CE26 - Innovation, Travail

Aux marges de la parenté : origines et nouvelles configurations familiales – ORIGINES

Aux marges de la parenté : origines et nouvelles configurations familiales

Quel sens donner aux relations unissant les personnes qui, sans être parentes au sens légal du terme, sont reliées par les circonstances d’un acte procréatif ? Ce projet pluridisciplinaire histoire, anthropologie, sociologie et droit) concerne les liens - réels ou fantasmés - créés par le rapport aux « origines » dans les nouvelles configurations familiales (adoption, Assistance Médicale à la Procréation, Gestation pour Autrui).

Origines et nouvelles formes familiales : enjeux scientifiques, politiques et sociaux

Les recherches conduites dans ce programme ont pour objectif d’éclairer sous un angle inédit les enjeux que soulèvent le devenir de l’adoption, les conditions du recours à l’Assistance médicale à la procréation, l’encadrement législatif de la gestation pour autrui ou les usages des savoirs biogénétiques. L’objectif est de renouveler l’étude de la parenté contemporaine, en éclairant le point de vue des personnes adoptées et nées de dons, le seul à partir duquel nous pouvons retracer les diverses connexions existantes dans les nouvelles configurations familiales. De par sa dimension internationale (France, Belgique Italie, Royaume Uni, Canada, Brésil), ce programme développe une perspective comparative, en questionnant les évolutions et la cohérence des parentés dites « euro-américaines ». <br />En cette année 2020, les discussions se poursuivent en France avec la révision de la loi de bioéthique, concernant notamment l’anonymat des dons et l’accès aux différentes techniques d’AMP. D’autres débats sont en cours au Québec, en Italie, au Brésil, concernant l’accès aux origines des personnes adoptées ou la reconnaissance de l’homoparentalité. <br />Ce programme a pour objectif d’informer les décisions politiques en produisant des résultats empiriques inédits, décrivant la façon dont se constituent les familles concernées et celle dont les enfants y perçoivent leur environnement relationnel, notamment les relations créées par l’origine. <br />Il s’agit également d’offrir aux familles ainsi qu’aux personnes adoptées et nées de dons des clefs de compréhension des situations relationnelles complexes qu’elles doivent affronter.

La pluridisciplinarité de la recherche, conduite par onze chercheurs en histoire, anthropologie, sociologie et droit, permet 1) de resituer les origines dans le temps de l’histoire à partir du cas des recherches en paternité 2) d’analyser les situations et points de vue des personnes et enfants adoptés, nés de dons ou du recours à la GPA, 3) de comparer différents cadres juridiques, politiques et culturels. Notre réflexion commune est mise en œuvre selon trois axes transversaux :
1. Les récits des origines : logiques narratives, traces et matérialités. Les modalités de construction des « origines » se dessinent dans l’élaboration des récits et leurs variations. Une attention particulière est portée au traitement institutionnel comme aux usages personnels et familiaux des sources narratives (archives administratives et judiciaires, documents civils restituant l’histoire des personnes, images et documents médicaux , photographies, objets divers porteurs d’histoire.
2. Les relations créées par l’origine. Trois formes de connexions sont explorées. Les premières relèvent du rapport existant entre une personne et celle(s) qui ont contribué à sa procréation. Les secondes sont issues du fait de partager, en l’absence de tout autre lien, un ou des parents de naissance, un(e) même donneur.se, une même femme gestatrice. Un cercle plus vaste concerne les relations existantes entre les familles des enfants adoptés, nés de dons ou de GPA et celles des personnes ayant contribué à leur procréation.
3. Les périls de l’origine.
Nous analysons les points de tension, les lieux de discorde, les situations d’échec ou de mise en péril des liens et des personnes que révèle également le rapport aux origines. L’objectif sera d’éclairer et de comprendre les difficultés suscitées par la pluralisation des liens entre personnes dans les univers familiaux contemporains.

- De premières communications ont été présentées au Colloque « Penser les origines dans les familles contemporaines : comparaison France-Québec et perspectives internationales », 87e Congrès de l'Association Francophone pour le savoir (ACFAS), Gatineau, Québec, Canada, 28-29 mai 2019.
- Quatre journées d'études ont été organisées à l'EHESS Marseille (janvier 2019 : «L'expérience des enfants déplacés. Traces administratives, constructions familiales et contes de soi«, mai 2019 : «L'assistance médicale à la procréation : questions d'identité, de parenté et de santé«) et à l'Université Toulouse Jean Jaurès (novembre 2019 : «Homoparentalité : questions de parenté« et «Corps donné, corps transplanté, corps augmenté«, co-organisées avec AS Giraud).
- De premières publications sont disponibles (voir les productions scientifiques et le site du programme).

Un numéro de la revue Enfances Familles Générations – « Penser les origines dans les familles contemporaines « – codirigé par Agnès Martial et Isabel Côté ( et Kevin Lavoie) est actuellement en préparation.
La période 2020-2021 sera consacrée à la réalisation de la fin des enquêtes, et l’organisation d’un workshop, d’un colloque et d’une journée d’étude. La recherche donnera lieu à différentes publications dans des revues scientifiques ainsi qu’à l’édition d’un ouvrage final. Un colloque final sera organisé à l’issue du programme.
En lien avec La Fabrique des écritures du Centre Norbert Elias, et en étroite collaboration avec l’équipe de recherche, plusieurs films d’animation seront réalisés à partir de nos enquêtes et résultats par Ann Gourmelen, auteur et réalisatrice (https://anngourmelen.jimdo.com/), sur les déclinaisons de l’origine dans les nouvelles formes de vie familiales, à l’attention des enfants et adolescents vivant dans des familles adoptives ou nées de l’AMP

Martial A., “Multi-parenthood and contemporary family forms in French studies”, Antropologia, vol.6, n°2 N.S., 2019, p.13-26.

