CE27 - Culture, créations, patrimoine

Organisation ecclésiastique et topographie chrétienne du Bas-Danube pendant l’Antiquité tardive (IIIe-VIIIe siècles ap. J.-C.) – DANUBIUS

DANUBIUS

Organisation ecclésiastique et topographie chrétienne du Bas-Danube pendant l’Antiquité tardive (IIIe-VIIIe siècles)

L'étude de la christianisation dans l'une des régions de l'Empire romain les plus tardivement romanisées et les plus soumises aux «migrations barbares«

Le projet DANUBIUS a pour objectif principal d'offrir la première synthèse complète, à la fois historique et archéologique, sur la christianisation du monde danubien en plus d'un siècle. Comme il serait impossible d'étudier l'ensemble du Danube dans le temps imparti par un seul projet JCJC, il a été décidé de se concentrer sur le dernier tronçon du fleuve à être tombé aux mains des «Barbares«, qui est également la région danubienne la mieux documentée par les sources littéraires, à savoir le Bas-Danube, en tant que première phase d'un programme de recherche plus ambitieux. Cette région correspond aux provinces romaines tardives de Dacia Ripensis, de Moesia Secunda et de Scythia, ou à l'est de la Serbie, au nord de la Bulgarie et au sud-est de la Roumanie actuelles. L'axe chronologique du projet est une Antiquité tardive très étendue, du IIIe siècle, qui connaît les premières attestations de l'existence du clergé dans la région, au VIIIe siècle, au cours duquel la hiérarchie épiscopale byzantine a définitivement cédé la place à un nouvel ordre ecclésiastique.

La réponse à la question de recherche sera donnée via le déploiement d'un SIG-Atlas, structuré autour de trois axes de recherche: 1- constitution d'une base de données analytique des sources archéologiques et épigraphiques du christianisme dans le Bas-Danube; 2- participation aux explorations archéologiques de la forteresse romaine tardive de Zaldapa (Krushari, Bulgarie), afin de compléter la base de données du premier axe par une étude de cas sur le terrain; 3-compilation d'une prosopographie chrétienne du Bas-Danube, qui constitue une étape initiale fondamentale pour l'étude historique de ses anciennes Églises. Tous ces outils nous rapprocheront d'une «histoire totale« de la christianisation des provinces romaines danubiennes orientales, car cette histoire est étudiée à la lumière des témoignages archéologiques et que ces derniers sont analysés au regard des sources écrites. Les trois axes, réunis à travers un SIG, constitueront le laboratoire d'outils conceptuels innovants et d'une nouvelle synthèse.

Alors que DANUBIUS n'est qu'à mi-parcours, le programme de recherche a déjà démontré pleinement son intérêt au sein de la communauté scientifique internationale. Ainsi, plusieurs accords de coopération avec des institutions d'Europe centrale ou orientale ont été signés depuis le début du projet ou sont actuellement en phase de signature. En outre, la première version de la plateforme informatique, pour la compilation des bases de données, a été produite, dans le cadre d'un partenariat avec la start-up KIWI SOFTWARE (https://kiwisoftware.fr). La Mission archéologique internationale à Zaldapa (Canada : UQAR / France : Université de Lille ; UMR 8164-HALMA / Bulgarie : Université «Sv. Kliment Ohridski« de Sofia ; Musée régional historique de Dobrich ; Commune de Krushari) a, elle aussi, donné plusieurs résultats particulièrement probants pour le projet, démontrant pleinement que la région est au centre du phénomène étudié pour l'ensemble du Bas-Danube. Enfin, une nouvelle collection historique et archéologique multilingue a été créée chez Brepols (Turnhout) : «Rome and After in Central & Eastern Europe« (RomA).

Conséquence directe des nombreux résultats déjà obtenus, les perspectives pour la suite du projet sont déjà très importantes. Parallèlement à la continuation de la compilation des données, l'évolution de la plateforme, pour permettre le déploiement du SIG-Atlas, avec toutes les fonctionnalités prévues, est actuellement l’autre défi principal à relever. Cette évolution se fera toujours en partenariat avec KIWI SOFTWARE, mais cette fois en pleine association avec les projets Chronocarto (https://www.chronocarto.eu) et ArkeoGIS (https://arkeogis.org). De plus, un autre SIG, plus spécifique pour Zaldapa, est aussi en phase de constitution, avec les mêmes partenaires. L'acquisition d'un Lidar à la fin de l'automne 2020, couvrant l’intégralité du site ainsi qu'un couloir jusqu'à la frontière bulgaro-roumaine, devrait venir l'enrichir. Des négociations avec d'éventuels futurs partenaires roumains sont d'ailleurs en cours, pour étendre le Lidar sur un ou des sites antiques situés non loin de Zaldapa, dans le but de comprendre leur articulation entre eux. En fait, une grande collaboration interrégionale est en train de se dessiner autour de la problématique principale du projet.

