CE47 - Technologies quantiques

Modèles réduits haute précision pour systèmes quantiques ouverts – HAMROQS

Réduction de modèle haute précision pour systèmes quantiques ouverts

Les expériences démontrant des effets quantiques sont courantes. Mais en faire une technologie demande un contrôle bien plus précis, des systèmes et de leur interaction avec l'environnement, les perturbations possibles. La compréhension de ces systèmes complexes doit s'appuyer sur des modèles réduits, de précision ajustable, et c'est le but de ce projet. Un volet essentiel pour les expériences actuelles est la prise en compte explicite du caractère «ouvert« (interaction avec l'environnement).

objectifs scientifiques

Trois objectifs:<br />1. réduire la dimension des systèmes en éliminant les degrés de liberté qui convergent rapidement, tout en gardant un grand degré de précision quand cette convergence induit un effet de mémoire significatif.<br />Se servir de ces modèles réduits pour étudier, optimiser et concevoir des systèmes quantiques robustes.<br />2. améliorer les outils pour étudier les systèmes quantiques avec dépendance explicite en temps: cela permet l'inclusion de signaux pilote, de pompage paramétrique. On veut l'équivalent plus précis de l'approximation de champs tournant, pour des systèmes ouverts.<br />3. poursuivre et exploiter l'identification de structures non-linéaires de faible dimension dans les systèmes quantiques soumis à mesure continue.<br /><br />L'enjeu principal pour les objs.1 et 2 est que ces choses ont été développées principalement pour des systèmes Hamiltoniens, alors que les problèmes de complexité et les réponses attendues par les physiciens actuellement concernent d'autant plus les systèmes ouverts (i.e. avec décohérence). L'approche 3 concerne une découverte originale des auteurs du projet.

La théorie des systèmes a développé des outils et bornes d'erreur générales. Nous les adapterons aux systèmes quantiques avec leurs spécificités: dimension exponentielle, parties linéaires, exigence de positivité, échelles de temps extrêmes. Des développements de mathématique appliquée plutôt standard sont ainsi envisagés pour les obj.1 et 2.
L'objectif 3 combine géométrie et équations différentielles stochastiques.

Nous avons mis en évidence la possibilité de poursuivre l'élimination adiabatique à des ordres élevés, et ainsi contribué à comprendre plusieurs expériences en cours. En particulier des phénomènes contre-intuitifs de «découplage des perturbations« peuvent être expliqués, ainsi que des taux de mesure quantique (grâce à l'effet en retour sur la variable conjuguée).
L'identification de structures non-linéaires a permis d'écrire des solutions explicites pour toute une classe de systèmes quantiques; les applications clé pouvant en bénéficier sont encore à l'étude.

Les signaux de pilotages très forts ont pris une nouvelle importance durant ce projet. Diverses questions très spécifiques se posent dans ce contexte: éviter le chaos, optimiser des trajectoires,... une réduction de modèle adaptée à la tâche spécifique, ou adaptée en ligne, pourrait se révéler nécessaire.
L'aspect simulation numérique semble également avoir besoin de nos résultats car les modèles «complets« deviennent trop durs à simuler.

voir page Google Scholar de Alain Sarlette

Le succès de l’ingénierie quantique durant la dernière décennie s’est fortement appuyé sur des modèles approchés, tels approximation de champs tournants ou hypothèse Markovienne, afin de caractériser les propriétés dominantes lors de la conception d’expériences. Cependant, obtenir un avantage technologique quantique nécessite de maitriser des systèmes plus complexes, et avec encore plus de précision. D’un point de vue modélisation, cela requiert d’inclure efficacement, dès la conception, les effets de champs de contrôle plus forts, d’interactions d’ordres plus élevés, de précisions dans les perturbations attendues. Les limites des raisonnements simplifiés sont en effet atteintes actuellement sur les plateformes les plus avancées tels les qubits supraconducteurs.?Les raisonnements standards pour concevoir des systèmes quantiques correspondent majoritairement à des approximations de premier ordre en terme de théories des systèmes dynamiques, tels la moyennisation, perturbations algébriques, hypothèse de Markov ou théorie de la variété centre. En principe ces approximations peuvent être étendues à des ordres plus élevés, et le but de HAMROQS est justement de rendre ceux-ci accessibles aux expérimentateurs quantiques. Plus précisément, nous adapterons les théories générales et abstraites aux particularités des modèles quantiques: positivité de l’opérateur densité et dynamique associée, produit tensoriel et intrication de sous-systèmes en interaction, points de vue dual Heisenberg/Schrödinger, mesure via opérateurs observables; et nous en extrairons des règles de raisonnement et formules quantitatives qui pourront être directement utilisées pour la conception de systèmes quantiques. Les résultats seront donc formulés en termes de déplacements de fréquence, opérateur de dissipation, corrélations et autres caractéristiques directement accessibles sur l’expérience. Cela ouvrira la voie à une compréhension plus profonde et précise de systèmes quantiques plus complexes et plus performants, et conduira à des méthodes de conception nouvelles en vue de leur amélioration et optimisation.
Le projet HAMROQS construira des modèles réduits haute-précision suivant trois angles d’attaque. Le premier est la modélisation de processus “non-Markoviens”, induits par des effets de mémoire dans l’environnement. Nous développerons une méthode d’élimination rigoureuse et progressive de l’environnement, gardant la dynamique à un ordre sélectionné, et adapterons les outils de théorie des systèmes se focalisant sur les relations entrée-sortie en minimisant la description interne. Le second point est le développement d’approximations type champs tournants plus précises, typiquement pour l’étude de Hamiltoniens oscillants. En plus d’un gain en précision pure, cela permettra d’étendre les effets étudiés à commande forte — pour actionner des opérations ou protéger contre le bruit — et à des réseaux quantiques avec multiples fréquences adressées. Nous comparerons les développements en série standard aux techniques de théorie des systèmes afin d’en combiner les meilleures propriétés, en particulier en vue d’y inclure rigoureusement et de manière systématique les systèmes ouverts: opérateurs de décohérence et de mesure. Le troisième point concerne une description plus efficace du comportement non-linéaire induit par la mesure quantique, pour améliorer entre autres les filtres d’estimation et contrôleurs par rétro-action. Son point de départ est une nouvelle structure non-linéaire déterministe que nous avons observée dans l’équation différentielle stochastique quantique.
Le projet se déroulera en collaboration étroite avec des physiciens qui ont rencontré ces besoins dans leurs expériences actuelles. Il aura ainsi des conséquences directes sur la compréhension de la décohérence par “bains de TLS” et sur la protection d’erreur par ingénierie de dissipation à pompage fort. D’autres exemples d’application seront activement poursuivis durant le projet.

Coordination du projet

Alain Sarlette (Centre de Recherche Inria de Paris)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

INRIA Paris Centre de Recherche Inria de Paris

Aide de l'ANR 220 887 euros
Début et durée du projet scientifique : - 48 Mois

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