Sarcinelli A. ( with C.S. Guerzoni), « What is kinning all about? », Antropologia, 6(2), 2019, Numéro thématique: Kinning and De-Kinning: Rethinking Kinship Relatedness from its Edges, pp. 7-12.

Sarcinelli A., ( with C. Simon), « “With your head held high”: Italian and Belgian lesbian-parented families’ claims and strategies to obtain kinning rights », , Antropologia, 6, 2, 2019, pp. 63-82.
Martin A., « ‘Who do I look like?’: Kinning and resemblance in the experience of French donor conceived adults », Antropologia, 2019, vol.6, n°2 N.S., pp. 45-62.

Courduriès J., M. Gourarier. Introduction. “Tracer l’histoire des sujets”. Ethnologie française, n° 178, Vol. 2, 2020, pp. 257-268

Martial A., « Les archives des origines. Traces et (dis)continuités narratives dans les dossiers de l’Aide sociale à l’enfance (1995-2015) », Ethnologie française n° 178, Vol. 2, 2020, pp. 285-298

Martin A, « À propos de : Alondra Nelson, The social life of DNA. Race, reparations, and reconciliation after the genome, Boston (Ma), Beacon Press, 2016, 200p. », Ethnologie française, n° 178, Vol. 2, pp. 158-160

Courduriès, F. Tarnovski. 2020. Homoparentalités. La famille en question ? Paris, Éditions François Bourin, coll. « Genre ! ».

Inscrit dans le champ des études du genre et de la parenté contemporaine, ce programme a pour objectif d’analyser les nouvelles formes de vie familiale (issues de l’adoption et de l’Assistance Médicale à la Procréation avec don) à l’aune de la question des « origines », qui suscite de nombreux débats en France mais n’a fait l’objet que de rares recherche empiriques en sciences sociales, concernant notamment le point de vue des personnes adoptées, nées de don de gamètes ou du recours à la Gestation pour autrui. Deux hypothèses seront explorées : 1. le rapport aux origines ne crée pas de parents au sens légal mais participe parfois de la construction identitaire des personnes. 2. La question des origines révèle une évolution profonde liée à la dissociation croissante de la procréation et de la parenté, produisant des relations et des figures nouvelles : du fait de l’essor des technologies de la reproduction, des personnes procréent mais ne deviennent pas des parents, demeurant « aux marges » de la parenté. Pour explorer ces marges, les travaux des 11 chercheur.e.s composant l’équipe s’inscriront dans une démarche empirique, pluridisciplinaire (histoire, anthropologie, sociologie et droit) et comparative (France, Belgique, Italie, Royaume Uni, Québec, Etats-Unis, Brésil), analysant les figures et les relations associées à la notion d’origine dans le temps long de l’histoire et dans le champ des parentés « euro-américaines ». Ce programme permettra d'analyser les nouvelles formes de vie familiale en comparant différents espaces culturels, politiques et juridiques. Le travail collectif sera organisé à partir d’une plateforme collaborative en ligne et grâce à quatre workshops jalonnant le déroulement du projet, autour de trois grands axes transversaux : 1. Les récits des origines : logiques narratives, traces et matérialités, 2. Les relations créées par l’origine, 3. Les périls de l’origine. Ce programme permettra de comprendre les configurations relationnelles nouvelles et d’analyser leur devenir dans le champ de l’adoption et de l’AMP à l'aune de la notion d'origines, tout en renouvelant l’étude des parentés « euro-américaines ». Il produira des résultats empiriques inédits concernant la manière dont les personnes confrontées à la question des origines construisent leurs univers relationnels dans les formes actuelles de vie familiale. D’un point de vue social et politique, ces données viendront informer les décisions relatives à l’encadrement juridique des techniques scientifiques et médicales liées à la procréation, alimenter les débats sur l’adoption, les conditions d’accès à l’AMP ou la légalisation de la GPA. Nos recherches seront présentées et discutées dans nos enseignements et séminaires, dans différents congrès internationaux et lors du colloque final. Elles donneront lieu à différentes publications dans des revues scientifiques de rang A, en français et en anglais. Nous pourrons intervenir en tant qu’experts auprès des instances politiques ainsi que dans les associations, familles et personnes concernées par l’origine dans les nouvelles formes de vie familiale, grâce à la restitution de nos enquêtes. En lien avec La Fabrique des écritures innovantes en sciences sociales du CNE, un film d’animation sera réalisé à partir de nos enquêtes et résultats à l’attention des enfants et des adolescents vivant dans des familles adoptives ou nées de l’AMP.

Coordination du projet

Agnès MARTIAL (Centre Norbert Elias)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CNRS / LISST Centre National de la Recherche Scientifique / Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités Sociétés Territoires
Université d’Ottawa / Laboratoire de Recherche Interdisciplinaire sur les Droits de l'enfant
CNELIAS Centre Norbert Elias

Aide de l'ANR 287 614 euros
Début et durée du projet scientifique : octobre 2018 - 36 Mois

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