À cette étape du projet, les travaux de DANUBIUS ont déjà donné lieu à plusieurs communications multipartenaires et monopartenaires, dans des colloques nationaux et internationaux. Sept articles sont d'ailleurs parus (1 dans une revue à comité de lecture, 4 dans des ouvrages collectifs, 2 dans des revues de vulgarisation) et plusieurs autres sont sous presse, alors qu'un volume collectif est paru sous le patronage du projet («Archaeology of a World of Changes«, Oxford, 2020) et qu'au moins trois autres sont en préparation. À cela, s'ajoutent un séminaire hebdomadaire, associé à l'UMR 8164-HALMA et intitulé «Constantinople dans l'Antiquité tardive«, qui est organisé autour de thématiques en lien avec le programme de recherche, de même qu’une école d’été annuelle, à destination des étudiantes et étudiants de master et de doctorats, dont la première édition a eu lieu en 2019. De plus, DANUBIUS a été un partenaire officiel du Colloque international «Hieronymus Noster«, tenu à Ljubljana en Slovénie, du 23 au 26 octobre 2019, tout en étant organisateur de la session «Christianity at the Frontiers« du 26th EAA Annual Meeting, qui aurait dû se dérouler à Budapest en Hongrie, du 26 au 30 août 2020, mais qui a été transformé en congrès virtuel. D'autres activités similaires étaient prévues en 2020, y compris un grand colloque international à Lille – A Danubio ad Gothiam –, mais la plupart ont été reportées en 2021, en raison de la situation sanitaire mondiale.

Les provinces danubiennes de l'Empire romain tardif (actuellement, la zone comprise entre la Bavière orientale et la Dobroudja roumaine) ne sont pas bien connues, en raison d'un déficit relatif de sources littéraires en provenance de cette région ou à propos de celle-ci. Pourtant, elle fut régulièrement au centre des plus importants événements politico-militaires et politico-religieux de l'Antiquité tardive, lorsque le destin de l'Empire s'est joué dans le contexte des grandes invasions/migrations. Situées sur un point critique des frontières de l'Empire, ces provinces étaient caractérisées par un important réseau de fortifications, autour duquel s'est organisée la romanisation du territoire. De ce fait, l'essentiel de leurs sièges épiscopaux s'est implanté sur le soi-disant "limes", dans des camps militaires devenus cités. L'épiscopat est, en outre, l'institution romaine qui fut la plus stable et la plus durable dans la région, puisqu'elle est la seule à avoir survécu aux invasions successives. Pour autant, la question de la christianisation n'a plus donné lieu à aucune synthèse complète depuis "Les origines chrétiennes dans les provinces danubiennes de l'Empire romain" de Jacques Zeiller (Paris, 1918). En ce sens, le projet DANUBIUS propose de reconsidérer la question, à la lumière des avancées scientifiques faites depuis près de cent ans, autant en matière d'archéologie que d'histoire, pour la période comprise entre le IIIe siècle, qui vit les premières attestations de l'existence d'un clergé, et le VIIIe siècle, au cours duquel la hiérarchie épiscopale proprement byzantine laissa sa place à un ordre nouveau. Il serait évidemment impossible d'étudier l'ensemble des provinces danubiennes en seulement trois ans. Ce projet - qui constitue la première étape d'un programme recherche sur le long terme - se concentre ainsi sur la dernière section du Danube à avoir été perdue par Constantinople, qui est aussi la partie du fleuve qui est la plus documentée par les sources littéraires, c'est-à-dire le Bas-Danube (provinces romaines tardives de Dacie ripuaire, de Mésie seconde et de Scythie). Pour atteindre les objectifs fixés, il a été décidé de déployer un système d'information géographique (SIG) des sièges épiscopaux et des autres sites chrétiens, structuré autour de trois axes. Le premier axe vise la constitution d'une base de données analytique des sources du christianisme dans le Bas-Danube. Cette base de données, qui rassemblera toutes les traces écrites et matérielles publiées de cette religion, constituera le noyau principal pour le déploiement du SIG, avec pour but d'être utile à la fois aux archéologues, aux historiens et aux épigraphistes. Le deuxième axe est planifié autour de l'exploration archéologique de la forteresse romaine tardive de Zaldapa (Krushari, Bulgarie), via des fouilles conventionnelles, ainsi que des techniques non invasives d'investigation. Les résultats de cette étude de cas sur le terrain, qui a commencé en 2014, viendront compléter la base de données du premier axe. Le troisième axe a été conçu pour offrir la première interprétation historique des sources rassemblées dans la base de données du premier axe, par la compilation de la prosopographie chrétienne du Bas-Danube, tout en offrant le fondement pour l'étude historique de son organisation ecclésiastique ancienne. Deux formats verront le jour: 1- une base de données informatique est prévue pour la période entre le IIIe siècle et l'année 787; 2- une version imprimée, élargie à l'ensemble de la "Dioecesis Thraciarum", découlera de cette base de données et s'arrêtera à l'année 641, en tant que volume de la "Prosopographie chrétienne du Bas-Empire". Tous ces outils nous permettront de nous rapprocher d'une "histoire totale" de la christianisation des provinces danubiennes orientales de l'Empire romain, attendu que l'histoire sera étudiée à la lumière des témoignages archéologiques et que ces dernières vont être analysées au regard des sources écrites.

Coordinateur du projet

Monsieur Dominic Moreau (Histoire, Archéologie, Littérature des Mondes Anciens)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

HALMA Histoire, Archéologie, Littérature des Mondes Anciens
Universitet „Prof. d-r Asen Zlatarov“ - Burgas
SU Sofiyski universitet „Sv. Kliment Ohridski“
RIM Silistra Regionalen istoricheski muzey - Silistra
RIM Varna Regionalen istoricheski muzey - Varna
UAIC Universitatea „Alexandru Ioan Cuza” din Iasi
Institutul de Arheologie „Vasile Pârvan” - Bucharest
Instituti i Arkeologjisë
UQAR Université du Québec à Rimouski
Univerza v Ljubljani
University of Leicester
AI Arheološki institut - Belgrade
GWZO Leibniz-Institut für Geschichte und Kultur des östlichen Europa

Aide de l'ANR 181 976 euros
Début et durée du projet scientifique : septembre 2018 - 36 Mois

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