CE39 - Sécurité Globale et Cybersécurité

Ethnographie des guérillas et des émeutes : formations subjectives, émotions et expérience sensible de la violence en train de se faire – EGR

Résumé de soumission

Ce projet de recherche répond à un constat : aujourd'hui, on ne sait pas comment se vit la violence politique dans son immédiateté. L'expérience sociale de la violence politique désigne des répertoires d'actions hétérogènes : des acteurs, formant des groupes politiques d'actions, visent à infliger des dommages matériels, psychologiques, humains et symboliques à des individus ou à des institutions dans la visée de susciter des changements politiques, sociaux et culturels (Bosi, 2012 : 172). Dans notre recherche, il s'agira d'aborder le cas des insurrections armées (Syrie, Iraq) et des émeutes (Anarchiste-Autonome en France / Black-Blocks) dans le but d'approfondir des études empiriques que nous avons déjà réalisées depuis 2012 :

- Brigade de l'armée syrienne Libre, Alep, été 2012, décembre, Janvier 2012
- Brigade du Front Islamique, Hama, Avril 2014 puis septembre 2014
- Brigade YPG, Iraq, Juin 2017.
- Immersion quotidienne auprès de membres des "black blocks", à Rennes, Nantes et Paris depuis 2012 et observation ethnographique de plus d'une cinquantaine d'émeutes dans le cortège black blocks.

Inscrit dans le sillage des études interactionnistes de la violence de R. Collins, l'ambition est de reconstituer les formations subjectives des acteurs en focalisant l'attention sur le moment de la violence en tant que " moment décisif " dans la conduite et le maintien de celle-ci. Il s'agit de s'essayer à théoriser la subjectivité violente, non pour examiner ses aspects psychologiques, mais plutôt pour saisir comment la quotidienneté et ses médiations sociales (socialisation, idéologies, cadres de perception, expérience sensible de la violence) contribuent à former un certain rapport à soi, à autrui et au monde. Partant du principe selon lequel les expériences sociales (réflexivité, motivations, comportements, émotions) se façonnent au cours des interactions, l'hypothèse nouvelle ici avancée est que les dispositions des individus à la violence s'acquièrent dans le cours même de l'action qui, à mesure qu'elle se déroule, familiarise l'individu à la violence. La violence est alors appréhendée comme une " performance interactionnelle " réalisée dans une situation structurée par une pluralité d'émotions hétérogènes et parfois contradictoires.
Cette hypothèse transversale sera confrontée à quatre objectifs complémentaires et inséparables :

" Objectif 1. La vie ordinaire des combattants et des émeutiers (médiation, socialisation, et transformations subjectives),
" Objectif 2. Les Rationalisations et les justifications de la violence,
" Objectif 3. La dimension affectuelle de la violence,
" Objectif 4. Epistémologie et méthodologie : comment rendre compte de la violence et de ses effets sur la subjectivité du chercheur.

L'intérêt de développer des recherches sur ces deux terrains n'est pas de les comparer, mais de multiplier la collecte de matériaux empiriques et de tester des interprétations de la violence en train de se faire qui ne sont pas mutuellement exclusives. Dans les deux cas, il s'agit de situations sociales de violence radicale qui ont notamment pour effet d'affecter la subjectivité de ceux qui les accomplissent. Ces situations de violence ont en commun d'engendrer du désordre, voire un effondrement du monde qui conduit chacun à perdre l'évidence de son regard sur le quotidien et à brouiller les schémas habituels d'interprétation du monde. L'enjeu est alors de déterminer comment les combattants et les émeutiers coexistent dans le temps de la violence, c'est-à-dire dans un contexte d'intense adversité, alors que de manière générale, l'ensemble des rapports sociaux et des configurations matérielles apparaissent comme précaires.

Coordination du projet

Romain Huët (Plurilinguismes, représentations, Expressions, Francophones, Information, Communication, Sociolinguistique)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

PREFics Plurilinguismes, représentations, Expressions, Francophones, Information, Communication, Sociolinguistique

Aide de l'ANR 261 695 euros
Début et durée du projet scientifique : septembre 2018 - 48 Mois

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