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"Determinants des ""mobilisations"": Analyse des facteurs qui influencent l'émigration et les protestations" – MOBILISE

Determinants des «mobilisations«: Analyse des facteurs qui influencent l'émigration et les protestations collectives

La recherche a urgemment besoin d'une étude systématique et coordonnée des protestations et migrations. Notre projet explore les choix individuels auxquels les citoyens sont confrontés dans l'économie politique contemporaine. Notre question de recherche centrale demande: quand les états échouent à satisfaire les besoins économiques et politiques de leurs citoyens, pourquoi certains individus se mobilisent en protestant dans la rue et d'autres «se mobilisent« en traversant les frontières?

Quand mécontents de la situation, pourquoi certains individus choisissent de protester alors que d'autres d'émigrer?

Alors que des nombreux études se sont penchés sur les micro-fondations des protestations dans son pays d'origine (Beissinger 2013; Gould 1993; Muller and Opp 1986; Onuch 2014a; Opp 1990; Snow et al.. 1980; J. A. Tucker 2007), les facteurs qui encouragent les migrations internationales (Castles, Haas, and Miller 2013; Cooray and Schneider 2016; Garip 2016; Massey et al. 1993, 1999; Toma and Vause 2014), et l'engagement politique des migrants dans leurs pays d'origine (Ahmadov and Sasse 2016; Bloemraad and Trost 2008; Burgess 2012; Chaudhary 2017; Klandermans, van der Toorn, and van Stekelenburg 2008; Lafleur and Sanchez-Dominguez 2015), il n'y quasiment pas de recherches sur le choix initial entre protester ou émigrer. Nous ne savons pas comment la décision de protester peut être influencée par les possibilités d'émigration et vice versa, ni si les individus font un trade-off cognitif entre protester ou émigrer (ou rien) ou si le processus est plus compliqué et endogène. Nous allons étudier les protestations et émigrations de manière simultané et comparative à travers l'espace et le temps, dans des pays d'origine et de destination, ainsi réalisant la première étude interdisciplinaire et comparative au niveau international sur ces questions.<br />Nous capitalisons sur deux fondations théoriques: contentious politics avec son focus sur les déterminants des protestations, et la recherche sur les migrations qui se penche sur les facteurs poussant l'émigration et sur l'engagement transnational des migrants. Cette perspective théorique combinée nous permet un focus sur trois niveaux différents d'analyse: a) le niveau individuel - examiner si des facteurs similaires encouragent le choix d'émigrer et/ou de protester b) le niveau macro - analyser comment le contexte affecte cette mobilisation c) le niveau méso - analyser si ces deux phénomènes sont indépendants l'un de l'autre, ou alors se renforcent / se minent mutuellement.

Pour répondre à ces questions, le projet MOBILISE vise à collecter une variété des données et utilise une méthodologie mixte.
Le projet couvre l'Ukraine, la Pologne, le Maroc et l’Argentine (initialement le Brésil, modification ultérieure approuvée par le CNRS), qui ont tous récemment connu des protestations de masse ainsi qu'une forte émigration. Nous suivons des émigrés de ces pays en Allemagne, la Grande Bretagne et l'Espagne.
La méthdologie mixte comprend des enquêtes quantitatives représentatives au niveau national dans les pays d’origine, des enquêtes en ligne auprès des migrants originant de ces pays, des enquêtes auprès des protestataires, des focus groups, des entretiens rétrospectifs et de l'analyse des réseaux sociaux.
Cette méthodologie mixte et notre design multi-situé nous permettent d'apporter une contribution importante au développement théorique autant dans l'étude des migrations que des protestations. De plus, le projet fournit des connaissances centrales aux hommes politiques sur les facteurs qui influencent la stabilité politique et économique.

Le projet apport quatre innovations clé: 1) il combine conceptuellement et empiriquement les phénomènes de protestation collective et d'émigration internationale 2) il capture les groupes pertinents pour les comparaisons (protestataires, migrants, migrants protestataires et des individus qui ne sont engagés ni dans la protestation ni dans l'émigration) 3) il suit les individus dans le temps en utilisant une méthode d'enquête panel (ré-interrogeant les mêmes personnes) 4) sa méthodologie mixte inclut l'utilisation des données social media fournissant de l'information sur le rôle des réseaux et remises politiques en temps réel.

