CE27 - Culture, créations, patrimoine

La traduction comme enjeu de survie pour les langues juives en tant que langues post-vernaculaires – LJTRAD

Résumé de soumission

Le projet LJTRAD cherche à proposer une approche systématique et compréhensive de la traduction des langues juives (yiddish, judéo-espagnol, judéo-arabe). Partant du constat que ces langues ont perdu, dans les dernières décennies, une grande partie de leurs locuteurs et que leur culture est aujourd'hui abordée, réinvestie, revisitée par de nouvelles pratiques ne supposant pas la maîtrise linguistique, ces langues ont été définies comme post-vernaculaires. Ce nouvel état de fait place la traduction au centre de toute stratégie patrimoniale de conservation et de transmission de l'héritage des langues juives. Il semble donc essentiel non seulement de faire le bilan des traductions de ces langues existant en français, mais aussi de réfléchir sur les écueils particuliers que la traduction doit surmonter lorsqu'elle aborde cet univers culturel imprégné de notions religieuses, au matériel linguistique mixte dont chaque composante peut être utilisée librement pour colorer différemment le message transmis. Dans le cadre du présent projet, les traductions de langues juives seront, d'abord, étudiées globalement, comme instrument, problématique mais indispensable, d'un transfert culturel d'une culture minoritaire vers une culture dominante. Les aléas matériels, les préconceptions idéologiques qui ont émaillé l'histoire de ces traductions seront mis en évidence et un bilan bibliographique de l'état de la transmission de cet héritage en langue française sera fourni. Des études scientifiques approfondies, fruits des deux colloques internationaux qui seront organisés durant son déroulement, mettront en regard la situation française à l'égard de ces langues et cultures menacées et la situation observable quant au transfert vers d'autres cultures (anglaise, russe, hébraïque) dans le souci de dégager les défis communs et les solutions proposées. Mais le projet s'attachera également à étudier l'acte de traduction dans ses choix les plus concrets, dans l'ensemble des difficultés récurrentes, que celles-ci soient d'ordre lexical, syntaxique ou encore stylistiques, que le matériel linguistique et culturel des langues juives oppose au traducteur. Pour faciliter cette étude, l'un des grands défis du projet consistera dans la mise au point d'outils numériques permettant, grâce au traitement automatique des langues et à la constitution de corpus parallèles alignés, d'accéder à des données plus riches concernant les choix de traduction. Il en résultera, non seulement, la possibilité d'observer les logiques diverses (historiques, culturelles, esthétiques) qui sous-tendent la variabilité des traductions mais aussi, dans un souci plus pratique, la mise à disposition des chercheurs d'une mine d'informations concernant les possibilités de traduction. Cette dernière ressource doit permettre la mise au point d'un guide du traducteur, non prescriptif, mais offrant des réponses essentielles aux questions que tout traducteur des langues juives doit affronter alors que le milieu dans lequel les textes ont été produits devient plus difficile à reconstituer. Outre sa plateforme interrogeable donnant accès à des textes originaux et à leurs traductions, le projet entend fournir, sur un site dédié, ainsi que sous forme d'ouvrages imprimés, une série de traductions nouvelles de textes littéraires dans le cadre d'anthologies littéraires représentatives des grandes périodes, des grands genres, et des grands questionnements propres à ces cultures. En effet, seul l'accès à des ressources bilingues de ce type saurait satisfaire aux besoins d'un nouveau public qui, dans la logique post-vernaculaire de ces langues, abordent cet héritage avec des compétences, tant culturelles que linguistiques, très variées. A côté des outils numériques innovants qu'il entend développer, le projet LJTRAD aboutira donc à la production d'outils pédagogiques et des ressources de diffusion vers le grand public.

Coordinateur du projet

Monsieur Arnaud Bikard (CENTRE DE RECHERCHES MOYEN-ORIENT MEDITERRANEE)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CERMOM CENTRE DE RECHERCHES MOYEN-ORIENT MEDITERRANEE

Aide de l'ANR 230 271 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2018 - 36 Mois

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