briefs et de blogs destinés à un public non universitaire.
(3) Une conférence de grande envergure, pour chercheurs et décideurs publics, axée sur le rôle des marchés pour le développement, servant de base à un regain d'intérêt pour les problèmes d'inefficacité du marché et leurs solutions possibles dans les pays à faible revenu.

Le financement de l'ANR permettra de soutenir le doctorant pendant trois ans, y compris les coûts liés à son travail sur le terrain pendant près d'un an, et ses participations aux conférences / séminaires universitaires. Le projet appuiera également des missions sur le terrain et des conférences / séminaires pour les autres chercheurs de l'équipe. Enfin, le projet couvrira les coûts de la conférence académique et de politique publique de fin de projet. Des ressources supplémentaires seront mobilisées pour couvrir les coûts d’enquête, via ATAI (un fonds dédié soutenu par la fondation Bill et Melinda Gates et le Department for International Development du Royaume-Uni) et le CGIAR (Consortium global pour la recherche agricole internationale), qui ont déjà exprimé intérêt pour le projet.