Un résultat marquant de notre projet est le grand nombre de personnes qui se disent prêtes à protester, même pendant la pandémie. En Argentine, qui a vu beaucoup de mobilisations de masse depuis la fin de la dictature en 1983, la disposition à sortir dans la rue est généralement haute. Mais même pour les standards argentins, notre équipe a été surprise de trouver que 45% des argentins étaient prêts à protester en dépit des mesures de confinement et des taux en hausse des infections au COVID-19. En Ukraine, qui a vu entre 15 et 25% de sa population participer aux mobilisations de masse en 2004 et 2013/2014, nous trouvons 33% de la population prête à protester. Cela ne signifie pas qu’ils n’ont pas peur de contracter le virus – en fait, 55% de ceux qui se disent prêts à protester déclarent aussi avoir « peur » ou « très peur » de tomber malade. Les données montrent aussi que les appels à protestation focalisés sur l’économie ou la sécurité ont moins de chance de provoquer la colère populaire que l’atteinte aux droits civiques, beaucoup plus en mesure de mobiliser la population.

Onuch, O., Santos, F. “Lone wolves: Determinants of alone participation in protests”, American Political Science Association Annual Meeting, 10 Septembre 2020
D.Doyle, O. Onuch, G. Sasse et S.Toma « Protest vs. Migration Intention: Push Factors of Exit & Voice », American Political Science Association Annual Meeting, 10 Septembre 2020
Ersanilli, Evelyn, and Marieke van der Gaag. 2020. “MOBILISE Data Report: Online Surveys. Wave 1.” SocArXiv. August 4. doi:10.31235/osf.io/79gca.
F. Santos & O. Onuch “Volveremos a las calles ? Disposicion a protestar durante la pandemia” El Pais, 15 juin 2020
Organisation d’un colloque scientifique « What questions should we ask when we study protest comparatively : assessing surveys, interviews, focus groups and social media based research of protesters », MOBILISE – CAPRN Network, Université Manchester, 7 & 8 juin 2019

Le projet MOBILISE demande: Quand mécontents avec le situation economique ou politiquoi, pourquoi certains individus protestent tandis que d'autres quittent les frontieres? En reliant les intuitions théoriques de la littérature sur la migration internationale et de celle sur les mobilisations collectives, nous examinons a) Si des facteurs similaires soustentend le choix de migrer et/ou de protester au niveau individuel b) Comment le contexte influence ces mobilisations c) Dans quelle mesure ces choix sont-ils independants l'un de l'autre ou ils se renforcent / se découragent l'un l'autre. MOBILISE utilise une methodologie mixte (des enquêtes quantitatives representatives au niveau national, des enquêtes en ligne auprés des migrants, des enquêtes auprès des protestataires, des focus groups, des entretiens retrospectifs et de l'analyse des réseaux sociaux) ainsi qu'un design multi-situé.
Le projet couvre l'Ukraine, la Pologne, le Maroc et le Bresil, qui ont tous récemment connu des protestations de masse ainsi qu'une forte émigration. Nous suivons des emigrés de ces pays en Allemagne, la Grande Bretagne et l'Espagne. Le projet offre quatre innovations clés 1) Il combine les protestations et la migration 2) Il capture tous les groupes pertinents pour la comparaison (des protestataires, des migrants, des migrants protestataires et des individus qui ne font ni l'un ni l'autre) 3) Il suit des individus au fil du temps en utilisant des methodes de panel 4) Il inclut dans l'analyse l'utilisation des réseaux sociaux en fournissant de l'information sur le role des réseaux et des transferts politiques en temps réel. Ces innovations nous permettent d'apporter une contribution importante au développement théorique autant dans l'étude des migrations que des protestations. De plus, le projet fournit des conaissances centrales aux hommes politiques sur les facteurs qui influencent la stabilité politique et économique.

Coordination du projet

Sorana TOMA (ENSAE, Center for Research in Economics and Statistics (CREST) UMR9194)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CNRS CREST ENSAE, Center for Research in Economics and Statistics (CREST) UMR9194
CEPED Centre population et développement

Aide de l'ANR 449 820 euros
Début et durée du projet scientifique : janvier 2019 - 36 Mois

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