Colposcopie polarimétrique de Mueller numérique pour la détection à haute performance de l'accouchement prématuré – DigitMC-PB
La prématurité représente la première cause de mortalité et de morbidité périnatales dans le monde. Le taux estimé de prématurité est d'environ 6% en France et en Europe et il est deux fois plus élevé aux États-Unis. Ce taux est resté stable au cours des deux dernières décennies, malgré l'amélioration du diagnostic en utilisant l'échographie transvaginale et l'émergence de traitements tocolytiques innovants. La menace d'accouchement prématurée est la complication la plus importante pendant la grossesse. Elle survient entre 23 et 36 semaines d'aménorrhée et se manifeste par des contractions utérines associées à des modifications du col avec ou sans saignement et/ou rupture prématurée des membranes. Cependant, chez les femmes diagnostiquées avec TPB, l'accouchement prématuré réel se produit dans 15% à 50% des cas.
La technique la plus largement utilisée pour diagnostiquer et évaluer la gravité du risque d'accouchement prématuré est l'échographie transvaginale du col de l'utérus. Cette technique, qui consiste à mesurer la longueur cervicale, est recommandée depuis 2002 par le Collège national des gynécologues et obstétriciens de France. Cependant, en raison de la corrélation imparfaite entre cette mesure et le temps restant avant la naissance, le choix d'un seuil pour la longueur cervicale utilisée pour détecter un accouchement prématuré est fortement dépendant du praticien. En conséquence, un pourcentage important de femmes suspectées d'être à risque d'accouchement prématuré, subit une hospitalisation inutile, coûteuse et pouvant présenter des complications spécifiques, telles que des risques thromboemboliques dus au confinement au lit, ainsi que des effets secondaires des traitements tocolytiques.
La structure microscopique du col de l'utérus détermine ses propriétés mécaniques à l'échelle macroscopique pendant la gestation: 1) avant le terme, il doit rester fermé et résister à la contrainte mécanique croissante due au fœtus en croissance; 2) à terme, il doit devenir mou pour se déformer et se dilater pour permettre l'accouchement (maturation cervicale). Le col de l'utérus est principalement composé de fibres de collagène. Plusieurs études ont démontré que la maturation cervicale est principalement due à un processus de remodelage du collagène. Elle se caractérise par une désorganisation du collagène et une diminution considérable de sa concentration (environ 60% de moins par rapport aux femmes non enceintes). Un remodelage prématuré du collagène est supposé être la principale cause de l'accouchement prématuré.
Un outil innovant est nécessaire pour surveiller le remodelage du collagène cervical in vivo chez la femme enceinte afin de fournir une méthode objective pour détecter les risques réels de prématurité et prédire avec précision le temps restant avant l'accouchement.
Le point clé de l'étude proposée réside dans le fait que l'imagerie polarimétrique de Mueller peut être bien adaptée pour aborder le problème mentionné précédemment. C'est une technique d'imagerie optique basée sur l'analyse des modifications induites par un échantillon sur la polarisation de la lumière utilisée pour l'explorer. Dans nos études précédentes, nous avons largement démontré le potentiel de l'imagerie polarimétrique de Mueller pour détecter les modifications du collagène cervical dues à la présence d'une lésion prémaligne. Enfin, nos résultats très récents ont montré que cette technique est également prometteuse pour détecter et quantifier le remodelage cervical du collagène pendant la grossesse.
L'objectif principal de cette étude est de déterminer les meilleurs "biomarqueurs polarimétriques" permettant de définir le "PS" optimal reflétant l'état du collagène cervical tout au long de son processus de remodelage dû à la grossesse afin d'améliorer la détection du risque d'accoucehment prémturé et prédire avec précision le temps restant avant l'accouchement.
Coordination du projet
Angelo PIERANGELO (Laboratoire de physique des interfaces et des couches minces)
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
Partenaire
ICube - UNISTRA Laboratoire des sciences de l'Ingénieur, de l'Informatique et de l'Imagerie (UMR 7357)
CHU Brugmann, réseau IRIS Bruxelles / Département de gynécologie obstétrique CHU Brugmann
AP-HP Hôpital Bicêtre Service de gynécologie obstétrique CHU Bicêtre
CNRS - LPICM Laboratoire de physique des interfaces et des couches minces
Aide de l'ANR 486 921 euros
Début et durée du projet scientifique :
- 36 Mois